Lectures polémiquesQuand la Drag Queen Tralala Lita s’invite en Valais
Le comédien Vincent David vient jouer son personnage de Drag Queen conteuse à Martigny le 7 juin. Une discrète surveillance policière a été mise place lors de ses spectacles.
- par
- Eric Felley
«La Drag Queen Tralala Lita est interprétée par Vincent David, comédien professionnel qui possède une longue expérience dans la lecture à voix haute et la promotion de la lecture». C’est ainsi que la médiathèque de Martigny présente la venue de son spectacle le 7 juin prochain basé sur la lecture de contes pour enfants à partir de 6 ans. «Ces albums, minutieusement sélectionnés, parlent de personnages différents et fiers de l’être!» Avec cette invitation: «Venez vivre un moment arc-en-ciel avec Tralala Lita!»
Mardi «Le Nouvelliste» a relayé sur son site le rendez-vous de la médiathèque cantonale, tout en publiant un reportage effectué à Nyon lors d’une récente prestation de Tralala Lita. Vincent David a déjà donné une petite vingtaine de représentations de ce genre en Suisse romande (dont quatre à Martigny). À chaque fois, des opposants tentent de faire annuler ces «Drag-Queen Story Hour», parfois avec succès en France. Samedi dernier à Oerlikon, près de Zurich, l’organisateur d’un événement similaire a dû faire sécuriser sa bibliothèque par la police à la suite de menaces de mouvements extrémistes et conspirationnistes.
L’UDC en embuscade
Diffusé sur Facebook, le sujet du «Nouvelliste» a aussitôt mobilisé les milieux de l’UDC et de la droite conservatrice. Le député UDC Damien Raboud réagit: «La résistance s’organise contre les Drag Queen Story Hours. L’UDC du Valais romand et ses élus travaillent à interdire cette illustration parfaite de ce qu’est le wokisme». Sa collègue Cynthia Trombert: «L’UDC est le seul parti qui s’oppose à de tels actes». Le Grand Conseil valaisan serait saisi d’une motion visant à interdire ces lectures.
Sans réelle surprise, la majorité des réactions sur Facebook sont indignées à des degrés divers. Mais bien d’autres en appellent à la tolérance et à respecter l’artiste. Enfin un tel observe: «Moi ce sont les commentaires qui me choquent et pas Tralala Lita. Le nombre de commentaires négatifs ne m’étonne pas. Je pense que les intolérants volent en escadrons et se rameutent les uns les autres».
Présence policière
Le 7 juin, ce sera la cinquième fois que Vincent David vient à Martigny pour sa prestation. La dernière fois, au mois de mars, une discrète présence policière avait été mise en place. Ce sera le cas mercredi prochain aussi. La directrice adjointe de la Médiathèque Valais, Aline Héritier, regrette la «récupération» politique de ces événements, qu’elle tient à contextualiser: «Le site de Martigny a fait ce choix dans son offre culturelle, qui vise avant tout à la promotion de la lecture, la promotion du vivre ensemble et de l’inclusion. Il ne s’agit pas de faire du prosélytisme de quoi que ce soit d’autre. Les gens qui s’offusquent, pour la plupart, n’ont pas assisté à ces lectures. La bibliothèque propose, les familles disposent. Il n’y a aucune obligation pour personne. Et, il faut le rappeler, depuis la première lecture, le succès est là, les enfants et leurs parents sont émerveillés par ce personnage féerique».
Campagne contre la discrimination en Valais
Cette dernière intervention deTralala Lita coïncide avec le lancement en Valais, le 17 mai dernier, d’une nouvelle campagne pour lutter contre les discriminations à l’égard des personnes LGBTIQ avec des messages sur des bus de transports publics et des spots diffusés dans les gares, cinémas et certains centres commerciaux. Depuis l’année dernière, le canton du Valais a renforcé son engagement contre les discriminations à l’égard des personnes LGBTIQ, sous l’impulsion du Département de la santé, des affaires sociales et de la culture, dirigé par Mathias Reynard.