TennisSpectacle, insolite et insultes: le public de l’US Open a été gâté
Des chaussures d’Andy Murray aux vilains mots de Benoît Paire, le public new-yorkais a eu droit à un début de tournoi sur les chapeaux de roue à Flushing Meadows.
Pour leur retour à Flushing Meadows, après avoir été privés d’US Open l’an passé en raison du Covid-19, les spectateurs new-yorkais ont eu droit à un surplus d’attente, à du suspense et de l’incongru avec le choc Tsitsipas – Murray, et même aux insultes de Benoit Paire.
Après l’édition précédente jouée dans un huis clos assourdissant, ça grouillait de monde dans les travées du centre national Billie Jean King, la mairie ayant donné l’autorisation de remplir à pleine capacité les stades de fans de la petite balle jaune, à condition de présenter une preuve de vaccination. Cette formalité, parfois longue, effectuée, ils en ont eu pour leur argent lors de cette première journée.
Sur le court, Arthur Ashe, l’affiche intergénérationnelle entre le 3e mondial Stefanos Tsitsipas et l’ancien vainqueur de 2012 Andy Murray, a tenu ses promesses. Si le Grec a fini par s’imposer 2-6, 7-6 (9/7), 3-6, 6-3, 6-4, au bout de presque cinq heures d’un show de haute volée, c’est bien le volcanique Écossais qui a offert, outre quelques points somptueux, des instants parfois surréalistes.
Après une glissade dans le tie-break du deuxième set, sa chaussure trempée de sueur laissant une trace de gomme sur le ciment, Murray s’est adressé à son staff, incrédule: «J’ai besoin d’une autre paire!» Mais celle-ci n’est jamais venue et le joueur de pester: «Vous ne faites jamais attention aux détails! Jamais!»
Plus en retenue, Tsitsipas expliquait après coup: «rien n’a été facile aujourd’hui, j’ai dû faire des sacrifices pour revenir, mais je l’ai fait dans une ambiance qui était super. Ce n’est pas pour rien si ce public est l’un des meilleurs au monde… Être là, dans une atmosphère électrique, c’est ce qu’on attendait depuis deux ans.»
Longue file d’attente
Ces mots ont résumé le sentiment général des joueurs en cette entame de compétition, la Roumaine Simona Halep (13e) soulignant qu’«on ressent de nouveau toute l’énergie, on se sent vivant sur le court. J’espère que ça continuera comme ça.» Elle a battu l’Italienne Camila Giorgi.
Pour Sloane Stephens, lauréate du Majeur en 2017, «être Américaine et jouer à l’US Open est quelque chose d’incroyable. L’atmosphère, les fans, l’énergie ici, par rapport aux autres Grands Chelems, est incomparable», a-t-elle dit au sortir de sa qualification.
Le début de son match contre Madison Keys aux alentours de midi dans l’immense enceinte du Arthur Ashe laissa pourtant entrevoir de nombreux gradins vides. Car la foule, d’abord empêtrée dans les embouteillages sur la route ou dans le métro, a ensuite été soumise à une longue file d’attente l’obligeant à patienter jusqu’à deux heures.
La Fédération américaine de tennis est venue expliquer que ces retards étaient en grande partie dus au fait que «les spectateurs arrivaient plus tard que par le passé et qu’ils ont apporté un très grand nombre de sacs devant tous être fouillés». Pour ce qui est du processus de vérification des vaccinations, il s’est effectué «sans problème» a précisé l’instance organisatrice du tournoi.
Le public, dont l’affluence a atteint 53’783 personnes, n’a pas manqué de prendre le temps de s’alimenter sans compter au «food village», tout en assistant aux matches sur les écrans géants, presque à touche-touche, comme dans une vie sans pandémie.
La nuit tombée, une queue immense s’est formée afin de pouvoir assister aux grands débuts de la tenante du titre Naomi Osaka. «C’est un peu fou de jouer à nouveau devant tout le monde. L’énergie qui en émane est inégalée», a apprécié après-coup la Japonaise.
Plus tôt, sur le plus confidentiel No 13, ils étaient bien moins nombreux en tribunes, mais l’un d’eux s’est avéré trop bavard durant un échange pour Benoit Paire, qui l’a gratifié d’un «gros fils de p…», après avoir fracassé un parasol de rage dans le 2e set de son match perdu contre le Serbe Dusan Lajovic.
Et dire que le Français, qui avait déjà franchi de la sorte la ligne jaune par le passé, avait expliqué que son marasme, traîné sur les courts depuis plus d’un an, était dû aux restrictions liées à la pandémie, notamment le fait de devoir jouer sans public…