Athlétisme: «Notre père a utilisé la violence physique et les menaces»

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Athlétisme«Notre père a utilisé la violence physique et les menaces»

Les frères Ingebrigtsen, dont le cadet Jakob est champion olympique du 1500m, sortent du silence et expliquent les raisons de leur rupture avec leur père et entraîneur.

Renaud Tschoumy
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Renaud Tschoumy
Jakob Ingebrigtsen, ici aux récents championnats du monde de Budapest.

Jakob Ingebrigtsen, ici aux récents championnats du monde de Budapest.

IMAGO/Bildbyran

Les trois frères norvégiens Henrik, Filip et Jakob Ingebrigtsen – dont le cadet, Jakob, est champion olympique du 1500 m – sortent du silence. Dans une lettre ouverte commune, publiée dans le média norvégien Verdens Gang, ils ont expliqué les raisons qui les ont poussés à se séparer de leur père Gjert, leur entraîneur jusqu’à l’année passée. Ils font ainsi mention de «violence physique» et de «menaces».

Les frères Ingebrigtsen – qui, pour la petite histoire, ont tous les trois été sacrés champions d’Europe du 1500m –, se sont entraînés durant toute leur vie sous la direction de leur père. Mais en 2022, les trois frangins athlètes ont rompu de manière inattendue avec leur père en tant qu’entraîneur, et cela sans donner de réelle explication. Plusieurs rumeurs ont alors circulé, faisant état du caractère autoritaire, voire parfois agressif, de Gjert Ingebrigtsen.

Plus d’un an plus tard, les trois frangins ont décidé de sortir du silence. «Par respect pour notre famille, nous n’avons jamais voulu rentrer dans les détails, mais nous en sommes aujourd’hui arrivés au constat que nous ne pouvions plus cacher les raisons de cette rupture», disent-ils dans leur lettre.

«Écrire ce que nous nous préparons à écrire maintenant nous fait mal, poursuivent-ils. Cela nous fait mal, parce que cela concerne une personne qui a signifié beaucoup pour nous et notre carrière. Cela affecte des personnes dont nous sommes proches. Et cela affecte des personnes qui n’ont jamais demandé à être entraînées dans un conflit public.»

«Il y a deux ans, les agressions et les punitions physiques sont réapparues. Cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.»

Henrik, Filip et Jakob Ingebrigtsen dans leur lettre ouverte
Les trois frères Ingebrigtsen en 2019. De g. à dr.: Filip, Jakob et Henrik.

Les trois frères Ingebrigtsen en 2019. De g. à dr.: Filip, Jakob et Henrik.

IMAGO/USA TODAY Network

Mais visiblement, les frères Ingebrigtsen ne pouvaient plus se taire. «Cela reste à nos yeux important d’agir comme nous le faisons. Alors oui, nous avons été élevés par un père qui s’est montré très agressif et dirigiste, qui a utilisé la violence physique et les menaces comme moyens d’éducation. Nous ressentons encore le malaise et la peur qui nous habitent depuis l’enfance. Quelque part, on s’était habitués à cela. (…) Puis, nous sommes devenus adultes et nous avons évolué. C’est du moins ce que nous pensions. Mais il y a deux ans, les mêmes agressions et punitions physiques sont réapparues. Cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. (…) La situation était devenue insupportable. C’est à ce moment que nous avons décidé de rompre avec notre père. Il nous était donc impossible de continuer avec lui comme entraîneur.»

Maintenant, les trois frères ne demandent qu’une chose: «La paix, pour pouvoir nous concentrer sur nos entraînements et nos compétitions. On veut retrouver la joie de pratiquer notre sport et de représenter la Norvège avec son drapeau sur notre poitrine. Mais ce que nous souhaitons par-dessus tout, c’est que notre famille et ceux qu’on aime soient en sécurité.»

Le message passé par les trois frères dans leur lettre ouverte est fort.

Le père nie toute violence

Leur père a réagi, par l’intermédiaire de son avocat: «Ces déclarations sont totalement infondées, balaie-t-il. Je n’ai jamais eu recours à la violence envers mes enfants. Je suis loin d’être un père ou un mari parfait, mais je ne suis pas violent. C’est une situation tragique pour ma famille. Qu’on ait pu en arriver à répandre de fausses accusations les uns envers les autres dans les médias me rend profondément mécontent.»

Gjert Ingebrigtsen, ici lors des Jeux olympiques de Tokyo, en 2021.

Gjert Ingebrigtsen, ici lors des Jeux olympiques de Tokyo, en 2021.

imago images/Bildbyran

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