PaléoJuliette Armanet: «Tout le monde devrait beaucoup plus parler d’amour»
S’il y a une seule artiste à ne pas rater au Paléo, c’est elle, brillante dans le disco, magique dans ses mots. Interview avant son concert, vendredi à 20 h à la scène Véga.
- par
- Laurent Flückiger
Juliette Armanet ne chante que l’amour. Au piano, sur des rythmes pop et disco. Notamment pour ses fans. Qui le lui rendent bien. Dans le public, on chante, on danse, on rit, on s’éclate, on vit. En paillettes ou en liquette. Comme lors de ce concert qu’elle a donné en avril aux Docks, à Lausanne,
Alors que son immense talent a été remarqué grâce à son premier album, «Petite Amie», en 2017, l’artiste de 38 ans a véritablement éclaté avec «Le dernier jour du disco» sorti à la fin de l’été dernier, annonciateur d’un disque ardent. Vendredi soir, au milieu des SCH, PNL et DJ Snake des scènes rap et electro, c’est elle qui va briller. Rendez-vous à 20 h à la nouvelle scène Véga.
Ces derniers mois, tout le monde ou presque a entendu «Le dernier jour du disco», votre musique a alors pris une autre dimension. Comment le vivez-vous?
C’est sûr que mon deuxième album m’a ouvert de nouvelles portes et c’est très réjouissant de rencontrer un nouveau public. Il y a beaucoup de gens qui découvrent maintenant mon premier album. «Le dernier jour du disco» est devenu un moment fort des concerts, c’est plutôt cool.
Il y a une grande intensité physique dans votre deuxième album.
Ouais! Je pense que quand j’ai fait ce disque j’étais chargée de toute l’énergie que j’avais eue en tournée. En plus, c’était dans le contexte du Covid et j’avais besoin de vivre. Alors, ça a donné un album plus physique, plus charnel, plus sensuel. C’est la métamorphose d’une femme, on change, on évolue.
Vous pourriez nous décrire cette métamorphose?
C’est le cycle de la vie. Avoir un premier album qui a eu de l’écho m’a épanouie, m’a donné confiance en moi. Avoir eu un enfant m’a donné grave confiance en moi aussi. Mon corps s’est un peu relâché, sans doute. Et je suis plutôt contente de me dire que plus je vieillis, mieux je me sens dans ma peau. Je ne sais pas comment ça va finir à 90 ans. (Rires.) Mais c’est chouette de se dire qu’avec le temps on s’accepte, on se sent de mieux en mieux dans ses baskets.
Il y a du disco sur votre deuxième album. Qu’est-ce qui vous plaît dans ce style?
Le disco m’habite depuis le premier disque. Il y avait déjà des titres avec cette science-là, sur les morceaux «L’Indien», «Un samedi soir dans l’histoire» et «À la folie». Très instinctivement, j’ai repris ces pas-là pour le deuxième. Le disco, c’est une vraie science de l’arrangement, ça convoque à la fois les cordes, les cuivres. C’est la science du groove. Celle de la basse aussi, qui est instrument que j’adore.
Et sur scène, ça permet de mettre des paillettes.
Oui! (Rires.) Je suis complètement d’accord: le disco, c’est aussi inspirant visuellement. Dans les tenues, les lumières, le glam que ça implique. Ça me plaît.
Comment avez-vous appris le piano?
Avec mes parents qui sont pianistes tous les deux. Chez moi, ça jouait du matin au soir. Je pense qu’on m’a mise au piano quand j’avais 10 secondes. (Rires.) Par contre, je ne sais pas lire la musique. Je fais tout à l’oreille, c’est instinctif et c’est un peu un handicap. Je joue du piano parce que tout le monde en faisait autour de moi: mes parents, mes grands-parents, mes frères. Et de tout: du jazz, de la musique classique, des compos. Mon père est compositeur, donc j’entendais toutes ses grilles, tous ses accords. Il jouait jusqu’à 3 h du matin. Je m’endormais au son du piano tous les soirs.
Vous avez été un temps journaliste. Racontez-nous.
J’ai fait du documentaire durant sept ans, des sujets de société pour Arte. C’était une autre vie. Mais j’ai toujours fait de la musique, j’emportais mon piano dans le coffre de ma voiture sur tous les tournages.
Dans vos chansons, vous parlez toujours d’amour. Pourquoi?
Ouais, je ne parle que d’amour. Ben, je n’ai pas envie de parler d’autre chose. Franchement, je pense que tout le monde devrait beaucoup plus parler d’amour. Tous nos hommes politiques, là, ça ne leur ferait pas de mal. (Rires.)
Votre chanson «Tu me Play» est une déclaration d’amour à votre public. Que vous apporte-t-il?
«Tu me Play», c’était une façon d’avoir ce jeu de mots: tu me plais, c’est toi qui me joues, qui me fait jouer. J’aime bien cette expression: jouer la musique, il y a une part de ludique qui est importante. Quand j’ai composé ce titre je sortais de tournée, j’étais remplie de toutes ces émotions de live qui étaient dingues. C’était une manière de parler au public très directement, en s’adressant à un public comme à un amant, à un amour.
Durant vos concerts, vous captez les regards venant de votre public?
Ah oui! Je regarde tout le monde dans les yeux, je danse avec les gens, je descends dans la foule… J’adore. Comme le fait d’aller à leur rencontre après tous mes concerts. Je prends le temps de savoir ce qu’ils en ont pensé. Souvent, ils ont des petites anecdotes sur telle ou telle chanson. Ça me plaît, ça me touche. Je préfère être là que sur Instagram! (Rires.)