Attaque à AnnecyRassemblement citoyen en soutien aux victimes
À l’appel de l’équipe municipale, les habitants d’Annecy se retrouvent ce dimanche pour soutenir les victimes et rendre hommage aux personnes intervenues pour stopper l’auteur de l’attaque au couteau.
Les habitants d’Annecy, dans l’émotion depuis l’attaque qui a fait six blessés à coups de couteau dont quatre très jeunes enfants cette semaine, se retrouvent dimanche matin au bord du lac pour un rassemblement citoyen en soutien aux victimes, désormais hors de danger.
L’assaillant, un réfugié syrien récemment parti de son pays d’accueil, la Suède, après des années de vie familiale, a été mis en examen pour «tentatives d’assassinat» et placé en détention provisoire samedi, sans que l’enquête n’ait encore permis de comprendre son geste.
Depuis le drame, perpétré en plein jour sur une aire de jeux proche du lac, une foule afflue sur les lieux pour déposer des fleurs, des peluches, des dessins, des ballons en forme de cœur, tandis que les enfants jouent au toboggan et à la balançoire. «On pense à vous», dit un des messages. Abdalmasih H., lui, est resté muet depuis son arrestation. Le psychiatre qui l’a examiné «a relevé l’absence d’éléments délirants francs», mais il est encore trop tôt pour se prononcer sur une éventuelle «pathologie psychiatrique», a déclaré la procureure d’Annecy Line Bonnet lors d’une conférence de presse samedi.
Les investigations se poursuivent pour «comprendre ses motivations», a pour sa part souligné le patron zonal de la police judiciaire Damien Delaby, en précisant que l’affaire avait mobilisé plus d’une centaine d’enquêteurs. Le pronostic vital des six blessés, pour la plupart hospitalisés en urgence absolue après l’attaque, n’est plus engagé, a par ailleurs annoncé la procureure samedi.
Un garçon de 2 ans, touché au ventre et au thorax, est toujours traité à Grenoble, tout comme une petite fille du même âge, soignée pour «trois plaies thoraciques». Touchée par un coup de couteau, une petite touriste britannique de 3 ans pourra quitter l’hôpital de Grenoble «dans les prochains jours». Enfin, une fillette néerlandaise de 22 mois est toujours soignée à Genève pour trois coups de couteau, selon la magistrate.
Héros ordinaires
Un promeneur portugais de 73 ans, poignardé trois fois puis touché par un tir des policiers pendant l’arrestation, «a pu être entendu par les enquêteurs». Plus légèrement blessé, l’autre adulte, un Français de 78 ans, était très vite rentré chez lui. Lors du rassemblement de dimanche, le maire EELV d’Annecy François Astorg a prévu de rendre hommage à tous ceux qui, pendant l’attaque, ont «agi avec courage et professionnalisme».
Parmi ces héros ordinaires, deux agents municipaux ont tenté d’arrêter l’attaquant à coups de pelle, un jeune loueur de pédalo et un professeur de mathématiques en sortie avec des élèves ont tenté de s’interposer, une assistante maternelle s’est précipitée pour secourir deux enfants blessés, un jeune touriste catholique a pris en chasse l’agresseur…
«Je tiens à saluer les citoyens qui, par leur action, ont pu préserver des vies humaines», a déclaré la procureure samedi devant la presse, avant de saluer «l’engagement des services de secours» et «la réactivité des services de sécurité publique». Le président Macron leur avait déjà exprimé sa «gratitude» et sa «fierté», vendredi au cours d’une cérémonie officielle organisée à la Préfecture de Haute-Savoie. Il s’était notamment attardé auprès d’Henri, le jeune pèlerin catholique, célébré sur les réseaux sociaux comme «le héros au sac à dos».
Des militants d’ultradroite ont manifesté jeudi soir
Le hashtag #MerciHenri est devenu une antienne sur les comptes d’extrême droite, très focalisés, aussi, par le hashtag #francocide, un terme notamment utilisé par Eric Zemmour. Le soir de l’attaque, quelques dizaines de militants d’ultradroite s’étaient retrouvés dans le parc puis dans les rues d’Annecy en scandant «Bleu, blanc, rouge, la France aux Français».
Nommément visé par des messages haineux, le maire d’Annecy a porté plainte contre X samedi matin pour «intimidation» et «diffamation», a-t-on appris auprès de ses services. Après avoir fui son pays en guerre, Abdalmasih H. avait obtenu fin 2013 un permis de séjour permanent en Suède où il avait obtenu l’asile, ce qui lui conférait le statut de réfugié.
«Aucune motivation terroriste n’apparaît à ce stade», selon la procureure. Des témoins l’ont seulement entendu «évoquer sa femme et sa fille et prononcer le nom de Jésus-Christ» pendant l’attaque.