Titeuf se frotte aux véganes, aux réseaux sociaux… et à Thérèse

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Sortie jeudiTiteuf se frotte aux véganes, aux réseaux sociaux… et à Thérèse

Dans ce 18e tome, l’éternel gamin découvre que Ramatou ne mange plus de viande, que Manu a une copine sur TikTok et que Thérèse est collante. Explications avec Zep.

Michel Pralong
par
Michel Pralong

La bande-annonce du nouveau Titeuf.

Zep/Glénat

Titeuf n’a pas changé, même 30 ans après la sortie de son premier album. Dans ce 18e tome, «Suivez la mèche», il se pose toujours autant de questions sur le monde qui l’entoure, monde qui, lui, a changé. Son auteur, Zep, passe notre quotidien au crible de son éternel enfant, avec toujours autant de pertinence, de talent, de poésie. Et évidemment d’humour. Il nous parle de ce nouvel album qui, contrairement à ce que nous avons écrit dans une version précédente sort, non pas avec un jour d’avance sur la France comme c’est habituellement le cas, mais ce jeudi 31 août.

Contrairement au tome précédent, «La grande aventure», cet album est un retour aux gags en une planche. À quel moment décidez-vous de cela?

Titeuf, c’est plus naturellement des gags en une planche. Même quand je fais une histoire complète, comme la colo il y a deux ans, le thème principal sert de fil rouge sur lequel j’aligne les gags. Cette fois, on retrouve donc un Titeuf plus naturel.

Par contre, sans thématique unique, cela doit être plus difficile de trouver une couverture. Comment êtes-vous parvenu à celle-ci, qui a la particularité de pouvoir être mise devant son visage pour avoir le haut de la tête à Titeuf?

La couverture, c’est toujours un casse-tête, encore plus pour un album de gags. Faut-il privilégier l’un des thèmes abordés ou faire quelque chose pas forcément lié au contenu? Comme on fête les 30 ans de Titeuf, je voulais qu’on le voie avec toute sa classe et sa famille, donc j’ai pensé qu’il pourrait faire un selfie avec eux. Qu’il a un peu foiré. Et j’ai aussi repensé aux masques en carton qui avaient été créés à Angoulême et je voyais plein de monde se balader avec la tête à Titeuf. On peut donc à nouveau se faire la tête à Titeuf, mais avec l’album.

On peut se faire la tête à Titeuf avec la couverture du nouvel album. Mais sur Titeuf, cela a moins d’intérêt, comme le constate un Manu dépité.

On peut se faire la tête à Titeuf avec la couverture du nouvel album. Mais sur Titeuf, cela a moins d’intérêt, comme le constate un Manu dépité.

Zep/Glénat

Vous abordez des thématiques actuelles, comme toujours, mais comment faites-vous pour que vos albums ne soient pas datés par la suite?

En relisant les anciens, on peut voir tout de même à quelle époque ils ont été faits: le sida, les SDF, la manif pour tous. Mais les thèmes abordés dépassent les années, J’aime bien voir Titeuf traverser le temps et j’essaie de ne pas faire de gags sur quelque chose qui ne dira peut-être plus rien à personne dans quelques années. Je mentionne une fois TikTok dans l’album, mais je ne fais pas un gag autour. Après, je triche aussi avec la réalité. Dans la cour d’école, mes personnages font plein de jeux, alors qu’aujourd’hui, on voit surtout des gamins penchés sur leur téléphone.

Titeuf découvre que certains renoncent à la viande, comme Ramatou, mais il y voit surtout son propre intérêt.

Titeuf découvre que certains renoncent à la viande, comme Ramatou, mais il y voit surtout son propre intérêt.

Zep/Glénat

Vous pensez à une problématique et vous faites un gag dessus ou c’est le gag qui vient d’abord?

Les deux. Quand c’est le gag d’abord, cela va très vite, je peux le dessiner immédiatement. Quand je veux parler d’un thème précis, cela peut être plus compliqué de trouver le gag, je peux faire des dizaines de planches et parfois ne pas aboutir, alors je laisse tomber. il ne faut pas forcer. Je fais pleinement confiance à l’arbitrage de Titeuf lui-même. Si c’est naturel dans sa bouche, ça marche. Il ne faut pas que l’on sente que c’est un type de 55 ans qui parle à travers lui. Titeuf est et reste le guide de ses propres aventures.

Il n’y a pas de nouveaux élèves, mais des nouveaux profs, pourquoi?

Là aussi, cela vient assez naturellement, avec des personnages qui apparaissent selon les besoins. Parfois, un nouvel élève ne fait qu’un gag, un autre réapparaîtra sans que cela ait été prévu à la base. Pour les profs, Titeuf est en primaire, avec surtout la maîtresse de classe, mais je peux faire venir des intervenants, comme ici pour l’écologie. Et j’avais aussi besoin d’un prof de maths avec une vraie tête de prof de math, alors le voilà.

Une intervenante dans la classe pour aborder le dérèglement climatique. Elle va suer!

Une intervenante dans la classe pour aborder le dérèglement climatique. Elle va suer!

Zep/Glénat

Dans le cœur de Titeuf, Ramatou a un peu pris la place de Nadia, mais c’est surtout Thérèse qui prend de plus en plus d’importance. Vous l’aimez bien, elle, non?

J’adore Thérèse. Après 18 albums, Titeuf ne peut plus être aussi déconnecté de la réalité qu’à ses débuts. Il a quand même appris quelques trucs depuis. Alors c’est Thérèse qui joue ce rôle. Elle est très candide, avec une fausse stupidité. Au moins, elle échappe à la dictature des réseaux sociaux, elle vit dans son monde, c’est la seule qui tourne le dos à l’objectif sur la couverture.

L’inénarrable Thérèse.

L’inénarrable Thérèse.

Zep/Glénat

Il y a un seul gag sur deux pages, celui qui parle d’un prédateur sexuel qui tente d’attirer Manu via les réseaux sociaux, il fallait prendre le temps d’expliquer?

Manu et Titeuf vont affronter les dangers des réseaux sociaux.

Manu et Titeuf vont affronter les dangers des réseaux sociaux.

Zep/Glénat

Oui, un tel sujet ne peut pas être un gag comme un autre, on ne doit pas faire comme si on le prenait à la légère. Il faut contextualiser la problématique. Aujourd’hui, ce genre de danger fait partie du quotidien des enfants. À mon époque, les prédateurs, ils étaient sur le chemin de l’école, plus facile à repérer qu’à travers de fausses identités sur les réseaux. Nous, on savait qu’il ne fallait pas accepter les bonbons des inconnus, c’était plus simple. Dans une autre planche, les nouveaux monstres, je montre que Titeuf est devenu conscient que ce qui fait le plus peur n’est pas dans un placard, mais dans le monde qui nous entoure. C’est une histoire d’un Titeuf qui grandit un peu.

L’une des planches les plus émouvantes de l’album.

L’une des planches les plus émouvantes de l’album.

Zep/Glénat

Le public grandit aussi avec Titeuf, comment se déroulent aujourd’hui vos rencontres avec vos lecteurs?

Quand je fais un album qui n’est pas du Titeuf, c’est moi qui dois parler du livre aux lecteurs. Avec Titeuf, c’est l’inverse. J’adore maintenant des gens qui me racontent ce qu’a représenté Titeuf dans leur vie. L’autre jour, un monsieur est venu avec un album que je lui avais dédicacé quand il avait 8 ans. D’autres me racontent que leurs parents leur interdisaient de lire Titeuf et qu’ils le faisaient en cachette ou chez des copains. J’étais la semaine dernière au festival du film francophone d’Angoulême et l’actrice du film «Rosalie», Nadia Tereszkiewicz, est venue vers moi pour me dire que, vu son prénom, elle reçoit chaque année à son anniversaire des albums de «Nadia se marie», elle en a plein!

Finissons par vous: comme d’habitude, vous apparaissez plusieurs fois dans le décor de vos pages. Mais pourquoi encore une fois avec des rouleaux de PQ?

Parce que c’est ma phobie d’aller acheter et de me promener dans la rue avec du PQ!

«Titeuf: suivez la mèche», tome 18, par Zep, éd. Glénat, sortie le 31 août.

«Titeuf: suivez la mèche», tome 18, par Zep, éd. Glénat, sortie le 31 août.

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