FOOTBALL: Winterthour, cette surprise que personne n’avait vu venir

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FOOTBALLWinterthour, cette surprise que personne n’avait vu venir

Le néo-promu zurichois n’en finit pas de déjouer les pronostics. Hormis YB, personne n’a fait mieux que lui dans un deuxième tour en train d’ébranler bien des certitudes. 

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
Vainqueurs 1-0 du FC Saint-Gall, ce dimanche les joueurs du FC Winterthour ont partagé leur joie avec celle de leur fidèle public.

Vainqueurs 1-0 du FC Saint-Gall, ce dimanche les joueurs du FC Winterthour ont partagé leur joie avec celle de leur fidèle public. 

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Soyons clairs: lorsqu’il s’était agi, au coup d’envoi de la saison 2022-2023, de désigner l’équipe de Super League qui terminerait dernière – et donc barragiste appelé à défier en barrage le troisième de Challenge League au printemps prochain – , un seul nom s’imposait alors, en l’occurrence celui du FC Winterthour, condamné avant même d’avoir joué. Tant personne n’imaginait le néo-promu pouvoir échapper au sort que tout le monde lui prédisait déjà.

Douze semaines ont passé et… Winterthour fait largement mieux que se défendre dans une élite qu’il désespérait de retrouver, lui dont le précédent passage remontait à l’exercice 1984-1985. Ses débuts ont certes été bien laborieux, conformes à la réalité redoutée, comme l’ont démontré ses trois cuisantes défaites encaissées coup sur coup à domicile (1-4 contre Lugano, 1-5 contre YB et 0-6 contre Lucerne). Mais l’équipe, depuis la pause internationale de septembre, a su trouver son rythme et se ressaisir au point d’enchaîner les succès sans rien devoir à personne.

Sion peut en témoigner, qui a trouvé moyen d’abandonner six points lors de ses deux confrontations.

Vent de fraîcheur

C’est tellement vrai que le club de la Schützenwiese s’impose même dorénavant comme l’une des formations du moment, peut-être même la plus en vue si l’on place ses résultats en perspective avec son budget. Sur la base des résultats intermédiaires du deuxième tour (soit sur les 5 derniers matches), les Lions zurichois, surfant sur une série de 3 victoires et un nul contre un revers, pointent ainsi juste derrière Young Boys – avec 10 unités engrangées contre 11 pour le club bernois. Sont-ils en surrégime comme d’aucuns le pensent? Peut-être. Mais savoir profiter des bons moments – et prendre les points qu’il faut à ce moment-là – représente aussi une qualité.

Une qualité qui fait souffler un vent de fraîcheur dans un championnat qui en manquait peut-être. Actuel 9e du classement avec six points d’avance sur la place de barragiste, les coéquipiers des Romands Timothy Fayulu et Thibault Corbaz sont en train de mettre pas mal de monde dans la gonfle en ne comptant que quatre points de retard sur le podium européen. 15 points, c’est probablement déjà plus que ceux qu’ils auraient dû amasser en 36 sorties à en croire les augures d’avant-saison. Voilà qui n’est pas fait pour nous déplaire.

Car Winterthour, c’est l’antithèse des grosses écuries du championnat. D’une ligue à l’autre, l’équipe n’a d’ailleurs que peu changé. 25 des 27 éléments composant son effectif possèdent le passeport suisse – seuls Ramizi et Diaby sont considérés comme étrangers – et le jeu que l’on essaie d’y pratiquer, sans jamais être flamboyant, vaut sans doute mieux qu’un haussement d’épaules dédaigneux. D’autant que l’on y rencontre aussi quelques pépites à l’image du très intéressant Matteo Di Giusto. 

Entre un FC Zurich, champion à la traîne qui peine à décoller, et un incorrigible GC branché sur l‘alternatif, Winterthour est en train de régler à son avantage la rivalité cantonale.

Forte identification

Sur le banc, Bruno Berner, arrivé cet été, poursuit le travail entamé par Alexander Frei. Mais Winterthour, vibrant d’une passion unique dans son modeste stade, c’est aussi et surtout un attachement à des valeurs sociales dépassant le strict cadre sportif. Il en résulte un très fort phénomène d’identification véhiculée dans des gradins qui ne désemplissent pas.

Son parcours rappelle quelque peu celui, en son temps, du «petit» FC Thoune, s’invitant à la table des grands jusqu’à s’offrir une incroyable épopée en Ligue des champions.

Winterthour n’en est bien sûr pas encore là. Il se pourrait même que tout cela ne dure pas et que l’équipe finisse sur la longueur à rentrer dans le rang, donnant raison à tous ceux et celles ayant estimé qu’elle ne valait pas pipette.

Troublant nos fragiles certitudes et parce que totalement inattendu, l’avènement – à son niveau, c’en est un – du FC Winterthour fait du bien, venant troubler un ordre peut-être trop vite établi. Comme réussit à le faire, dans un autre registre, le SLO, leader surprise d’une Challenge League promise au départ à la domination sans partage du Lausanne-Sport. 

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