Sri LankaTrois candidats en lice pour la présidentielle
Le Parlement a désigné les trois hommes qui se disputeront la reprise du mandat du président déchu Rajapaksa.
Trois candidats ont été désignés par le parlement du Sri Lanka mardi pour succéder au président déchu Gotabaya Rajapaksa: le président par intérim Ranil Wickremesinghe, l’ancien ministre de l’Éducation Dullas Alahapperuma, soutenu par le principal parti d’opposition, et le dirigeant de la gauche Anura Dissanayake. Après des mois de manifestations sous fond d’une grave crise économique, Gotabaya Rajapaksa avait fui aux Maldives avant de trouver refuge à Singapour la semaine dernière, d’où il a présenté sa démission.
Candidat «naturel»
La majorité du SLPP, parti du clan Rajapaksa, le plus grand du parlement, devrait se ranger au côté de M. Wickremesinghe, a indiqué le député tamoul Dharmalingam Sithadthan. Mardi après-midi dans la capitale, des milliers d’étudiants ont manifesté leur opposition au cacique de 73 ans, qui a été six fois Premier ministre. Ils le considèrent comme un allié et un protecteur du clan Rajapaksa, qui domine la politique du pays depuis de nombreuses années. Il n’y a toutefois pas eu d’affrontements avec les forces de sécurité.
Selon l’analyste politique Kusal Perera, M. Wickremesinghe «a regagné l’approbation des classes moyennes urbaines en rétablissant certains approvisionnements, du gaz notamment, et il a déjà fait le ménage dans les bâtiments du gouvernement, montrant ainsi sa fermeté». La semaine dernière, il a ordonné aux troupes l’expulsion des manifestants qui occupaient des bâtiments publics. L’ancien président Mahinda Rajapaksa, frère aîné de Gotabaya et chef du clan, est toujours au Sri Lanka. Selon des sources du parti, il fait pression sur les députés du SLPP pour qu’ils soutiennent M. Wickremesinghe.
Si M. Wickremesinghe était confirmé dans ses fonctions, il pourrait nommer au poste de Premier ministre le ministre de l’Administration publique Dinesh Gunawardena, un de ses amis d’école et un fidèle de M. Rajapaksa. Lundi, M. Wickremesinghe a prolongé l’état d’urgence en donnant des pouvoirs étendus à la police et aux forces de sécurité pour le maintien de l’ordre. Selon les observateurs, il n’hésitera pas à sévir en cas de victoire si les manifestants devaient la contester et descendre à nouveau dans la rue.
Candidat du rassemblement
Son principal adversaire, M. Alahapperuma, ancien journaliste de 63 ans, et dissident du SLPP divisé, se présente lui comme le candidat du rassemblement. Il a promis il y a quelques jours de former ce qu’il appelle «un véritable gouvernement consensuel pour la première fois de notre histoire». Il a obtenu le soutien du chef du parti d’opposition SJB, Sajith Premadasa, qui a annoncé mardi le retrait de sa propre candidature en sa faveur. Un député du SJB a affirmé que les deux hommes avaient conclu un accord dans la nuit pour que M. Premadasa devienne le prochain Premier ministre si M. Alahapperuma était élu à la présidence.
Quant à Anura Dissanayake, le troisième candidat âgée de 53 ans, il est le chef du JVP (Front de libération du peuple), un parti de gauche qui dispose de trois sièges seulement au Parlement.