FranceLe broyage des poussins mâles est désormais interdit
La filière française des poules pondeuses ne tuera plus les poussins mâles, alors qu’environ 300 millions de «frères» de poules sont tués chaque année dans l’Union européenne.
Le broyage routinier des poussins mâles dans la filière des poules pondeuses est désormais interdit en France, le premier producteur d’œufs en Europe, selon un décret paru dimanche qui laisse aux couvoirs jusqu’à la fin de l’année pour modifier leurs pratiques. On estime qu’environ 300 millions de «frères» de poules sont tués chaque année dans l’Union européenne, dont 50 millions sur le seul territoire français, car incapables de pondre les œufs qui finiront dans nos assiettes.
L’interdiction de ce broyage est effective depuis le début de l’année en Allemagne, où ont été mises au point les machines permettant de déterminer le sexe des embryons dans l’œuf (ovosexage) – et donc d’éliminer les mâles avant éclosion – dont les couvoirs français doivent aujourd’hui s’équiper.
«Plus ambitieux»
En France, cette mesure, notamment réclamée par les associations de défense des animaux, était attendue depuis plusieurs années. Cinq couvoirs spécialisés dans la fourniture de poules pondeuses aux éleveurs sont concernés. Certains ont commencé à installer des machines d’ovosexage. Selon le décret paru au «Journal officiel», les couvoirs devront justifier pendant l’année avoir bien commandé de tels équipements et engagé les travaux pour les installer.
Ces matériels «permettant de déterminer le sexe de l’embryon au plus tard le quinzième jour d’incubation» sur 21 doivent fonctionner «au plus tard le 31 décembre 2022», sous peine d’amende. «C’est allé un peu plus vite que ce qu’on souhaitait», a réagi auprès de l’AFP le président de l’interprofession de l’œuf (CNPO), Philippe Juven: «Comme ce sont des technologies nouvelles, il y a des mises au point à faire sur ces installations.»
Le décret aurait pu être «plus ambitieux», a de son côté jugé la directrice de l’association de défense des animaux d’élevage CIWF France, Léopoldine Charbonneaux.
«C’est trop tard»
L’association souhaitait que l’État fixe comme objectif «à plus long terme» d’ovosexer avant le septième jour, pour s’assurer que les embryons sont éliminés avant d’être sensibles à la douleur. Un sexage au quinzième jour, «c’est trop tard», selon Léopoldine Charbonneaux. Les technologies disponibles en France permettent de sexer au 13e jour, voire au neuvième pour le dispositif le plus onéreux.
CIWF regrette aussi qu’aucune mesure n’ait été prise pour les canetons femelles, qui sont souvent éliminés, en particulier dans la filière foie gras, où seuls les mâles sont gavés, leur foie étant jugé de meilleure qualité. La filière s’est donné jusqu’à fin 2024 pour mettre fin à ce broyage.
L’interdiction d’abattre les poussins ne concerne pas les lignées destinées à la reproduction ni le marché spécifique de l’alimentation animale – quand les poussins servent à nourrir des reptiles ou des rapaces, par exemple. Les couvoirs pourront aussi continuer d’éliminer les mâles «accidentellement non détectés».