Guerre en UkraineAccusations de manipulation à l’ONU entre Occident et Russie
Moscou a désiré une réunion de l’ONU, à New York, prétendant que Kiev possède des armes biologiques. La réunion n’a pas atteint des sommets, certains ambassadeurs regrettant d’être présents.
Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est transformé, vendredi, en un champ d’accusations de désinformation et de manipulation entre l’Occident et la Russie, à l’occasion d’une réunion demandée par Moscou sur une prétendue présence en Ukraine d’armes biologiques coordonnée avec les États-Unis, qui ont démenti en bloc.
L’Ukraine dispose «d’un réseau de trente laboratoires», où sont menées des «expériences biologiques très dangereuses», a affirmé l’ambassadeur russe, Vassily Nebenzia. L’ONU «n’est au courant d’aucun programme d’armes biologiques en Ukraine», avait au préalable déclaré une responsable de l’ONU en désarmement, Izumi Nakamitsu, tandis que les ambassadeurs d’Ukraine et des États-Unis rejetaient les allégations russes.
«Dans le seul but de mentir»
Moscou utilise le Conseil de sécurité pour proférer «une série de théories du complot sauvages, complètement sans fondement et irresponsables», a lancé l’ambassadrice britannique, Barbara Woodward. Son homologue américaine, Linda Thomas-Greenfield, a précisé que l’aide apportée par son pays à l’Ukraine en matière de biologie avait pour objectif de détecter des maladies comme le Covid-19. «C’est un travail qui a été fait fièrement, clairement et au grand jour», et «qui n’a rien à voir avec les armes biologiques», a-t-elle expliqué, en accusant Moscou d’avoir convoqué cette réunion «dans le seul but de mentir et de répandre de la désinformation».
Les accusations russes avaient été portées dès jeudi par le ministère de la Défense et le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov.
«Si j’avais su, je ne serais pas venu»
Russie et Ukraine se sont aussi à nouveau accusées de mentir à propos de la maternité de Marioupol, détruite cette semaine par un bombardement russe. Vassily Nebenzia, en brandissant des photos, a affirmé qu’une femme enceinte montrée devant le bâtiment n’en était pas une, son homologue ukrainien, Sergiy Kyslytsya, assurant du contraire en annonçant au Conseil «la bonne nouvelle» qu’elle avait accouché.
Interrogés par l’AFP à la sortie de la réunion, plusieurs ambassadeurs ont exprimé leur désarroi face à la tournure prise par la réunion, certains jugeant qu’elle n’avait pas été au niveau de l’enceinte censée protéger la paix et la sécurité dans le monde. «Si j’avais su, je ne serais pas venu», a commenté un ambassadeur sous couvert de l’anonymat.