Votations du 15 maiLe cri d’amour d’Ueli Maurer pour Schengen
Dans le cadre de la votation sur l’augmentation de la participation de la Suisse au système Frontex, le ministre des Finances a renié avec le sourire ses positions contre Schengen à l’UDC.
- par
- Eric Felley
Il aura fallu attendre un référendum contre la participation de la Suisse à Frontex pour entendre Ueli Maurer faire l’apologie aujourd’hui de la situation sécuritaire de la Suisse grâce à l’espace Schengen: «Si l’on pèse les avantages et les désavantages, la balance penche clairement en faveur des avantages pour la Suisse aujourd’hui», a-t-il déclaré mercredi lors d’une conférence de presse à Berne. Pour le représentant d’un parti qui a toujours combattu cet accord, son enthousiasme en a surpris plus d’un.
Le ministre des Finances et sa collègue Karin Keller-Sutter, cheffe du Département de Justice et police, ont lancé la campagne en faveur de l’augmentation de la participation de la Suisse à Frontex, le système de surveillance des frontières extérieures de l’espace Schengen, constitué de 32 pays, les États membres de l’UE et ceux associés comme la Suisse.
De 24 à 61 millions par an
La Suisse fait partie de l’espace Schengen depuis 2008 et, dans ce contexte, participe à Frontex depuis 2011. Depuis 2019, l’UE a décidé de renforcer ce système et la Suisse est appelée à augmenter sa part. Concrètement, elle va fournir davantage de personnel à Frontex, qui va passer de 6 postes à plein temps à 40 postes en 2027. Financièrement, sa contribution va passer dans le même temps de 24 millions à 61 millions de francs.
Mais ce ne sont pas les questions d’argent qui ont motivé le lancement par la gauche d’un référendum. Frontex est accusé d’être un instrument qui joue essentiellement contre les migrants et ses pratiques seraient en délicatesse avec le respect des droits de l’homme. En continuant dans cette voie, la Suisse engagerait sa responsabilité.
Protection des droits fondamentaux
Karine Keller-Sutter et Ueli Maurer ont d’abord parlé de Frontex comme d’un instrument qui contribue à la maîtrise des mouvements migratoires, qui améliore les contrôles aux frontières, qui permet l’identification des personnes, l’obtention de documents ou la coordination de vols collectifs de retour. D’une manière générale Frontex est important pour la sécurité de la Suisse. Et, pour répondre aux référendaires, la protection des droits fondamentaux sera renforcée: «Quarante observateurs des droits fondamentaux seront désormais à la disposition de l’officier aux droits fondamentaux pour superviser les activités sur le terrain, afin de pouvoir prendre des mesures immédiates en cas d’éventuelles violations».
Menaces sur Schengen et Dublin
L’argument principal de Karin Keller-Sutter est que, en cas de refus, les Accords de Schengen et de Dublin sont menacés: «La coopération de la Suisse avec les États Schengen et Dublin prendra fin automatiquement, à moins que la Commission européenne et tous les États de l’UE ne décident à l’unanimité, dans un délai de 90 jours, de poursuivre la coopération avec la Suisse». La conseillère fédérale ne veut pas prendre ce risque. Pour elle, ces deux accords sont aujourd’hui centraux dans la politique migratoire de la Suisse, le travail de sa police, mais aussi de la libre circulation des personnes qui profite à la population suisse.
Sur ce point, Ueli Maurer a bien insisté sur le fait que la Suisse ne pouvait plus revenir en arrière avec des frontières extérieures de l’espace Schengen et procéder à des contrôles aux frontières: «Les personnes et les infrastructures ne sont plus là». D’où son cri d’amour à l’espace Schengen, qu’il avait pourtant combattu lorsqu’il était à l’UDC. Il doit admettre qu’aujourd’hui, la Suisse ne pourrait plus redevenir une «île».