Basketball: La minute en enfer de Mateus Rodrigues Rocha

Comme il a dû trouver le temps long. Déjà, quand un coach se pointe au milieu du parquet pour vous fusiller du regard, ça sent pas bon. Fautif sur un panier de l’arrière nyonnais Colin Dougherty après une touche ligne de fond, Mateus Rodrigues Rocha, tellement précieux pour Vevey depuis le début de la saison, a entendu parler du pays pendant la totalité du temps mort, soit une minute de remontrances verbales épicées de mots doux par son entraîneur Niksa Bavcevic. Depuis les tribunes, même un supporter a volé au secours du jeune joueur en hurlant: «tranquille coach!»

Après la rencontre, on a demandé au technicien s’il ne craignait pas de faire perdre complètement pied à l’un de ses protégés en plein match en agissant de la sorte. Voici sa réponse. «Si on rentre aux vestiaires à la mi-temps avec seulement six points d’avance, c’est parce qu’on fait des erreurs tactiques, des fautes inexcusables à ce niveau alors que nous avions fait un profond scouting. J’ai dit à Mateus de suivre les consignes et qu’il n’était pas concentré. Il a encore une mentalité de joueur de ligue B. Je sais à quel point il peut être bon mais il doit être concentré et vivre avec la pression. Le mercredi, il a été notre meilleur joueur à Neuchâtel. C’est facile d’être le meilleur, une fois, mais c’est plus difficile de le rester. Il s’est relâché et je ne permets pas ça. C’est la seule manière de transformer un joueur de ligue B en joueur de ligue A.»

Croisé à la sortie de la salle, l’ailier du VRB Eliott Kübler a avoué. «C’est le coach le plus dur que j’ai eu. Il est tout le temps comme ça. Mais il ne faut pas le prendre personnellement. Il faut juste prendre l’information. En faisant ça, il cherche à toucher notre ego pour que l’on se reprenne.»

Après la défaite nyonnaise, on a employé les mots «groupe» et «limité» en discutant avec le coach du Rocher Stefan Ivanovic. Et il a répliqué. «On fait des erreurs de concentration ridicules, inutiles, qui nous coûtent le match. Même dans un mauvais jour, nous sommes à un point en début de 4e quart-temps. Seulement avec de l’énergie et de l’envie. Si on marque la moitié de nos tirs ouverts et ceux sur contre-attaque, on gagne, et tu ne me dis pas que nous sommes limités.» Il n’a pas tout à fait tort. Si le BBC Nyon a perdu, c’est aussi car aucun joueur suisse n’est sorti du bois. Jérémy Jaunin n’a pas encore retrouvé son jus de la saison passée et avec son guide à 1/12 au tir, sa formation ne pourra pas espérer grand-chose. Le nombre de points de la délégation helvétique du côté des locaux? 9 sur 68 (Jaunin 3 et Wolfisberg 6). Pour Vevey? 39, notamment grâce à Jonathan Dubas (19) et Eliott Kubler (18). La différence est là.

C’était le choc au sommet de cette journée de SB League. Le champion Fribourg Olympic est rentré du Tessin vaincu pour la deuxième fois de la saison – après le revers contre Monthey lors du match d’ouverture. Où faut-il chercher les raisons de cette nouvelle défaite du groupe de Petar Aleksic? Déjà dans les absences. Celles de Jonathan Kazadi et Uros Nikolic pèsent de tous leur poids et avec ces deux-là en pleine possession de leurs moyens, ça peut changer beaucoup de choses. Un autre élément de réponse? Peut-être aussi la fatigue. FO a fait de la Coupe d’Europe son objectif prioritaire de ce début de saison. Jouer tous les trois jours, enchaîner les voyages, qui plus est avec un groupe incomplet, ça laisse des traces. Natan Jurkovitz et ses copains ont donc quelques circonstances atténuantes. Néanmoins, Massagno, avec sa raquette XXL privée de Marko Mladjan samedi, a envoyé un premier message. Cette année, Robbi Gubitosa possède un groupe et un staff étoffés, bâtis pour mettre fin à l’hégémonie fribourgeoise.

Starwings avait battu Vevey le week-end précédent, les Genevois ne se déplaçaient donc pas à Birsfelden en terrain conquis. Toujours privés de James Karnik et Jeremiah Paige mais aussi de Clayton Le Sann (cuisse), les Lions ont fait le boulot et parfaitement préparé leur rendez-vous avec Monthey samedi. À chaque rencontre, Arkel Lamar s’impose un peu plus comme l’un des tout meilleurs défenseurs de la ligue. L’ailier américain a limité à merveille le champ d’action de De’Shawn Williams. Chirurgical au poste bas en première mi-temps, Noé Anabir s’est lui bien rattrapé après sa copie désastreuse rendue contre Massagno. À ses côtés, James Padgett commence à trouver son rythme. Sera-t-il prolongé au-delà du match face à Monthey?

On a mis Jurassiens et Valaisans dans le même panier. Il faut bien avouer que ces deux surprises-là, on ne les avait pas vues venir. Leader invaincu avec Massagno avant la réception de Lugano, le BBC Monthey a dominé les Tigers pendant une mi-temps avant de s’endormir sur la défense de zone adverse au retour des vestiaires. Résultat, un retour express des Tessinois et une prolongation victorieuse pour la bande à Robert Zinn (103-97). Selon le «Nouvelliste», la recrue valaisanne Jérémy Landerbergue devrait faire ses débuts à Genève.

En déplacement à Lucerne, le BC Boncourt est lui tombé face au cancre de la ligue Swiss Central (78-74). L’absence de Florian Steinmann, convoqué au prochain rassemblement de l’équipe de Suisse, a fait mal à l’équipe d’Etienne Faye, qui a pris l’eau lors du troisième quart-temps sans jamais pouvoir faire son retard. Du côté de Swiss Central, on notera la renaissance de Joël Fuchs (16 points).