US Open«Queen Serena» a tiré son ultime révérence
L’Américaine, sublime jusqu’au bout, a fini par s’incliner au 3e tour à New York face à une Ajla Tomljanovic qui s’est montrée à la hauteur de l’événement.
- par
- Simon Meier New York
Il faut commencer par tirer un immense coup de chapeau à Ajla Tomljanovic. C’est à elle qu’est revenu le redoutable honneur de mettre un terme à l’inimitable carrière de Serena Williams à l’US Open - et sans doute tout court. L’Australienne née en Croatie a mérité cet honneur. Car peu de joueuses à l’heure actuelle, très peu même, auraient été capables de sortir victorieuse d’une telle bataille dans un Arthur-Ashe Stadium naturellement tout acquis à sa légendaire adversaire.
La sortie de «Queen Serena», cette folle guerrière dans sa robe à brillants, aura été à la hauteur du quart de siècle écoulé. Son dernier match à Flushing Meadows, perdu en trois sets d’une folle intensité (7-5, 6-7 (4), 6-1), aura été truffé de rebondissements et d’une exceptionnelle beauté.
Le bonze et la tigresse
On ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser qu’avec un brin plus de coffre, l’Américaine aurait pu s’en sortir une fois encore. Dans la première manche, elle a mené 5-3, 30-30 sur son service, avant de perdre un peu le fil face à son admirable opposante. Abattue, Serena Williams? Non, jamais! Elle a abordé le deuxième set avec la zénitude du bonze et la sauvagerie de la tigresse. Résultat: 4-0.
Saoulée de coups, Ajla Tomljanovic a alors titubé. Sans s’écrouler. La 46e joueuse mondiale, qui valait bien mieux que cela sur ce match, a sauvé quatre balles de sets à 5-2, au cours d’un huitième jeu stratosphérique de plus d’un quart d’heure, et trouvé les ressources pour arracher un tie-break. Elle l’a certes perdu dans une ambiance de corrida. Mais sa résistance a demandé une telle énergie à Serena Williams que cette dernière l’a probablement payé par la suite - on jouait alors depuis 2 h 15.
Une petite mort
L’Américaine aux 23 titres du Grand Chelem, dont six à New York, a entretenu le rêve en breakant d’entrée lors du troisième set. C’était le chant du cygne. Toujours aussi solide, dans son jeu comme dans sa tête, Ajla Tomljanovic a aligné les six derniers jeux de la partie, bien moins facilement que le score ne l’indique. Car Serena Williams n’abdique jamais. Elle a d’ailleurs sauvé cinq balles de match avec la manière, avant de s’avouer battue après trois heures et des poussières de lutte.
Vingt-cinq ans d’histoire venaient de défiler, comme une petite mort, comme une ode à la vie. Dans une atmosphère surchargée d’amour et d’électricité, Tina Turner pouvait envoyer son «Simply the best» à la sono du stade. À la fois radieuse et en larmes, l’Américaine de bientôt 41 ans a remercié les siens, papa à la maison, maman et sa sœur Venus en tribunes, son mari et tous les autres, ce public inconditionnel et le monde entier. Voilà, c’est fini. Ajla Tomljanovic a hautement mérité sa victoire. Mais à peu de chose près, le conte de fées aurait pu prendre une autre proportion encore. Oui, Serena, encore.