US Open: Colossal, Dominic Stricker a réussi le plus dur: confirmer

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US OpenColossal, Dominic Stricker a réussi le plus dur: confirmer

Deux jours après son exploit contre Tsitsipas, le Bernois de 21 ans a encore eu besoin de 5 sets (2-6 7-5 7-6 3-6 6-2) pour écarter Benjamin Bonzi. Le voici en 8es de finale à New York.

Jérémy Santallo
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Jérémy Santallo
Le rêve new-yorkais se poursuit pour Dominic Stricker, après sa victoire au 3e tour de l’US Open contre Benjamin Bonzi.

Le rêve new-yorkais se poursuit pour Dominic Stricker, après sa victoire au 3e tour de l’US Open contre Benjamin Bonzi.

Getty Images

On imagine aisément sa légèreté, de l’esprit et du corps. En pénétrant dans l’enceinte du Grandstand mercredi avec Stefanos Tsitsipas, Dominic Stricker avait sans doute des papillons dans le ventre. Mais surtout un statut d’outsider total qui lui enlevait toute forme de pression. Après s’être révélé aux yeux du monde, le Bernois de 21 ans faisait face à un tout autre défi, peut-être encore plus difficile, vendredi face à Benjamin Bonzi: celui de la confirmation. Malgré cinq sets inégaux, le protégé de Dieter Kindlmann l’a relevé avec succès (2-6 7-5 7-6 3-6 6-2). Une semaine après avoir effacé une balle de match au 2e tour des qualifications, le voici en 8es de finale. Fou!

De retour dans une arène qui avait été le théâtre de son exploit retentissant 48 heures plus tôt contre Tsitsipas mais beaucoup moins ambiancée en ce milieu d’après-midi, vendredi, Stricker a attaqué son rendez-vous avec Bonzi comme un fantôme: des jambes qui ne tournent pas, un coup droit qui ne part pas et un paquet de fautes directes (15). On était alors très loin de mercredi, du joueur à qui tout réussissait et qui chantait du Whitney Houston.

Après avoir sauvé une balle de break dès l’entame de la seconde manche (1-1, contre-pied parfait avec son coup droit), Stricker a tenté de ressusciter l’état d’esprit qui fut le sien deux jours plus tôt. Il a esquissé une petite danse au changement de côté, à 4-3, et pris le service de son adversaire avec, notamment, deux passings exquis. Mais à une balle de revenir à un set partout, par deux fois, il est parti à l’aventure au filet et a vendangé en coup droit.

Tie-break grandiose

L’enfant de Münsingen a fini par arriver à ses fins, à 6-5, grâce à un retour bombé suivi d’une attaque de coup droit croisé. On l’a cru enfin lancé. Il n’en a rien été. À trois reprises, Stricker a récupéré la mise en jeu de Bonzi dans le troisième set. Mais à chaque fois, dans la foulée, il s’est fait débreaker, expédiant de rage au passage une balle dans le ciel new-yorkais qui lui valut un avertissement. Poussé au tie-break, le demi-finaliste du dernier Masters «Next Gen» a ensuite repris ses esprits et démontré une grande lucidité pour virer en tête.

«Quand nous avons voyagé ici, avec mon équipe, personne ne pensait à un 8e de finale. Mais ce n’est pas encore fini.»

Dominic Stricker

C’est là qu’il faut rendre un hommage appuyé à Bonzi. Si le Français de 27 ans n’émarge plus qu’au 108e rang mondial, lui qui a flirté avec le top 40 en février, c’est parce qu’il a enchaîné les pépins physiques au printemps, accusant une blessure au poignet gauche qui l’obligea à passer sur des revers à une main à Wimbledon. Vendredi, le Nîmois a traversé le 4e set en lévitation, s’engageant dans chaque revers comme si c’était le dernier, et ne donnant plus rien (2 fautes directes) à Stricker, à nouveau embarqué dans un combat en 5 sets après celui contre Tsitsipas.

Comme face au Grec, «Domi» a prouvé qu’il avait de la ressource, et que les inquiétudes sur son physique et sa résistance à la longueur de l’effort n’ont pas lieu d’être. Il a écarté deux balles de break sur des services gagnants, avant de s’envoler pour de bon. «Je suis très heureux, j’ai vraiment augmenté mon niveau dans le 5e set. Je ne sais pas vraiment quoi vous dire de plus, a-t-il réagi sur le court, après 3h27 d’efforts. Quand nous avons voyagé ici, avec mon équipe, personne ne pensait à un 8e de finale. Mais ce n’est pas encore fini.»

Stricker, qui défiera l’Américain Taylor Fritz (9e) dimanche, s’est déjà assuré 284’000 dollars – son prize money en simple depuis le début de sa carrière, en 2020, est de 272’000 dollars – et un bond de 42 places au classement ATP – de la 128e à la 86e place mondiale. Le rêve new-yorkais en trois dimensions.

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