AngleterreL’ombre de Boris Johnson plane sur une élection partielle
Après le départ d’une députée proche de l’ex-Premier ministre britannique, un nouveau vote a lieu. Si les conservateurs perdent ce siège, qu’ils ont depuis 1931, ce serait un «effondrement».
Ce jeudi, les électeurs sont appelés aux urnes dans une circonscription-test du centre de l’Angleterre, un scrutin à même de donner au Premier ministre britannique, Rishi Sunak, une idée de l’ampleur de la tâche pour espérer rester au pouvoir.
L’élection, dans le Mid-Bedfordshire, se tient à la suite de la démission de la députée conservatrice Nadine Dorries, une ardente défenseure de l’ex-Premier ministre Boris Johnson, poussé à la démission après une succession de scandales, en premier lieu celui du «Partygate».
Elle se tient d’ailleurs le même jour que celle qui est organisée pour remplacer Chris Pincher, démis pour des agressions sexuelles en état d’ébriété sur deux hommes dans un très select club londonien, une affaire qui avait été fatale à Boris Johnson.
Plus de 90 ans de vote conservateur
Bastion conservateur depuis 1931, la circonscription du Mid-Bedfordshire a été remportée par Nadine Dorries avec une large majorité, 24’000 voix, lors du triomphe des Tories, en décembre 2019. Une défaite représenterait un effondrement considérable. En proie à une crise majeure du coût de la vie, le camp de Rishi Sunak est largement distancé par l’opposition travailliste, menée par Keir Starmer, en vue des prochaines élections, attendues au plus tard en janvier 2025.
Cette élection partielle est donc surveillée de très près. Dans cette circonscription rurale du centre de l’Angleterre, nombre de retraités s’attendent à ce que les conservateurs parviennent à garder le siège, mais que sans le charismatique Boris Johnson, ils aient en revanche du mal l’année prochaine.
Les plus jeunes, eux, expriment souvent un ras-le-bol tel à l’égard des responsables politiques qu’ils ne voteront ni jeudi ni l’an prochain. À l’image de Leigh-Ann Munn, puéricultrice de 31 ans, qui n’a pas encore décidé pour qui elle voterait. Mais la principale préoccupation de cette mère d’un petit garçon, habitant la petite ville d’Ampthill, reste ses factures. Celle des courses a «doublé», «la crèche a augmenté, tout a augmenté, c’est tellement difficile».
Ils vont «simplement retourner au Labour»
«Se débarrasser de Boris» a été une erreur pour le Parti conservateur, estime Maureen Dunlop, ex-employée de musée âgée de 75 ans. «Je sais que ça a été un imbécile», dit-elle en référence au scandale des fêtes à Downing Street, en violation des règles anti-Covid, «mais je ne crois pas qu’ils gagneront sans lui» l’année prochaine.
En 2019, Boris Johnson a remporté une majorité inédite depuis Margaret Thatcher (1979-1990), en ravissant au Labour le traditionnel «mur rouge» du nord désindustrialisé de l’Angleterre. «Tous les gens qui ont voté conservateur plutôt que Labour à cause de lui vont simplement retourner au Labour», prédit-elle.
Les Tories chercheront à convaincre les électeurs que l’économie est à nouveau en bonne voie après le fiasco de l’éphémère Liz Truss, et ses baisses d’impôts non financées.