LittératurePrivées de Joël Dicker, les Éditions de Fallois s’arrêtent
La maison française, dont le fondateur Bernard de Fallois, mentor de l’auteur genevois de best-sellers, est décédé il y a bientôt trois ans, cesse ses activités.
Les Éditions de Fallois, qui ont perdu en 2018 leur fondateur Bernard de Fallois et en 2021 leur auteur vedette Joël Dicker, ont annoncé mardi dans un communiqué se mettre en cessation d’activité.
«Les Éditions de Fallois, fondées en 1987, mettront fin à leur activité le 31 décembre 2021 conformément à la décision de leurs actionnaires, réunis en assemblée générale extraordinaire le 7 octobre», a indiqué, dans ce communiqué transmis à l’AFP, la maison d’édition.
«Tel était le vœu du fondateur»
Celle-ci avait été fondée par un universitaire spécialiste de Marcel Proust, devenu l’un des éditeurs les mieux considérés à Paris, Bernard de Fallois, mort à 91 ans en janvier 2018. D’après l’entreprise, celui-ci ne souhaitait pas que sa maison d’édition lui survive durablement, mais qu’elle disparaisse à terme.
«Tel était le vœu du fondateur de la maison, Bernard de Fallois (1926-2018), qui avait été auparavant directeur général du Groupe Livre Hachette puis directeur général du groupe des Presses de la Cité», ont expliqué les éditions de Fallois.
L’avenir de cette maison semblait compromis après le départ du romancier qui assurait l’essentiel de ses ventes, Joël Dicker. L’écrivain genevois, révélé en 2012 par «La Vérité sur l’affaire Harry Quebert», a annoncé en mars qu’il lançait sa propre maison d’édition. Baptisée Rosie & Wolfe, elle doit voir le jour le 1er janvier.
Quelques indépendants ont pu par le passé se ménager une place enviable dans l’édition en France. Mais aujourd’hui, le secteur est de plus en plus dominé par quatre groupes.
Le numéro un est Hachette Livre (Grasset, Fayard, Stock, Larousse, Le Livre de poche, etc.), propriété du groupe Lagardère, devant Editis (Robert Laffont, Julliard, Cherche-Midi, Le Robert, Pocket, etc.), détenu par son concurrent Vivendi. Or, Vivendi a lancé en septembre une offre publique d’achat sur Lagardère.
Derrière, Madrigall (Gallimard, Flammarion, POL, Denoël, J’ai lu, etc.) a mis la main en juin sur l’un des derniers grands indépendants de l’édition française, Minuit. Et Média Participations (Seuil, Dargaud, Dupuis, Guides Michelin, etc.) est lui aussi ambitieux.
Machines puissantes
Face à ces groupes dotés de moyens financiers puissants, d’effectifs importants et de filiales logistiques performantes, l’artisanat qui consiste à repérer des auteurs français inconnus et à réaliser des coups dans les droits de livres étrangers est un métier de plus en plus difficile.
De Fallois aura été entièrement absent de la rentrée littéraire 2021. Son dernier livre publié, «Agent Sonya» du Britannique Ben Macintyre, remonte à octobre 2020.
L’entreprise avait placé à sa tête en 2018 un collaborateur de longue date du fondateur, Dominique Goust, qui présentait davantage un profil de gestionnaire.
Ce manque d’ambition n’était pas du goût de Joël Dicker, éternellement reconnaissant envers Bernard de Fallois, le seul éditeur à croire en lui à une époque. Mais il était moins attaché au reste de la maison, et mal valorisé en éditions de poche. Débordant d’idées et doté d’un sens aigu des affaires, le Genevois de 36 ans a choisi de monter sa propre entreprise.
Éclectisme du catalogue
La cessation d’activité laisse penser que Joël Dicker devrait récupérer les droits sur ses livres, qui se vendent par centaines de milliers d’exemplaires en France chaque année. Le devenir du reste des titres de cette maison est incertain.
«Les Éditions de Fallois ont inscrit plus de 800 titres à leur catalogue, caractérisé par un large éclectisme: Raymond Aron y côtoie notamment Marcel Pagnol, Robert Merle, Jacqueline de Romilly, Emmanuel Berl, Fernand Braudel, Marc Fumaroli, Alain Peyrefitte, Simone Bertière. Elles firent également connaître en France les romans de Rose Tremain et de Kate Atkinson, et révélèrent au monde entier ceux de Joël Dicker», ont résumé les Éditions de Fallois.