Franco-Suisse retrouvéDarell enlevé par sa mère: fin de cavale à Zurich
Le 24 décembre 2021, le jeune garçon n’était jamais rentré d’une visite chez sa maman en Suisse. La ravisseuse s’est fait attraper à l’aéroport de Kloten (ZH).
- par
- Evelyne Emeri
«Depuis près de dix ans, la formule fonctionnait bien, il n’y a jamais eu de souci», faisant allusion à la bonne relation qu’il a gardée avec la mère de leur fils, resté vivre avec lui près de Pontarlier (F) après la séparation du couple en 2013. Début mai 2022, le papa de Darell, 12 ans, n’y tient plus. Il convoque les médias suisses et français à un point-presse après s’être perdu dans les dédales administratifs franco-suisses. Il annonce, entouré de ses avocats, que depuis le 24 décembre 2021, il est sans nouvelles de son jeune garçon. Son ex-conjointe, une Ivoirienne de 38 ans installée à Baar (ZG), ne lui a pas ramené leur enfant comme cela était convenu. Grâce à son dépôt de plainte, il apprendra tout au plus qu’ils ont décollé de Zurich le 19 décembre 2021. L’attente sera interminable.
Fuite inexpliquée
Malgré un mandat d’arrêt international lancé par les autorités françaises, la mère de Darell se déplace sans être inquiétée. «Je ne peux que constater que mon ex-conjointe voyage aisément et illégalement avec notre enfant (ndlr. il en a la garde) jusqu’à l’autre bout du monde, alors qu’elle est fichée par Interpol. Le Népal, l’Inde, Dubaï…», concédait William Dupuis, 43 ans, impuissant face à cet enlèvement brusque qui a surpris tout le monde. «La veille de leur disparition, elle était encore à Neuchâtel chez sa meilleure amie. Je suis en contact avec son ex-mari zougois, avec son copain neuchâtelois, ils ne comprennent pas non plus quel a été le déclencheur de cette fuite subite», racontait aussi le papa désespéré et désemparé.
Fin de cavale
William et sa compagne s’étaient rencontrés entre Neuchâtel et la région de Pontarlier où l’Ivoirienne, naturalisée suisse, et le quadragénaire français vivaient respectivement. Leur garçon de 12 ans est né en Suisse romande avant leur installation au domicile conjugal du Doubs. Rien ne laissait présager que l’enfant serait kidnappé par sa mère lors d’une visite chez elle en Suisse et, partant, que le papa allait vivre un véritable enfer durant près d’une année. Son cauchemar a pris fin le 12 novembre dernier. La police le contacte et l’informe qu’il peut venir chercher son fils à l’aéroport de Zurich. Il n’en croit pas ses oreilles. Et file tout droit, direction la Suisse alémanique.
Dans une secte en Inde?
Selon Darell, sa maman a voulu se rendre avec lui aux États-Unis – bien plus pointilleux que le Népal ou l’Inde – pour un soi-disant concert. C’est précisément depuis le sol américain qu’ils ont été renvoyés en Inde, via le Qatar, puis expulsés vers la Suisse. Père et fils se sont retrouvés. «Il n’y a pas de mots pour définir la joie que cela procure, en plus juste avant les fêtes.» Contacté ce mardi, William est aux anges. L’ouvrier dans une entreprise de plasturgie assure que son fiston va bien avec un bémol: «Il est un peu traumatisé par certaines choses qu’il a vues. Il a vécu dans le sud de l’Inde au sein d’une fondation. Il a assisté à des séances de transe, il a dû regarder des cadavres se faire brûler sur la plage. Des rituels qui marquent. Cette fondation, c’est bien plus qu’une organisation spirituelle. C’est une secte».
Ravisseuse libre
Onze mois de haute lutte auront été nécessaires pour repérer la kidnappeuse. Le Parquet de Besançon (F) avait tout de suite ouvert une enquête pour soustraction d’enfant mineur des mains de ceux qui exercent l’autorité parentale et rétention hors de France. «Ni le Népal, ni l’Inde n’ont collaboré, insiste le papa, Heureusement que les États-Unis leur ont bloqué l’accès et les ont rapatriés en Suisse.» Et William de déplorer: «La Suisse n’extrade pas ses ressortissants. Le Parquet a annoncé qu’il allait dénoncer le cas aux autorités helvétiques. En attendant, elle est en liberté, j’ai du mal à encaisser. Ça n’est pas normal qu’elle ne soit pas enfermée. Je ne sais pas où elle se trouve. Peut-être qu’elle n’est même plus en Suisse. Les frontières sont de véritables passoires.»