TennisDe nuit, Rafael Nadal rappelle qui est le patron
Le roi de Roland-Garros a déjoué les pronostics pour éliminer le champion en titre Novak Djokovic au terme d’un quart de finale électrique de 4 h 12 bouclé à 1 h 15 du matin.


L’émotion de Rafael Nadal après sa victoire en quatre sets contre Novak Djokovic, dans la nuit de mardi à mercredi.
AFPIl a fait mentir tout le monde, nous compris. Pour ses retrouvailles avec son plus grand rival, Rafael Nadal n’était ni le favori des journalistes, ni celui des bookmakers, ni celui des «légendes» de Roland-Garros. Mais dans la nuit de mardi à mercredi, celle dans laquelle il ne voulait absolument pas jouer, le recordman de titres en Grand Chelem (21) a mis dehors le champion en titre Novak Djokovic sans qu’il n’y ait rien à redire, 6-2, 4-6, 6-2, 7-6 (7/4).
Premier jeu: 12 minutes
Peu avant 21 heures, mardi, alors que la lumière déclinait sur le court Philippe-Chatrier et que seule la rangée la plus haut placée était illuminée, le tout premier jeu du 59e duel entre ces deux légendes vivantes a été long de douze minutes. À ce moment-là, c’est tout une arène qui savait dans quoi elle s’embarquait.
Survolté, Nadal avait une folle envie d’éviter le round d’observation et choper Djokovic par le col. Il a pris d’entrée son service, sauvé deux balles de débreak à 3-1 et réalisé le double break pour s’offrir le premier set. Comme en 2020, lors de sa défaite en finale, ou l’année dernière lors sa victoire en demie, le Serbe, pas du tout protégé par sa première balle de service, a très mal commencé (6-2).
Fulgurant sur les jambes et à la relance, Nadal a enfoncé le clou sur sa septième opportunité dans le premier jeu de la seconde manche, après une deuxième balle de service de Djokovic à 126 km/h. Après 65 minutes de combat, le natif de Belgrade avait perdu trois fois sa mise en jeu, soit autant que lors des tours précédents. Son pourcentage de première balle est alors remonté. Mais «Rafa» était dans une zone que lui seul connaît sur terre battue (6-2 3-0).
Djokovic dans la nuit
C’est à ce moment-là qu’est arrivée la deuxième vie de ce blockbuster. Alors qu’il faisait face à une balle de break contre lui, Nadal s’est quelque peu débarrassé de la balle sur une amortie qui est venue mourir dans le filet. Après 1 h 22 de jeu, Djokovic est alors enfin entré dans cette demi-finale et a rattrapé son double break de retard, porté par un coup droit retrouvé et qui faisait enfin mal. Une fois la nuit complètement tombée, le Serbe est passé de 0-3 à 4-3 pour ensuite égaliser à un set partout (6-2 4-6). On avait un match.
Le début du troisième set a coïncidé avec le troisième chapitre de cette rencontre. Breaké d’entrée – comme sur les deux manches précédentes –, Djokovic a connu un petit moment de décompression après les quelques minutes d’interruption. Auteur de la bagatelle de 16 fautes directes, il est passé au travers tandis que Nadal, qui aurait pu plonger physiquement, a repris les commandes avec une autorité dingue (6-2 4-6 6-2). L’horloge affichait alors minuit et les deux hommes étaient sur le court depuis trois heures.
Djokovic et le filet
Après trois échecs, Djokovic a enfin tenu sa première mise en jeu au début de la 4e manche. Frustré de voir l’un de ses coups droits ralenti par la bande du filet dans le deuxième jeu, il a déversé sa colère sur ce maudit filet, avec qui il a souvent manqué de chance en début de nuit. Une poignée de points plus tard, il a réalisé le break avant de le confirmer. À 5-3, le No 1 mondial pensait envoyer tout le monde dans un cinquième set de tous les possibles. Mais Nadal n’a rien lâché…
Sur sa première balle de set, Djokovic a envoyé son revers croisé dans le filet. Sur la seconde, Nadal a dégainé un passing de revers spectaculaire. Un point plus tard, sur une balle de débreak, le Majorquin n’a rien pu faire sur une amortie divine du Serbe. Mais sur sa deuxième occasion, son coup droit décroisé est resté dans le court et «Rafa» a ainsi égalisé à cinq jeux partout devant des spectateurs soit emmitouflés dans des plaids, soit debout à chanter et à hurler. Il n’y avait plus d’entre deux.
«Rafa» ne voulait absolument pas d’un cinquième chapitre alors il est allé chercher le premier point du jeu décisif au filet, sur le service adverse. Vite mené 3-0 alors qu’il venait de se tromper de côté sur une attaque de coup droit, Djokovic est revenu de 6-1 à 6-4 sur une prise de risques maximale en retour de coup droit. Mais Nadal a réussi un dernier revers gagnant avant de lâcher prise après 4 h 12 de match. Mercredi, à 1 h 15, il a rappelé à tout le monde qui était le patron de la Porte d’Auteuil. De jour comme de nuit.