Élections: les Thaïlandais aux urnes

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Asie du Sud-EstLes Thaïlandais aux urnes, l’opposition espère déloger l’armée du pouvoir

Journée de vote, ce dimanche, en Thaïlande, où se tiennent les premières élections législatives depuis 2019. Le gouvernement conservateur est donné perdant dans les sondages.

Sous la bannière de Pheu Thai, le principal parti d’opposition, Paetongtarn Shinawatra, fille de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, est donnée favorite du vote.

Sous la bannière de Pheu Thai, le principal parti d’opposition, Paetongtarn Shinawatra, fille de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, est donnée favorite du vote.

AFP

Les Thaïlandais ont voté dimanche à l’occasion des premières élections législatives depuis les manifestations pro démocratie de 2020, sur fond de rejet du gouvernement conservateur pro armée, donné perdant dans les sondages face à l’opposition progressiste. Les bureaux de vote ont fermé leurs portes à 17 h (13 h en Suisse), a constaté une journaliste de l’AFP. Des résultats préliminaires sont attendus dans la soirée, mais les définitifs prendront plusieurs semaines.

La campagne a mis à nu les fractures du royaume entre les jeunes générations désireuses d’un changement et l’élite traditionnelle attachée à la monarchie. Le principal parti d’opposition, Pheu Thai, mené par la fille de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, espère tourner la page d’une quasi-décennie de domination par l’armée et ses alliés, incarnée par le Premier ministre sortant Prayut Chan-O-Cha (69 ans).

Favorite du scrutin, Paetongtarn Shinawatra n’a montré aucun signe d’inquiétude au moment de déposer son bulletin: «Aujourd’hui sera une bonne journée. Je ressens une énergie très positive», a déclaré la jeune femme de 36 ans aux journalistes en allant voter à Bangkok en famille, avec sa sœur et sa mère. La candidate espère capitaliser sur la popularité de son clan pour réaliser un «raz-de-marée électoral», son credo de campagne, rendu indispensable pour accéder au pouvoir dans un système concocté par les militaires.

«Jaunes» contre «Rouges»

Son père, Thaksin Shinawatra, Premier ministre de 2001 à 2006, vit en exil pour échapper à une condamnation pour corruption. La figure charismatique de Thaksin, milliardaire érigé en idole par les milieux ruraux du Nord et du Nord-Est qui ont profité de ses politiques sociales pionnières, polarise la vie politique thaïlandaise depuis plus de 20 ans, entre ses soutiens («les Rouges») et ses adversaires conservateurs alignés sur l’armée («les Jaunes»).

Le parti Pheu Thai a besoin de 376 sièges sur les 500 de l’Assemblée nationale pour contrebalancer l’influence des 250 sénateurs nommés par l’armée. Alors qu’il suffit au camp pro-armée de 126 députés pour s’assurer une majorité au vote du Premier ministre, choisi par les deux chambres.

Ce mécanisme, jugé partial par les organisations de défense des droits humains, a permis en 2019 à Prayut Chan-O-Cha de rester au pouvoir, légitimant son putsch de 2014. Aujourd’hui contesté jusque dans son ancienne coalition, l’ex-général Prayut se veut le rempart face aux idées réformistes et vante son expérience, gage de stabilité.

Clash générationnel

Le scrutin de dimanche est le premier d’envergure nationale à se tenir depuis les manifestations massives pro démocratie de 2020, qui ont réclamé une refonte en profondeur de la monarchie, un sujet tabou en Thaïlande où le roi Maha Vajiralongkorn jouit d’un statut de quasi-divinité. Ces contestations ont nourri le dynamisme de Move Forward («Aller de l’avant»), l’autre grande force de l’opposition.

Le parti, autoproclamé porte-voix de la nouvelle génération, défend une réforme du controversé article réprimant la lèse-majesté, détourné pour étouffer toute voix dissidente, selon ses détracteurs. Son leader, le télégénique Pita Limjaroenrat (42 ans), passé par Harvard, s’attend à une participation «historique», a-t-il lancé au moment de voter. «Les plus jeunes générations accordent maintenant de l’importance à leurs droits et elles vont sortir voter», a assuré le candidat.

(AFP)

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