SantéLes hôpitaux universitaires sont au bord de la catastrophe financière
Après une perte de plus de 200 millions de francs en 2022, ils s’attendent cette année à un déficit de 300 millions. Ils tirent la sonnette d’alarme et passent aux menaces.
Les hôpitaux universitaires suisses ont tiré mardi la sonnette d’alarme à Berne. Alors que de nombreux patients s’y font soigner, ils enregistrent des pertes et le remboursement des prestations ne parvient plus à couvrir les coûts. Ainsi, en 2022, ils ont enregistré 200 millions de francs de pertes cumulées. Et 2023 s’annonce encore pire avec un déficit estimé à 300 millions.
En cause: la hausse des prix de l’énergie, le renchérissement et les adaptations salariales du personnel dont la pénurie va en outre croissante. D’ailleurs, de nombreux hôpitaux ne peuvent plus occuper tous leurs lits en raison du manque de main-d’œuvre qualifié, relèvent-ils. De l’autre côté, les remboursements des prestations n’ont pas été adaptés depuis des années au renchérissement, que ce soit dans le secteur ambulatoire ou hospitalier. Pire: certaines rémunérations pour les soins ambulatoires ont même été réduites, dénoncent-ils. Difficile dans ces conditions de maintenir des soins de haute qualité.
Hausse des tarifs de remboursement
«Les hôpitaux universitaires fournissent de plus en plus de prestations de haut niveau à la population et veulent les financer par leurs propres moyens. Mais si les tarifs de remboursement ne couvrent pas les coûts, les cantons responsables se verront bientôt contraints de prendre des mesures pour soutenir et assainir les hôpitaux universitaires», mettent-ils en garde.
Au vu de la situation financière tendue, ils demandent comme mesure immédiate une hausse des tarifs de remboursement des prestations, trop bas depuis des années. «S’ils ne parviennent pas à s’entendre avec leurs partenaires de négociation sur les hausses de ces tarifs d’ici le milieu de l’année, ils se verront contraints de résilier les conventions tarifaires existantes d’ici fin 2023 sur l’ensemble du territoire», menacent-ils.
Gare à la catastrophe financière
En outre, les hôpitaux universitaires demandent à Berne de tenir compte de leur situation particulière lors des discussions en cours sur la définition des tarifs, dans le cadre de la révision de la loi. Selon eux, celle-ci aggravera encore la situation tarifaire déjà critique, avec des coûts supplémentaires non-couverts de l’ordre de 500 millions de francs. Si ces conditions ne sont pas remplies, les cantons qui accueillent ces hôpitaux devront prévoir des financements de secours afin d’éviter la catastrophe financière, préviennent-ils.
L’absentéisme en forte hausse par rapport à avant la pandémie
La pandémie de Covid-19 a encore accentué la pénurie de personnel qualifié dans les hôpitaux, soulignent ces derniers. Ses effets sur la santé des employés se sont encore fait sentir l’année dernière avec un taux d’absence de 7,9% en 2022, soit une hausse de près de 50% par rapport à avant la pandémie. Malgré cela, les hôpitaux universitaires veulent continuer d’être des employeurs attractifs. Selon eux, d’énormes efforts ont été entrepris pour améliorer les conditions de travail et d’emploi. «Mais la plupart de ces mesures augmentent les charges de personnel et pèsent encore plus sur les finances des hôpitaux», dénoncent-ils.