Bande dessinéeLe nouveau Gaston Lagaffe paraîtra quand même en novembre
La reprise du héros de Franquin avait été contestée par sa fille. Mais un arbitrage a permis aux éditions Dupuis de publier cet album signé par le Québécois Delaf.
Le 22e tome des aventures de Gaston Lagaffe paraîtra le 22 novembre, au terme d’un contentieux qui a failli empêcher l’album de voir le jour, ont annoncé mardi les éditions Dupuis. «Le Retour de Lagaffe» (48 pages) est signé du dessinateur québécois Delaf (Marc Delafontaine à l’état civil).
Ce dernier avait repris la série avec l’intention de respecter très scrupuleusement l’esprit du créateur du personnage, le Belge André Franquin (1924-1997). Toutefois, la fille et ayant droit de Franquin, Isabelle, avait demandé d’arrêter le projet dès qu’elle en avait été informée début 2022.
Franquin était contre
Son père, insistait-elle, avait «toujours exprimé de son vivant, de manière continue et répétée, sa volonté que Gaston ne lui survive pas sous le crayon d’un autre dessinateur».
Pour trancher le différend, les éditions Dupuis et Isabelle Franquin avaient opté pour un arbitrage privé, en l’occurrence celui d’un avocat de Bruxelles. Celui-ci avait conclu en mai 2023 que Gaston Lagaffe pouvait renaître «à condition de solliciter l’approbation préalable d’Isabelle Franquin». Du point de vue de l’ayant droit, «tout refus (…) doit être justifié par des motifs éthiques ou artistiques», précisait l’arbitre.
Gaston Lagaffe, employé de bureau à la paresse et à la maladresse légendaires, est un antihéros créé en 1957 qui personnalise la résistance aux injonctions à la productivité et au conformisme.
Delaf a revendiqué une méthode particulière pour reprendre le personnage: il en a répertorié soigneusement toutes les attitudes et caractéristiques, ainsi que tout son environnement, avant de l’immerger dans des situations plus modernes. Son dessin copie à la perfection celui de Franquin.
Ce choix a laissé sceptique une partie de la critique et des auteurs. «Le dessinateur, bon élève, s’est constitué une base de données de 10 000 fichiers à partir de l’œuvre originale. Trop de respect peut-il donner un bon hommage? Gaston Lagaffe mériterait sans doute un peu plus de folie», écrivait en juin le magazine «Les Inrockuptibles».