Exportation d’armes suissesLes Verts disent non, contrairement à une majorité de leurs électeurs
Contrairement aux Verts allemands, le parti des Verts suisses est opposé à la réexportation de matériel de guerre made in Switzerland. Mais la majorité de leur base y serait favorable, selon un sondage publié ce dimanche.
«Tout bouge, seuls les Verts restent immobiles», écrit la «NZZ am Sonntag» ce dimanche, résumant à sa façon l’état du débat au Parlement concernant la réexportation d’armes et de munitions à l’Ukraine. En effet, contrairement aux dirigeants du Parti écologiste, leurs sympathisants pourraient très bien vivre avec la transmission d’armements à Kiev.
Du moins selon un sondage réalisé par l’institut de recherche Sotomo pour le compte du journal dominical. À la question de savoir si la Suisse devrait autoriser d’autres pays, tels l’Allemagne ou l’Espagne, à transmettre à l’Ukraine des armes produites chez nous, 46% des électrices et électeurs du Parti écologiste ont en effet répondu par «oui» et 24% par «plutôt oui».
Seuls les partisans de l’UDC disent «non»
Le sondage s’est aussi adressé aux sympathisants des autres partis. Et seuls les partisans de l’UDC refusent une telle réexportation avec une large majorité (67% «non», 7% «plutôt non»). La majorité des membres des autres partis adhèrent tous à l’idée de la réexportation. C’est chez les partisans des Verts libéraux que l’approbation de la base est la plus forte avec 58% de «oui» (18% «plutôt oui»).
Suivent ceux du Centre (48% et 22%), puis les socialistes (44% et 26%) – dont les dirigeants plaident désormais pour une exception vu la situation en Ukraine. Enfin, au PLR, les sympathisants sont pour la réexportation à 32% de «oui» et 38% de «plutôt oui».
Les Verts mettent le sondage en doute
Mais au sein des Verts, on met le sondage en doute. «Si on avait demandé aux gens s’ils voulaient renoncer à la neutralité de la Suisse, et c’est de cela qu’il s’agit en fin de compte, le résultat aurait sans doute été différent. La question est donc incomplète», estime la conseillère nationale zurichoise Marionna Schlatter. Et d’ajouter: «En même temps, ce sondage montre à quel point la solidarité avec l’Ukraine est grande. On veut aider le pays, cela vaut bien sûr aussi pour nos sympathisants.»
Le Parti écologiste ne veut donc pas changer d’attitude, donnant ainsi l’impression que ses électeurs sous-estiment la question des armes et les conséquences pour la neutralité, écrit le journal zurichois. Marionna Schlatter le réfute et rappelle que les délégués de son parti ont clairement refusé la transmission d’armement à Kiev la semaine passée, lors de l’adoption du programme électoral du parti: «Qu’on me montre un parti qui soit ici plus proche de sa propre base».
Décalage avec les Verts allemands
Pour le parti des Verts, il s’agit de bien plus que de l’interprétation d’un sondage, selon la «NZZ am Sonntag». Car il s’agit de préserver un important succès politique du camp gauche-vert qui a contribué, en 2018, à un renforcement massif des dispositions relatives à l’exportation d’armes en Suisse.
En effet, historiquement, les Verts sont étroitement liés au mouvement pacifiste. Mais la guerre en Ukraine remet en question les anciennes certitudes. En Allemagne, le vice-chancelier vert Robert Habeck et la ministre verte des Affaires étrangères Annalena Baerbock ont trouvé «une réponse tout autre que leurs collègues suisses: ils soutiennent résolument les livraisons d’armes», note le journal. Une situation «inconfortable «pour les Verts suisses, qui se considèrent comme un parti européen et se réfèrent d’ordinaire «avec fierté aux succès de leurs collègues du Nord», conclut la «NZZ am Sonntag».
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