DiplomatieMoscou et Pékin dénoncent de concert l’influence américaine
Peu avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Pékin, les hommes forts russe et chinois, Vladimir Poutine et Xi Jinping, ont critiqué le rôle «déstabilisateur» joué par les États-Unis.

Vladimir Poutine (à gauche) et Xi Jinping se sont rencontrés juste avant l’ouverture officielle des Jeux olympiques de Pékin.
REUTERSLa Chine et la Russie ont publié, vendredi, une déclaration commune pour dénoncer l’influence américaine et le rôle des alliances militaires occidentales, l’Otan et AUKUS, en Europe comme en Asie. La déclaration russo-chinoise «sur l’entrée des relations internationales dans une nouvelle ère» a été publiée à l’occasion de la rencontre de Vladimir Poutine et Xi Jinping à Pékin, vendredi, juste avant l’ouverture des Jeux olympiques.
Les deux pays, aux relations toujours plus tendues avec Washington, y dénoncent le rôle déstabilisateur des États-Unis pour la «stabilité et une paix équitable» dans le monde. En particulier, ils se disent «opposés à tout élargissement futur de l’Otan», faisant écho à l’exigence première de Moscou pour parvenir à une désescalade des tensions russo-occidentales en Ukraine. Ils appellent «l’Alliance atlantique nord à renoncer à ses approches idéologisées datant de la Guerre froide», une ligne défendue bec et ongles par la Russie.
«Influence négative pour la paix et la stabilité»
La Russie et la Chine se rangent derrière le concept de «l’indivisibilité de la sécurité», sur lequel le Kremlin se fonde pour réclamer un départ de l’Otan de son voisinage, arguant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d’autres, en dépit du droit de chaque État, et donc de l’Ukraine, à choisir ses alliances.
Moscou et Pékin dénoncent en outre «l’influence négative pour la paix et la stabilité dans la région de la stratégie indo-pacifique des États-Unis». Les deux capitales se disent aussi «préoccupées» par la création, en 2021, de l’alliance militaire de l’Australie avec le Royaume-Uni et des États-Unis (AUKUS), estimant que cette union, notamment autour de la fabrication de sous-marins nucléaires, «touche à des questions de stabilité stratégique». La création d’AUKUS avait été vivement dénoncée par la Chine, alors que les États-Unis considèrent comme une priorité leur compétition avec Pékin en Asie et dans le Pacifique.
Accords sur le pétrole et le gaz
Sur le plan économique, les deux pays ont signé des accords stratégiques sans en dévoiler les montants. Rosneft et le groupe pétrolier chinois CNPC ont signé un contrat sur l’approvisionnement de 100 millions de tonnes de pétrole russe à la Chine, via le Kazakhstan, sur dix ans. Rosneft affirme être le plus grand exportateur pétrolier pour la Chine (7% de la demande chinoise de brut annuelle).
Gazprom et le même CNPC ont aussi signé un nouveau contrat d’approvisionnement en gaz. «Une fois que le projet aura atteint sa pleine capacité, le volume d’approvisionnement augmentera de dix milliards de mètres cubes et atteindra 48 milliards de mètres cubes par an», y compris les 38 milliards de mètres cubes de livraisons via le gazoduc existant Power of Siberia, selon le géant gazier russe.