États-UnisLa sélection du jury commence au procès de Donald Trump
La sélection des 12 jurés a commencé ce lundi lors du premier jour du procès historique de Donald Trump à New York. Un processus qui pourrait prendre des jours.
Donald Trump est devenu lundi le premier ex-président américain à comparaître au pénal, dans un procès à New York qui fait courir au candidat républicain le risque d’une condamnation juste avant l’élection présidentielle.
Juste avant l’audience au tribunal de Manhattan, le candidat républicain a dénoncé une «persécution politique» ourdie par l’administration du président démocrate. Il est ensuite entré dans la salle du tribunal où il s’est assis, le visage grave pour se concerter longuement avec son avocat, sans prêter attention au procureur Alvin Bragg.
«Un vrai problème» avec le juge
L’ex-président a dit lundi avoir «un vrai problème» avec le juge, dénonçant toute l’affaire comme étant une «chasse aux sorcières» et se plaignant de ne pas pouvoir faire campagne comme il l’entend. «Nous n’allons pas avoir droit à un procès équitable, c’est très, très triste, a affirmé à la presse Donald Trump. Nous avons un vrai problème avec ce juge».
Le candidat du Parti républicain à la présidentielle du 5 novembre s’est plaint de ne pas pouvoir organiser sa campagne comme il le souhaite. «Que je ne sois pas en Géorgie, en Floride ou en Caroline du Nord, à faire campagne comme je devrais être en train de le faire, c’est parfait pour les démocrates de la gauche radicale. C’est exactement ce qu’ils veulent. Il s’agit d’ingérence électorale. C’est tout», a-t-il ajouté.
Amendes réclamées
Le milliardaire est poursuivi pour des paiements destinés à acheter le silence de l’ancienne star du X Stormy Daniels, à quelques jours de l’élection de 2016, qu’il avait remportée sur le fil face à la candidate démocrate Hillary Clinton.
Le juge Juan Merchan a ouvert la séance par l’examen des recours de la défense, rejetant notamment une demande de se récuser. Il a ensuite exposé au prévenu les règles à suivre pour assister au procès.
Les procureurs ont également réclamé des amendes à l’encontre de Donald Trump pour «entrave à la bonne marche de la justice», affirmant qu’il a violé ces derniers jours sur les réseaux sociaux un ordre lui interdisant de critiquer les témoins. Le juge a fixé une audience sur ce point au 23 avril.
Une soixantaine de jurés exemptés
Après plusieurs heures consacrées à des questions de procédure, comme l’admissibilité des éléments de preuve réclamés par l’accusation, un premier groupe de 96 jurés potentiels a été autorisé à entrer dans la salle vers 14h30 (20h30 heure suisse).
Le juge leur a fait prêter serment puis leur a lu les instructions pour participer au procès. Lorsqu’il leur a demandé à ceux qui s’estimeraient incapables de se montrer impartiaux de lever la main, plus de la moitié se sont signalés et ont été aussitôt exemptés. Une dizaine d’autres l’ont également été pour d’autres motifs, non précisés.
Les autres ont commencé à répondre à un long questionnaire, notamment sur leurs sympathies ou préjugés envers l’accusé. Le but de cette étape décisive est de sélectionner les douze jurés qui déclareront à l’unanimité Donald Trump «coupable» ou «non coupable», un processus qui pourrait prendre des jours.
Situation inédite
Plus de trois ans après avoir quitté la Maison-Blanche dans le chaos, Donald Trump risque, en théorie, une peine de prison. Cela ne l’empêcherait pas d’être candidat au scrutin présidentiel du 5 novembre, où il rêve d’une revanche contre Joe Biden, mais projetterait la campagne dans une situation totalement inédite.
S’il était déclaré non coupable, ce serait au contraire un succès majeur pour le candidat républicain. D’autant plus qu’il est parvenu jusqu’à présent à différer ses trois autres procès au pénal, deux pour tentatives illicites d’inverser les résultats de l’élection de 2020, et un pour gestion supposément désinvolte de documents classifiés.
Manœuvres frauduleuses
L’ex-président est inculpé de falsifications de documents comptables de son entreprise, la Trump Organization, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de «frais juridiques», le paiement de 130’000 dollars (120’000 francs) à Stormy Daniels par son avocat personnel de l’époque, Michael Cohen.
En échange, cette dernière avait accepté de se taire sur une fugace relation sexuelle avec le milliardaire en 2006. Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense assure que les paiements relevaient de la sphère privée. Mais l’accusation entend démontrer des manœuvres frauduleuses pour cacher des informations aux électeurs quelques jours avant le vote.
Aux environs du tribunal placé sous très haute sécurité, quelques dizaines de manifestants pro et anti-Trump se sont rassemblés lundi. Les caméras des médias du monde entier sont présentes, mais les audiences ne seront pas télévisées, en vertu des lois de l’État de New York. L’un des enjeux du procès sera de déterminer ce que Donald Trump savait sur ces paiements au moment où ils ont été réalisés.