Le Conseil des Etats veut mieux encadrer le Nutri-Score

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AlimentationLe Conseil des États juge le Nutri-Score «problématique» et veut l’encadrer

La Chambre des cantons a accepté une motion qui critique l’emploi actuel du label et qui demande que Berne définisse des bases légales pour mieux l’encadrer à l’avenir.

Christine Talos
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Christine Talos
Le Nutri-Score est contesté par certains milieux actifs dans la vente de produits alimentaires.

Le Nutri-Score est contesté par certains milieux actifs dans la vente de produits alimentaires.

AFP

Le Conseil fédéral devra peut-être définir des bases légales pour mieux encadrer le Nutri-Score, ce label coloré présent sur des milliers de produits et qui a pour but d’indiquer la valeur nutritionnelle des aliments. Le Conseil des États a accepté mardi, par 33 voix contre 8, une motion de sa commission qui jugeait son emploi actuel «problématique».

Critères contestables

La commission reprochait au Nutri-Score de reposer sur des critères contestables et d’être trop réducteur. Ainsi, il arrive que des produits fortement transformés, qui contiennent des quantités importantes d’ingrédients de substitution et d’additifs, soient mieux notés que des produits naturels, critiquait-elle. «Le Nutri-Score représente une punition pour de nombreux produits naturels suisses, comme le fromage qui contient beaucoup de matière grasse», a relevé Benedikt Würth (C/SG) pour la commission.

En outre, le Nutri-Score ne tient pas ou pas assez compte du degré de transformation des produits, de la présence d’additifs, de la notion de durabilité, de la méthode de production et de la provenance. Certains aspects nutritionnels pertinents, comme la teneur en vitamines ou la valeur des protéines, sont même ignorés. Il faut donc des clarifications légales, selon la commission qui estimait que l’emploi de ce label doit rester facultatif et du ressort des acteurs du marché et non de la Confédération.

FRC mécontente

«En cherchant à freiner cet indicateur, les députés font un travail de sape, alors que la population est en droit d’obtenir un étiquetage transparent facilitant ses choix et ses achats. Le vote du Conseil des États vise à torpiller la possibilité de voir cet indicateur apposé sur les emballages des denrées», a réagi la Fédération romande des consommateurs, ajoutant qu’en Suisse, «42% des adultes et 15% des enfants et adolescents sont touchés par le surpoids et l'obésité et apposer un étiquetage illustrant de manière simple la valeur nutritionnelle constitue une mesure de santé publique, l’objectif étant d’enrayer l’explosion de maladies comme l’augmentation des coûts de santé».

Motion inutile

Le Conseil fédéral était opposé à la motion qu’il jugeait inutile puisque les paramètres du Nutri-Score sont publics et que les éléments demandés étaient déjà effectifs. Il a aussi rappelé que ce label émanait d’une démarche volontaire des entreprises de l’alimentation et qu’il serait compliqué de le réglementer.

Car la marque appartient à Santé publique France, a souligné Alain Berset. Si la Suisse adoptait une réglementation différente, le Nutri-Score ne pourrait plus être utilisé chez nous, a-t-il expliqué. Il s’est en outre dit surpris du texte. «C’est rare, dans un domaine où des entreprises privées font quelque chose, que l’on nous demande de réglementer», a-t-il lancé.

Bientôt une campagne

Pour rappel, le Conseil fédéral a décidé en décembre dernier d’«améliorer l’efficacité du Nutri-Score», en réponse à un postulat de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national. Une campagne d’information doit être lancée cette année. Berne estime qu’il est «essentiel» que le système d’étiquetage nutritionnel soit compris par les consommateurs.

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