FootballL’élimination bâloise est triste, mais elle est logique
Le plan de jeu rhénan a beau avoir payé à l’aller contre la Fiorentina, il a peut-être aussi été à l’origine de l’élimination du FCB en demi-finale de la Conference League.


Les Bâlois au sol, mais il leur a manqué beaucoup pour faire la différence jeudi. La finale de la Conference League se disputera sans eux.
FreshfocusAu final, on aura tout de même rêvé un peu. Qu’ont pensé les supporters bâlois quand ils vont vu Zeki Amdouni aller au bout de son exploit pour tromper Paolo Terracciano? Il y avait 1-1, et en tenant 35 minutes de la sorte, le FC Bâle serait ce vendredi matin en finale de la Conference League.
Sauf que tout cela implique aussi des éléments tactiques, techniques et physiques que le mental ne suffit pas toujours à surpasser. Et il y a une forme de logique à ce que ce soit la Fiorentina qui se présente à Prague le 7 juin prochain. La Suisse n’a pas disputé de finale de Coupe d’Europe en près de 70 ans d’histoire, elle saura encore patienter.
Les trois enseignements
C’est forcément plus terrible ainsi. L’histoire s’est refusée au FC Bâle jeudi, sans que ce ne soit fondamentalement un échec. Il y a là plus la tristesse d’avoir échoué si proche d’une finale européenne que le sentiment d’inaboutissement, et ce malgré cette élimination de la 129e minute. Parce que le FCB est sans doute allé plus loin que ce qu’il pouvait rationnellement espérer.
Il importe de prendre en considération les dynamiques de match, à l’aller comme au retour. En se voulant attentiste, Bâle n’a pas obtenu un meilleur résultat que s’il avait opté pour un autre plan de jeu. En était-il capable? Peut-être pas. Mais Heiko Vogel avait tellement convaincu son équipe que telle était leur recette pour la Coupe d’Europe qu’ils n’en ont jamais considérée d’autres.
Il n’empêche, au-delà de ça, Bâle a rempli sa mission première: encore une fois jeudi, l’Europe entière a pu s’apercevoir qu’il y avait de sacrés talents dans cette équipe, et puisque c’est le projet de David Degen, il va pouvoir réaliser d’importantes ventes cet été. Zeki Amdouni, Andy Diouf et Dan Ndoye apparaissent comme les premiers noms sur la liste.
Le meilleur Bâlois: Marwin Hitz

D’une certaine façon, c’est une distinction qui raconte le match. Si Bâle a continué aussi longtemps de croire qu’il finirait par réaliser un nouvel exploit, c’est parce que Marwin Hitz l’a gardé dans le match en réalisant de nombreuses parades décisives. Aussi, le FCB pouvait espérer que sa présence dans les buts lui donnerait un soupçon de confiance supplémentaire en cas de séance de tirs au but.
L’engagement de l’expérimenté (35 ans) portier en début de saison a offert une garantie à Bâle tout au long de celle-ci: le FCB pouvait défendre n’importe comment, il avait cette caution-là dans les buts. Et en Conference League, Hitz aura également contribué à l’espoir. Même si on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y avait mieux à faire sur la première parade précédant le troisième but jeudi…
Le talent: Zeki Amdouni

Que dire sur l’année 2023 du Genevois? Il faut sans doute mentionner des chiffres: 16 buts, dont 7 en Conference League. Deux contre Nice, deux contre la Fiorentina. Surtout, jeudi, il s’est inventé son but tout seul, en éliminant superbement Igor Julio.
Au-delà de ça, il y a l’expression toujours plus importante d’un talent. Un buteur capable de s’exprimer dans de plus en plus de contextes. Celui qui était encore à Stade Lausanne Ouchy il y a deux ans et au Lausanne-Sport il y a 12 mois a-t-il des limites? Peut-être, mais elles ne s’exprimeront en tout cas pas au FC Bâle. Son avenir est sans aucun doute ailleurs. Et le FCB va en profiter.
Le moins bon Bâlois: Jean-Kevin Augustin

Même constat qu’une semaine plus tôt: Jean-Kevin Augustin devait-il être titulaire à chacune des deux rencontres de cette confrontation contre la Fiorentina? Dans ces rencontres que le FC Bâle a disputées essentiellement dans ses 30 mètres, à laisser venir la Viola, en sortant si souvent avec des longs ballons aériens, le Français n’a jamais pu s’exprimer. Ce n’était pas un contexte pour lui.
Jeudi, on peut lui reprocher un certain nombre de ballons perdus, et surtout beaucoup de difficulté à exister dans les duels et à être trouvé dans des situations favorables. À Nice, il avait inscrit le but de l’égalisation, parce qu’il était entré dans une configuration qui lui correspondait, avec un Bâle qui devait attaquer et forcer son destin.
La décla’
«Nous avons disputé une superbe campagne internationale»
Le fait tactique: les corners défensifs bâlois
On pourra toujours discuter de l’approche la plus efficace pour défendre des corners défensifs. Il y a les partisans de la zone d’un côté, et ceux qui aiment avoir une grande majorité de joueurs au marquage de l’autre. Mais au-delà de tout, il y a des comportements à adopter pour que le choix tactique soit bien exécuté.
Bâle s’organise en zone. Quand le corner est rentrant, Zeki Amdouni se place dans les 5 mètres, à hauteur du premier poteau, pour empêcher toute tentative directe. Puis une ligne de quatre se déploie sur la ligne des 5 mètres. Enfin, trois autres joueurs (plus un autre à hauteur du point de penalty) ont pour vocation de freiner les adversaires qui pourraient arriver lancés. Qui a donc failli sur le corner du 0-1, qui a eu le mérite de mettre la Fiorentina sur le bon chemin?
Réponse toute trouvée: Riccardo Calafiori. Le problème, ce n’est pas l’approche. Mais son application. Aligné en troisième position sur la ligne des 5 mètres, l’Italien a vu Milenkovic filer devant lui. Au lieu de garder son poste pour jouer le ballon dans sa zone prédéfinie, le latéral gauche a suivi son vis-à-vis, comme dans une approche individuelle très classique. Résultat: cela a offert un espace béant à Nicolas Gonzalez pour s’élever au milieu de la défense bâloise, pendant que Pelmard s’occupait de freiner Cabral.
Une erreur bête, qui a rendu fragile Bâle durant toute la rencontre sur ces phases-là. Avec comme réaction un marquage plus individuel de la ligne de trois pour éviter de s’y faire reprendre. Reste que c’est à la suite de l’une d’entre elles, pourtant bien renvoyée dans un premier temps, que Gonzalez a pu inscrire le 1-2.
La statistique
1, comme le nombre de centres réussis par Bâle jeudi. Sur 13 tentés. Cela a été particulièrement criant en première période, lorsque Dan Ndoye a souvent enflammé le côté droit sans parvenir à trouver la passe juste vers la surface. À l’opposé, la Fiorentina en a réussi 18 sur les 56 qu’il a tentés. La Viola aura constamment mis sous pression le FCB.
Une question pour penser l’avenir

Le FC Bâle trouvera-t-il les ressources mentales nécessaires en championnat pour accrocher cette capitale qualification européenne?