Hockey sur glace: «Ce serait la catastrophe si Ajoie était relégué»

La semaine dans le Jura a commencé par un séisme de magnitude 3,0 sur l’échelle de Richter, lundi soir en Haute-Ajoie. Mais si tout le canton tremble, c’est avant tout pour l’avenir de son club de hockey sur glace. Car dès ce jeudi soir (20h) à la Raiffeisen Arena, le HC Ajoie joue son avenir en National League dans un barrage de tous les dangers contre le rival historique de l’Arc jurassien, le HC La Chaux-de-Fonds.

À quelques heures du début de cette série au meilleur des sept matches, c’est tout une région qui retient son souffle. Une certaine angoisse se fait même ressentir dans les rues de Porrentruy. «On est tendus avant ce derby, reconnaît Steve (46 ans). Il y a un gros enjeu pour les deux clubs, et peut-être encore plus pour le HCA par rapport aux ambitions futures. Mais on reste sereins.»

De la sérénité, la Vouivre et ses supporters en auront bien besoin s’ils entendent assumer leur statut de favori dans ce périlleux duel qui les oppose au tout récent champion de Swiss League. Car la venue des Abeilles, qui patinent en pleine confiance et qui sont en réussite totale, ne rassure guère les voisins jurassiens.

«Lorsqu’Ajoie avait été promu en National League, je me rappelle qu’il y avait eu de l’euphorie, témoigne André (68 ans). Cette dernière amène quelque chose en plus. La Chaux-de-Fonds a quasiment tout gagné depuis des semaines. L’équipe est au top, alors qu’Ajoie a quand même pris un petit coup au moral. La tension et le stress commencent à monter, mais je pense qu’on a les capacités de faire la différence grâce à l’expérience et à la rapidité de la National League.»

Pour les supporters bruntrutains, l’équipe dirigée par Julien Vauclair devra être prête d’entrée car l’acte I devrait, selon eux, revêtir une importance capitale. «Il faut gagner le premier match et tout de suite montrer qu’on est supérieurs à La Chaux-de-Fonds, reprend notre interlocuteur. C’est important car les deux dernières défaites concédées contre Langnau ne sont pas encore avalées. On devait gagner ces deux matches. Malheureusement, c’est le sport.»

Et à ce petit jeu, les Ajoulots ont fini par perdre la série (4-2) face aux Tigres. Mais ils ont montré du caractère, ce qui a eu pour effet de quelque peu rassurer les fans. «Malgré la défaite, j’ai trouvé que les joueurs se sont bien battus, se félicite Louanne (20 ans). Malgré la fatigue, ils sont allés au bout d’eux-mêmes. C’est dommage, mais ils ont bien joué quand même. Ça nous donne des motifs d’espoir pour cette série contre La Chaux-de-Fonds.»

Pour passer l’épaule, la formation jurassienne devra toutefois gommer les erreurs entrevues contre son homologue emmentalois. Et tenter de trouver des solutions face aux manquements qui ont accompagné le HCA depuis le mois de septembre.

«Cette série contre Langnau nous a rassurés dans le sens où on a prouvé qu’on pouvait rivaliser avec une équipe accrocheuse et combative, reprend Steve. Mais elle nous a aussi déçus car on n’a pas réussi à maintenir notre niveau dans les moments-clés. Lors de ces derniers, on a peut-être tergiversé et fait les mauvais choix. Sur le fond, je pense qu’on est à notre place sur l’ensemble de la saison.»

Pour sauver cette dernière, le HCA va devoir cueillir quatre succès d’ici au 12 avril prochain. S’il n’y parvenait pas, l’échec serait retentissant et la relégation serait vécue comme un drame par tout un canton. «Après tout ce qu’a investi le club, ce serait la catastrophe si Ajoie était relégué, alarme André. C’est presque inimaginable. Et si c’est pour jouer à nouveau devant 300 spectateurs… Avec tout ce que le club a mis en place, avec le professionnalisme qui va désormais jusque dans les catégories juniors, ce serait vraiment con que tout soit gâché maintenant.»

Un sentiment redouté et partagé par Louanne, qui explique la place importante qu’a le club à la Vouivre dans le Jura au niveau social. «En cas de relégation, il y aurait pas mal de déception dans le canton du Jura, confirme-t-elle. On est une petite équipe qui est parvenue à monter en National League. C’est une fierté pour nous. Ce club permet aussi de nous retrouver entre collègues ou entre amis à la patinoire en marge des matches.»

Un aspect qui plaît à Léo. Si le jeune homme de 17 ans appréhende l’issue du barrage, il continuera de se rendre à la Raiffeisen Arena la saison prochaine. «C’est clair que ça nous fait un peu peur de se dire qu’ils pourraient redescendre, avoue ce passionné. Je pense que cette éventuelle descente pourrait être mal vécue au début. Mais je me dis aussi qu’il y aura toujours autant de fans et d’ambiance à la patinoire, même en cas de relégation.»

Ce dernier terme est d’ailleurs devenu un peu tabou du côté de Porrentruy. «On n’envisage pas une relégation, en tout cas pas maintenant», prévient Steve. Avant de révéler ce qui fait le sel des derbys face au HCC. «Cette rivalité avec La Chaux-de-Fonds est très, très vieille. Les gens qui suivent ces deux clubs sont de véritables passionnés. Il y a beaucoup d’engouement derrière ces deux équipes. On le voit sur les réseaux sociaux, où c’est un peu chaud.»

En ce sens, il y avait difficilement pire adversaire que La Chaux-de-Fonds pour jouer sa survie en National League. «J’aurais effectivement préféré affronter Olten ou un autre adversaire, confesse André. Car il y a toujours eu une sacrée rivalité entre ces deux clubs. Ça va être chaud-patate. Ça va donner sur la glace, mais aussi en tribunes.»

On l’aura compris, Ajoulots et Chaux-de-Fonniers ne se feront aucun cadeau au cours des deux prochaines semaines. Avec, au terme du barrage, un nouveau tremblement de terre ou un retour au calme dans le Jura?