FranceLa justice se penche sur le calvaire d’une ado séquestrée et prostituée
En 2014, une fugueuse de quinze ans pensait rejoindre des amies plus âgées près de Paris. En fait, celles-ci vont la frapper et la forcer à avoir des relations sexuelles avec des hommes.
En France, près de dix ans après les faits, trois femmes comparaissent depuis ce lundi devant la Cour d’assises de Nanterre, pour avoir séquestré, frappé et prostitué une jeune fugueuse de quinze ans. Trois hommes, accusés d’avoir eu des relations sexuelles non consenties avec la jeune fille, sont jugés à leurs côtés pour viol. Les six accusés comparaissent libres, sous contrôle judiciaire.
Pendant trois jours d’avril 2014, D.K., W.H. et C.W., à l’époque âgées de 21, 22 et 43 ans, sont accusées d’avoir retenu la victime dans un appartement de Meudon, dans les Hauts-de-Seine, l’obligeant, sous la menace de coups, à avoir des relations sexuelles avec des hommes contactés à cet effet.
D’après l’enquête, l’adolescente, originaire de Seine-Maritime, avait rejoint lors de sa fugue d’anciennes amies, W.H. et D.K., en région parisienne. Elle avait raconté s’être disputée avec elles par le passé pour une «histoire de garçon».
Relations sexuelles filmées
Dans un bar, les trois mises en cause ont, selon l’accusation, poussé l’adolescente à embrasser un homme rencontré sur place, avant, une fois rentrées au domicile de l’une d’elles, de la forcer à avoir une relation sexuelle avec lui. Elles ont par la suite réclamé quelques dizaines d’euros à l’homme, âgé de 32 ans à l’époque des faits.
Pendant les jours suivants, la jeune victime a, toujours selon l’accusation, reçu coups et humiliations des trois accusées, qui ont surveillé et parfois filmé les relations sexuelles auxquelles elle était contrainte. «Ma cliente attend depuis presque dix ans que son statut de victime soit reconnu. Elle souhaite que les crimes d’une indéniable violence, commis par des adultes ayant pour certains plus du double de son âge, soient fermement condamnés», a déclaré l’avocat de la victime.
Pour «rembourser un serrurier»
Parmi les prévenus, M.B., 23 ans à l’époque, a reconnu avoir rémunéré les accusées «100 euros», affirmant face aux enquêteurs que la jeune fille était consentante et qu’il la pensait majeure. R.A., 37 ans à l’époque, nie les faits qui lui sont reprochés.
Les trois accusées avaient expliqué, lors de l’enquête, avoir poussé l’adolescente à avoir des relations sexuelles tarifées, afin de rembourser le coût d’un serrurier, appelé selon elles «par sa faute».
La police avait été alertée par un coup de téléphone de l’une des accusées à une connaissance de la victime, à qui elle avait dit prévoir de la «faire tourner dans des caves». La victime souffrait, après trois jours de séquestration, d’un œdème au visage, d’une plaie au tympan, d’hématomes sur les bras et les fesses et de lésions gynécologiques. Les accusées sont renvoyées devant la Cour d’assises pour séquestration «avec torture ou actes de barbarie».
Plusieurs avocats de la défense regrettent de voir le procès s’ouvrir plus de neuf ans après les faits, alors que leurs clients ont «changé de vie» et «évolué». Le verdict est attendu le 9 juin.