FootballSion doit pouvoir se projeter dans une nouvelle réalité
Alors que deux ou trois retouches sont pressenties à Tourbillon, l’avenir du club valaisan se joue surtout en coulisses. Entre Christian Constantin et le pouvoir politique, le match s’annonce serré.
- par
- Nicolas Jacquier
Après un demi-championnat, un premier verdict est tombé. Sauf improbable cataclysme, on sait déjà que la promotion n’échappera pas au printemps prochain au FC Sion ou à Thoune, voire aux deux si le deuxième de Challenge League dominait l’avant-dernier du «Relegation Group» en barrage comme cela avait le cas en juin 2023 quand le SLO avait coulé avec la manière les naufragés de Tourbillon.
Devoir tout miser sur deux matches de barrage s’avère néanmoins beaucoup trop risqué – parce que trop aléatoire – pour pouvoir envisager de s’accrocher à cet aussi dangereux scénario. Quand on s’appelle Sion, il ne peut y avoir d’objectif que la première place, seule garantie d’une promotion automatique.
Vendredi soir, le leader de Challenge a péniblement battu la lanterne rouge Schaffhouse 2-1, en ayant eu l’immense mérite de revenir au score, ce qui était loin d’être gagné d’avance au vu des 45 minutes initiales. Ce mérite-là, Sion le doit autant au caractère que ses joueurs ont affiché qu’au spectacle qu’ils ont offert dans la mesure où leur deuxième période allait être tout à fait convenable.
Les mérites de Didier Tholot
Le voici qui boucle ses 18 premiers matches avec 37 points au compteur. C’est plus que les 34 points qui avaient permis à Wil de virer en tête douze mois plus tôt. Mais c’est nettement moins que le record du FC Zurich, lequel avait déjà engrangé 48 points à Noël 2016.
Challenge League: les podiums à mi-parcours depuis 10 ans
Après les dérives du printemps qui devaient l’expédier par le fond, on doit reconnaître au FC Sion d’avoir pleinement su se renouveler. Il n’est jamais aisé de rebâtir dans l’urgence un projet de jeu lorsque l’on doit composer avec une relégation comme ce fut le cas des Valaisans. D’autres s’y sont cassé les dents. Mais pas ce Sion-là, redevenu une équipe aimée sous la direction de Didier Tholot, l’homme qui a changé les mentalités et sait parler à l’oreille des fans.
Alors sans doute oui, Sion aurait-il pu faire mieux encore, mais ne chipotons pas trop quand l’on sait d’où vient cette équipe. «On aurait certes pu faire mieux, convenait Christian Constantin au moment de dresser un rapide bilan intermédiaire. Mais je ne vais pas me plaindre d’un coach qui m’a fait 37 points.»
Ce faisant, le (fragile) leader de Challenge League, qui pourrait ne plus l’être dans quelques heures suivant le verdict de Baden-Thoune, ne pourra pas faire l’économie de tirer les conséquences de ses difficultés persistantes à provoquer le destin, ce que ne conteste pas son président – «il faudra certainement être meilleur en 2024.» Le constat actuel, c’est un manque de poids offensif, parfois compensés par des solutions trouvées sur les balles arrêtées, comme cela s’était produit en début de championnat. Dejan Sorgic se démène comme il peut mais souffre de l’absence d’un réel complément sinon concurrent.
Un attaquant comme priorité No 1
À Tourbillon, le mercato devrait surtout privilégier quelques réajustements, ce que confirme à demi-mot le boss valaisan. «Il n’y a pas grand-chose à faire pour corriger ce qui doit l’être.» La priorité vise l’arrivée d’un attaquant ne possédant pas le même profil que Sorgic. Il serait aussi question de l’engagement d’un milieu défensif, d’un No 6 qui n’existe pas dans le contingent actuel, tout en veillant à ne pas provoquer de déséquilibre à l’intérieur d’un groupe vivant bien ensemble. Pour «assurer» sa montée, Sion devra également bannir ces trop nombreux moments de black-out qui lui ont coûté si cher jusque-là.
Au-delà du mercato hivernal, l’avenir même du club valaisan se jouera surtout en coulisses durant cette pause. On sait que son président a assorti le maintien du football professionnel à la Porte d’Octodure à la construction d’un nouveau Tourbillon. Un méga projet, comprenant aussi un centre d’entraînement à Châteauneuf ainsi qu’un nouveau quartier comprenant la construction de 600 appartements, à plus d’un demi-milliard de francs sur lequel la Ville de Sion et l’État doivent encore se prononcer.
Réponse «officielle» attendue en janvier
Le pouvoir politique est-il prêt à marcher aux côtés de Christian Constantin, et à la même cadence? Alors que le temps presse, le calendrier institutionnel n’étant pas celui des sportifs, une réponse «officielle» est attendue courant janvier.
Or, plus encore que des renforts, Sion a urgemment besoin d’un horizon défini pour entrer dans une autre ère. Aujourd’hui, une maquette, un projet, des intentions, des belles paroles ne suffisent plus. Quand bien même Christian Constantin a répété qu’il n’abandonnera jamais son club, Sion doit pouvoir s’inscrire et se projeter concrètement dans une nouvelle réalité. Faute de quoi, la saison 2023-2024, qui doit être celle du renouveau, ne servirait à rien.
Au moment où les Valaisans jouent la montée et peuvent toujours rêver d’une quatorzième Coupe de Suisse, personne, dans le canton, ne croit pourtant que CC mettrait ses menaces à exécution, à savoir déposer le favori à l’ascension en Super League en… 1re ligue dans quelques mois si son projet n’aboutissait pas ou lui était refusé.
Mais la marge de manœuvre, dans le dossier capital des infrastructures, demeure toujours plus étroite alors que le chronomètre tourne.