Tribunal pénal fédéral : L’attaque djihadiste de Morges jugée depuis ce matin

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Tribunal pénal fédéralL’attaque djihadiste de Morges jugée depuis ce matin

Binational turco-suisse, un Vaudois de 29 ans comparaît à Bellinzone (TI) pour avoir tué le client d’un kebab au nom d’Allah. 

Evelyne Emeri
par
Evelyne Emeri
Le 12 septembre 2020 – L’assassin présumé poignardait à mort un client attablé dans un kebab de Morges (VD). On voit ici son interpellation en pleine rue par la police cantonale vaudoise.

Le 12 septembre 2020 – L’assassin présumé poignardait à mort un client attablé dans un kebab de Morges (VD). On voit ici son interpellation en pleine rue par la police cantonale vaudoise.

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Une première dans l’histoire judiciaire suisse. Un Vaudois de 29 ans comparaît devant le Tribunal pénal fédéral (TPF) à Bellinzone (TI) durant trois jours pour avoir perpétré le plus grave attentat djihadiste de Suisse. Le prévenu l’a du reste revendiqué: il a agi au nom d’Allah et pour venger l’État islamique. L’acte d’accusation est clair sur le sujet. Le seul enjeu de cette audience sera de définir son degré de responsabilité pénale et, partant, la peine à fixer en regard de celle-ci. Les experts psychiatres estiment le risque de récidive de moyen à élevé. Le 12 septembre 2020, l’individu avait tué avec un couteau de cuisine, «au hasard», un Portugais de 29 ans assis dans un kebab avec sa compagne.

Radicalisé dès 2017

Enfant de Prilly (VD), le Turco-Suisse doit bien sûr répondre d’assassinat, mais encore de meurtre, de lésions corporelles simples, de tentative d’incendie et d’explosion… Mais également de violence ou menace contre les autorités et les fonctionnaires et de violation de la loi fédérale interdisant les groupes «Al-Qaïda» et «État islamique» et les organisations apparentées. Cette première journée de lundi sera en principe dédiée à l’interrogatoire de l’auteur présumé de cette attaque extrémiste. Elle reprendra le parcours qui a mené ce jeune homme à se radicaliser dès 2017 pour tenter d’arriver à comprendre son passage à l’acte en hurlant «Allah akbar» (ndlr. Dieu est le plus grand).

Surveillé par le SRC

Trois ans avant l’attentat de Morges, l’intéressé faisait déjà l’apologie de l’EI. Et n’hésitait pas à faire de la propagande auprès de connaissances. Il détenait du reste d’innombrables représentations (images et fichiers audio) d’exécutions et de tortures. C’est ainsi que le Service de renseignement de la Confédération (SRC) le repère et met en place une surveillance. En 2019, il tente un départ en Syrie pour rejoindre les rangs de l’organisation terroriste, sans succès. Puis il décide de faire exploser une station-service à Prilly pour prouver qu’il peut être l’un des leurs. Il n’y parviendra pas, visiblement trop gauche à lire les détails de sa tentative de bouter le feu. Le Ministère public de la Confédération (MPC) prend alors en charge l’affaire. Pour le MPC, on a bien à faire à un individu dangereux et radicalisé.  

… mais libéré avant Morges

Le Vaudois passe 459 jours en détention provisoire avant d’être libéré à la demande de la procureure pour des questions de proportionnalité. Les psychiatres abondent, le Tribunal des mesures de contrainte de Berne accepte. Une libération, assortie de seize mesures de substitution et qui survient le 13 juillet 2020. Tous les contrôles mis en place et cette surveillance serrée ne serviront à rien. Deux mois plus tard, l’accusé frappe un innocent dans la cité morgienne. Toujours selon l’acte d’accusation, il serait passé onze fois devant le kebab avant de planter son couteau dans le client portugais et aurait prié dans une cour attenante peu avant. En prison, le détenu a encore planté un stylo dans la gorge d’un gardien et agressé un policier de Fedpol (Office fédéral de la police).

Le Vaudois risque la réclusion à vie. Le verdict est attendu en janvier 2023.

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