FranceLe retour au Mali de l’ex-otage Sophie Pétronin scandalise
Le gouvernement estime que la septuagénaire est «irresponsable». Elle se défend: «je n’embête personne».
Paris a vivement critiqué mercredi l’initiative «irresponsable» de l’ex-otage française Sophie Pétronin, dont le retour au Mali, un an après sa libération, provoque l’indignation d’une partie de la classe politique française.
«Nous déplorons le retour de Sophie Pétronin au Mali», a réagi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, en confirmant ce retour, annoncé depuis la veille par plusieurs médias français. La septuagénaire avait été enlevée en décembre 2016 à Gao, avant d’être libérée en octobre 2020.
Le secrétaire d’État a dénoncé une «forme d’irresponsabilité» vis-à-vis de «sa sécurité» mais aussi vis-à-vis «de la sécurité de nos militaires». «Lorsque nous avons des ressortissants qui sont pris en otage à l’étranger, ce sont nos militaires qui vont les secourir au péril de leur vie. Nous avons des soldats qui ont été tués dans le cadre d’opérations pour aller secourir des otages qui avaient été faits prisonniers dans des pays étrangers», a souligné M. Attal, qui a demandé du «respect pour nos soldats». «On suit cette situation et le Quai d’Orsay suit cette situation de très près», a ajouté le porte-parole, sans donner de précisions sur la situation de Mme Pétronin.
«Ingrat, indécent et indigne»
«Ce comportement n’est pas seulement irresponsable et ingrat, il est indécent et indigne», a dénoncé Marine Le Pen sur Twitter. «200 djihadistes ont été libérés pour sauver Mme Pétronin de sa captivité. Ces ennemis de la France ont pu reprendre les armes contre nos soldats qui exposent leur vie pour notre sécurité», a souligné la candidate RN à la présidentielle.
«Le syndrome de Stockholm n’excuse pas tout», a regretté le président du RN Jordan Bardella sur Twitter.
«C’est un sacrilège vis-à-vis de nos soldats, de la France. Nos soldats meurent au Mali, on libère leurs assassins, leurs ennemis pour la sauver et elle y repart: elle est complètement dingue! C’est complètement indécent, compte tenu des efforts de la France!» a dénoncé le président de Debout La France et candidat à la présidentielle Nicolas Dupont-Aignan, sur Cnews.
Accueillie par le président
En octobre 2020, sans véritable consultation avec Paris, le nouveau régime malien avait décidé de libérer plusieurs dizaines de prisonniers arrêtés pendant des opérations antijihadistes, contre quatre otages, dont la Française Sophie Pétronin. Elle avait été accueillie à sa descente d’avion à Villacoublay par Emmanuel Macron. Mais Mme Pétronin, qui a adopté une fillette au Mali, avait exprimé, sitôt libérée, son intention d’y retourner.
Selon Mediapart, l’ancienne otage, âgée de 76 ans, est retournée au Mali depuis mars dernier, une information que M. Attal n’a pas souhaité commenter. Les autorités maliennes, pour leur part, n’ont pas répondu aux questions de l’AFP, qui leur demandait si Mme Pétronin était activement recherchée et si elle pourrait être reconduite à la frontière en cas d’interpellation. En fin de semaine dernière, la direction de la gendarmerie malienne avait donné instruction à toutes les unités de «rechercher très activement» Madame Pétronin.
Les gendarmes avaient reçu l’ordre de «l’appréhender et la conduire sous bonne escorte» à la direction de la gendarmerie, disait ce message interne publié sur des réseaux sociaux et authentifié par l’AFP auprès de services compétents.
«Je suis chez moi ici»
De son côté, Sophie Pétronin s’est défendue mercredi auprès de l’AFP d’avoir agi de manière irresponsable. «Pourquoi irresponsable? Je suis chez moi ici», a dit Mme Pétronin au téléphone à un correspondant de l’AFP.
Mme Pétronin a confirmé qu’elle se trouvait au Mali et paru corroborer qu’elle vivait dans les faubourgs de la capitale Bamako. «Oui, je suis au Mali depuis un moment. Mais je ne suis pas inquiète et je ne suis pas inquiétée», a-t-elle dit, apparemment plutôt étonnée du bruit causé par son retour. «Je me porte bien. Et je suis heureuse d’être là où je suis. Je n’embête personne et personne ne m’embête», a-t-elle dit.
«Je ne sais pas si je suis recherchée et pourquoi», a-t-elle dit. Elle a aussi insisté pour qu’on «laisse (ses) proches tranquilles».