Iran«Le début de la fin» du pouvoir, espèrent les manifestants
Des militants ont appelé à de nouvelles manifestations samedi à travers l’Iran contre le pouvoir, un mois après le début du mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini.
Malgré le blocage par les autorités de l’accès aux applications Instagram et WhatsApp, des militants ont lancé samedi un appel en ligne à manifester sous le slogan «Le début de la fin!» du pouvoir. Ils ont encouragé les jeunes et la population iranienne à manifester dans des endroits où les forces de sécurité ne sont pas présentes et à scander «Mort au dictateur», en référence au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.
Face aux appels à manifester contre le pouvoir, le Conseil islamique de coordination du développement, un organisme officiel, a appelé les Iraniens à dire, après la prière du soir, «à l’intérieur des mosquées leur colère contre les émeutiers et la sédition, afin de contrer les complots des ennemis de l’Iran».
Au moins 108 morts
Depuis le 16 septembre, des jeunes femmes, étudiantes et écolières, sont le fer de lance des manifestations: elles scandent des slogans antigouvernementaux, enlèvent leur foulard et affrontent les forces de sécurité. Au moins 108 personnes ont été tuées dans la répression, selon l’association Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo. Amnesty International a affirmé qu’au moins 23 enfants âgés entre 11 et 17 ans avaient été «tués par les forces de sécurité». Et des centaines de personnes ont été arrêtées.
Dénonçant la politique de deux poids deux mesures, le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a affirmé vendredi: «Qui aurait cru que la mort d’une seule fille serait aussi importante pour les Occidentaux? Qu’ont-ils fait concernant les centaines de milliers de martyrs et de morts en Irak, en Afghanistan, en Syrie et au Liban?» Les Occidentaux continuent d’apporter leur soutien aux manifestants.
Vendredi, Joe Biden, dont le pays est ennemi juré de l’Iran, a affirmé se tenir «aux côtés des citoyens, des courageuses femmes d’Iran», appelant le pouvoir à «mettre fin à la violence contre ses propres citoyens». Les dirigeants iraniens accusent les États-Unis de déstabiliser leur pays en fomentant des «émeutes» et rejettent comme une ingérence dans leurs affaires les condamnations de la répression.
«Grand moment dans l’histoire»
Alors que l’Union européenne s’apprête à imposer lundi des sanctions à l’Iran, le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a, lors d’une conversation téléphonique vendredi, appelé le diplomate en chef de l’UE Josep Borrell à adopter une «approche réaliste». Borrell a lui dit sur Twitter que «la répression violente doit cesser immédiatement. Les manifestants doivent être libérés».
Après une vaste campagne d’arrestations contre des artistes, des dissidents, des journalistes et des sportifs, le réalisateur de cinéma iranien Mani Haghighi a affirmé que son pays lui avait interdit de se rendre au Royaume-Uni pour le Festival du film de Londres en raison de son soutien aux manifestations. Dans un message vidéo diffusé vendredi sur Twitter, il a qualifié les manifestations de «grand moment dans l’histoire».