Crise au NigerLes évacuations françaises devraient s’achever en milieu de journée
La France devrait clore le rapatriement de ses ressortissants basé au Niger à la mi-journée. Une opération commencée mardi dans la soirée après le putsch militaire du 26 juillet dernier.
Les autorités françaises souhaitent clore mercredi à la mi-journée les opérations d’évacuation par avion de civils du Niger, entamées mardi soir après le putsch de la semaine dernière.
Quatre avions ont pour l’instant été prévus pour évacuer des civils, en grande majorité français. C’est la première évacuation massive organisée par Paris au Sahel où les coups d’État se sont multipliés depuis 2020.
Un premier avion a décollé de Niamey mardi soir et a atterri, peu après 23h30 GMT, à l’aéroport de Paris-Roissy Charles de Gaulle.
Paris justifie l’évacuation par les «violences qui ont eu lieu» contre son ambassade dimanche lors d’une manifestation hostile à la France, et par «la fermeture de l’espace aérien qui laisse nos compatriotes sans possibilité de quitter le pays par leurs propres moyens».
Niamey, par la voix d’un putschiste, a toutefois annoncé dans la nuit de mardi à mercredi la réouverture «des frontières terrestres et aériennes» du Niger avec cinq pays voisins (Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali et Tchad).
«Il y a 262 personnes à bord de l’avion qui est un Airbus A330, dont une douzaine de bébés», a indiqué à l’AFP mardi soir la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, expliquant que la «quasi-totalité des passagers sont des compatriotes».
Outre une grande majorité de Français ont également atterri des Nigériens, des Portugais, des Belges, des Éthiopiens et des Libanais, a précisé le Quai d’Orsay à la presse présente à Roissy.
L’évacuation a été «bien organisée, ça a été assez vite, pour ma part tout s’est très bien passé», a témoigné Bernard, qui travaille depuis deux mois au Niger pour l’Union européenne. «À Niamey, il n’y a pas de tensions particulières en ville, pas de stress particulier, la population vaque à ses occupations», a décrit cet homme qui n’a pas donné son nom, parti avec le strict minimum.
«Ça fait du bien», a déclaré, soulagée, Raïssa Kelembho, rentrée du Niger avec ses deux garçons. «À un moment donné, il y a eu une sensation d’insécurité, on savait que tout pouvait basculer», a expliqué la mère de famille, dont le mari est resté au Niger pour le travail.
Un deuxième vol devait atterrir dans la nuit, avec à son bord Français, Nigériens, Allemands, Belges, Canadiens, Américains, Autrichiens et Indiens, d’après le ministère français des Affaires étrangères.
Sur les quelque 1200 Français enregistrés sur les listes consulaires au Niger, selon Paris, 600 ressortissants souhaiteraient revenir en France.
L’évacuation des militaires français postés au Niger n’est en revanche «pas à l’ordre du jour», avait auparavant indiqué à la presse l’état-major des armées françaises.
«Pas besoin d’eux»
Le ministère allemand des Affaires étrangères a recommandé dans la journée «à tous ses ressortissants à Niamey», d’accepter l’offre de la France, quand l’Italie a annoncé se tenir prête à évacuer ses ressortissants de Niamey.
Les États-Unis n’ont pris aucune décision d’évacuation pour le moment, a indiqué mardi la Maison-Blanche.
Dans la capitale nigérienne, après de fortes pluies dans la matinée de mardi, les activités avaient repris mardi et peu de véhicules des forces de sécurité étaient visibles, ont constaté des journalistes de l’AFP.
«On n’a pas de problèmes avec les Français», ni avec «les ressortissants européens, on a des problèmes avec les gouvernements européens», assure de son côté Hamidou Ali, un Nigérien de 58 ans. Un étudiant, Mahamadou Issoufou Idi, juge-lui que «les Français n’ont qu’à partir».
La France, ex-puissance coloniale dans la région et soutien indéfectible du président Mohamed Bazoum, retenu depuis le 26 juillet dans sa résidence présidentielle, apparaît comme la cible privilégiée des militaires qui l’ont renversé, dirigés par le général Abdourahamane Tiani.
Le mouvement M62, à l’initiative d’une manifestation pro-putschistes, a dénoncé mardi l’évacuation organisée par la France, souhaitant la suspension de certains de ses médias et appelant à un rassemblement «pacifique chaque jour» près de l’aéroport, «jusqu’au départ définitif des forces étrangères» présentes dans le pays.
«Déclaration de guerre»
La junte a accusé lundi la France de vouloir «intervenir militairement», ce que Paris a démenti fermement.
Lundi soir, le Burkina Faso et le Mali, voisins du Niger et gouvernés également par des militaires, ont affiché leur solidarité avec les putschistes en affirmant que toute intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum serait considérée «comme une déclaration de guerre» à leurs deux pays et entraînerait leur retrait de la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest).
Ils ont ajouté refuser d’appliquer les «sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériennes» décidées dimanche par la Cédéao à Abuja, la capitale du Nigeria.
Les dirigeants ouest-africains, soutenus par leurs partenaires occidentaux, dont la France, ont fixé un ultimatum d’une semaine à la junte militaire au Niger pour un «retour complet à l’ordre constitutionnel», affirmant ne pas exclure un «recours à la force» si ce n’était pas le cas.
Dans ce contexte, la Cédéao a annoncé mardi soir que les chefs d’état-major des pays qui la composent se réuniraient de mercredi à vendredi à Abuja, au sujet du putsch au Niger.
Par ailleurs une délégation de la Cédéao, conduite par le Nigérian Abdulsalami Abubakar, doit se rendre mercredi au Niger, ont indiqué sous le couvert de l’anonymat une haute responsable de l’organisation ouest-africaine et un responsable militaire du Niger.
La Cédéao avait également décidé de «suspendre toutes les transactions commerciales et financières» entre ses États membres et le Niger, et de geler les avoirs des responsables militaires impliqués dans le coup d’État.
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