CyclismeQuatre mois requis contre la «spectatrice à la pancarte»
La spectatrice qui avait fait tomber une cinquantaine de coureurs lors de la première étape du Tour de France 2021 comparaissait ce jeudi, au tribunal correctionnel de Brest.
Quatre mois de prison avec sursis ont été requis jeudi, à l’encontre de la jeune femme qui avait provoqué une chute massive de coureurs du Tour de France, en brandissant une pancarte à l’intention de ses grands-parents en juin dernier.
La substitute au procureur Solenn Briand a souligné devant le tribunal correctionnel de Brest que la prévenue, âgée de 31 ans, avait reconnu «la dangerosité de son comportement» et «présenté des regrets». Le jugement a été mis en délibéré au 9 décembre.
«Allez Opi-Omi!»
Vêtue d’un pantalon et d’un pull bleu marine, la jeune femme, sans emploi et sans casier judiciaire, a fui les caméras à son arrivée au tribunal correctionnel. Son avocat, Julien Bradmetz, a immédiatement demandé que les débats se passent à huis clos, demande rejetée par le président de séance.
«Allez Opi-Omi!» (papy-mamy en allemand, sa grand-mère étant d’origine allemande), avait écrit la jeune femme, en grosses lettres sur un bout de carton, à l’adresse de ses grands-parents, fans inconditionnels de la Grande Boucle.
C’était le 26 juin dernier, sur la commune de Sizun, à 45 km de l’arrivée de la première étape du Tour, partie de Brest. La jeune femme, qui réside dans le Finistère, avait brandi sa pancarte en empiétant sur la chaussée, dos au peloton. Plusieurs coureurs, lancés à vive allure, n’avaient pu l’éviter. L’Allemand Tony Martin, le premier à tomber, avait entraîné dans sa chute de nombreux autres cyclistes.
Son message a fait le tour du monde, mais les conséquences de ce que cette femme de 31 ans a qualifié de «bêtise» ont été graves.
«Préjudice physique, moral et économique»
«En montrant son panneau «Allez Opi-Omi» aux caméras, (elle) a fait tomber une cinquantaine de coureurs, dont certains ont été contraints à l’abandon, en raison de blessures corporelles graves», a regretté mercredi, dans un communiqué, l’organisation internationale Cyclistes professionnels associés (CPA), partie civile au procès qui a débuté à 13 h 30.
Plusieurs coureurs avaient été contraints à l’abandon, dont l’Allemand Jasha Sütterlin (DSM) et l’Espagnol Marc Soler (Movistar). Ce dernier, vainqueur de Paris-Nice 2018, avait eu trois fractures aux bras.
«Le préjudice subi par les coureurs est physique, moral et économique. Un athlète s’entraîne des mois pour un grand Tour, et il n’est pas acceptable que tout son travail acharné, celui de sa famille, de son staff et de son équipe soit anéanti en un instant, par la quête de popularité de ceux qui devraient assister à l’événement sans en devenir les protagonistes», peste dans le communiqué, le président de l’organisation basée en Suisse, l’ancien pro italien, Gianni Bugno.
La seule association de coureurs reconnue par l’Union cycliste internationale (UCI) a néanmoins fait savoir qu’elle ne demandait qu’une indemnité symbolique d’un euro, disant vouloir uniquement attirer l’attention du public sur la nécessité d’adopter «une attitude responsable et respectueuse envers les coureurs».