Royaume-UniLe parti de Johnson subit de lourdes pertes aux élections locales
Les travaillistes ont ravi les conseils clés de Westminster, Barnet et Wandsworth aux conservateurs, vendredi. Ce scrutin avait valeur de test pour le Premier ministre britannique.
Miné par le scandale du «partygate» et l’envolée des prix, le Parti conservateur du Premier ministre britannique Boris Johnson a subi un revers lors d’élections locales qui laissent également augurer un tournant historique en Irlande du Nord.
Le renouvellement jeudi de 200 conseils locaux en Angleterre, Pays de Galles et Écosse s’est traduit par un net recul dans les urnes des tories, sans toutefois entraîner l’effondrement redouté après les révélations en cascades sur les fêtes à Downing Street pendant les confinements, qui ont valu une amende au chef du gouvernement.
Séisme politique
En Irlande du Nord, les indépendantistes du Sinn Fein, partisans de la réunification avec l’Irlande, arrivent largement en tête, selon des résultats encore partiels, laissant entrevoir un séisme politique dans la province.
Le lent décompte a commencé vendredi par des victoires très symboliques pour l’opposition travailliste qui a remporté à Londres les conseils de Westminster, contrôlé par les tories depuis sa création en 1964, de Barnet ainsi que Wandsworth, «conseil favori» de l’ex-Première ministre Margaret Thatcher. Ses gains sont plus limités ailleurs en Angleterre.
Au total, selon des résultats quasi complets, les conservateurs perdent une dizaine de conseils et plus de 400 sièges, au profit du Labour mais aussi des libéraux-démocrates, qui progressent fortement.
Des résultats «mitigés»
En Écosse, le parti nationaliste SNP se renforce, suivi par les travaillistes qui ont ravi la deuxième place aux conservateurs. Le Labour reste premier au Pays de Galles.
Boris Johnson a évoqué des résultats «mitigés», mais s’est dit déterminé à rester en place pour s’attaquer notamment à la perte de pouvoir d’achat des Britanniques.
Enhardi par les résultats à Londres, le chef du parti travailliste Keir Starmer a salué un «tournant» avant les législatives prévues en 2024.
Pour la BBC, l’expert en élections John Curtice a souligné que le Parti conservateur était à son point bas électoral depuis la victoire triomphale de Boris Johnson en 2019.
Effets du «partygate»
Marqués traditionnellement par des enjeux très locaux et une faible participation, ces élections jaugeaient pour la première fois les effets du «partygate».
Au pouvoir depuis 12 ans, les conservateurs se voient aussi reprocher leur soutien insuffisant à des ménages étranglés par l’inflation, attendue à plus de 10% dans les mois qui viennent.
Si la popularité de Boris Johnson, 57 ans dont bientôt trois à Downing Street, s’est effondrée ces derniers mois, il a pour l’instant traversé la tempête, mettant en avant son rôle moteur dans le soutien occidental à l’Ukraine, et se dit déterminé à mener la bataille des prochaines législatives.
Malgré la «mauvaise performance» électorale des tories, le politologue Simon Usherwood, de l’Open University, estime que le Premier ministre n’est pas menacé dans l’immédiat. «Ce n’est un signal assez fort pour convaincre de nombreux députés qu’il est temps de se débarrasser de Johnson», explique-t-il à l’AFP.