France: «J’ai une vidéo vous montrant le cul à l’air avec un mec»

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France«J’ai une vidéo vous montrant le cul à l’air avec un mec»

Politique, sextape et chantage: le maire de Saint-Étienne est accusé d’avoir cherché à museler un rival.

Les appels à la démission de Gaël Perdriau se multiplient.

Les appels à la démission de Gaël Perdriau se multiplient.

AFP

La commune de Saint-Étienne (centre-est) est agitée depuis un mois par un scandale sans précédent. Le maire est accusé d’avoir orchestré un chantage à la sextape pour écarter un rival, filmé dans une chambre d’hôtel avec un homme.

Tout démarre par une soirée de janvier 2015, dans une chambre d’hôtel à Paris, entre Gilles Artigues, le premier adjoint au maire de Saint-Étienne, et un escort gay. Une soirée qu’organisent un autre adjoint au maire, Samy Kefi-Jérôme, et son compagnon d’alors, Gilles Rossary-Lenglet. L’objectif est de piéger et museler Gilles Artigues, marié et père de famille, en filmant la rencontre. Sur la vidéo, dont Mediapart a publié quelques images, on voit Artigues se faire masser par un homme.

«Barbouzage de mœurs»

Selon Gilles Rossary-Lenglet, cette vidéo aurait ensuite permis à l’équipe municipale du maire, Gaël Perdriau (LR, droite), et à son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, de contrôler politiquement l’élu de centre droit (UDI) et de le dissuader d’une éventuelle dissidence. Rossary-Lenglet a aussi déclaré à Mediapart avoir reçu ces dernières années de la mairie une offre d’emploi – qui ne s’est pas concrétisée – et 50’000 euros pour services rendus.

Victime de ce «barbouzage de mœurs», Gilles Artigues a déposé une plainte, fin août, et une enquête a été ouverte par la justice à Lyon. Sur son compte Facebook, celui qui a démissionné en mai de sa fonction de premier adjoint, confesse que ce chantage lui a «pourri la vie». «Cette vie qui est si belle et que j’ai plusieurs fois songé à quitter, tant j’étais désespéré», assure l’ancien député de 57 ans, qui a brusquement interrompu au printemps sa campagne aux législatives.

Gaël Perdriau se défend lui sans relâche et clame n’avoir «jamais eu, jamais vu, jamais utilisé» cette vidéo. Cependant, des enregistrements audio accablants ont ébranlé sa version.

«Vos enfants ne s’en remettront pas»

Car en 2018, Artigues a tenté de faire cesser ce chantage au cours d’une conversation avec le maire et son directeur de cabinet, qu’il a enregistrée et dont des extraits ont été diffusés par Mediapart. «J’ai une vidéo vous montrant le cul à l’air avec un mec. Ça ne vous dérange pas? Le très catholique député Gilles Artigues, très bon père de famille, dans un truc comme ça?» lance Gauttieri, dans cet enregistrement.

Quand Artigues le prévient qu’il pourrait saisir la justice, il lui répond: «Si vous faites ça, l’ensemble des parents et des élèves qui sont dans la même classe que vos enfants recevront une copie du film (…) et je pense que vos enfants ne s’en remettront pas». «Il y a d’autres moyens de faire, on n’est pas obligé de diffuser publiquement», ajoute la voix du maire, en évoquant une diffusion «en petits cercles, avec parcimonie».

Mi-septembre, les enquêteurs ont entendu plusieurs des protagonistes et placé en garde à vue le maire, son directeur de cabinet et l’ex-compagnon de ce dernier, entre autres. C’est le début de la chute pour l’édile de 50 ans: son parti lance mi-septembre une procédure d’exclusion à son encontre, lui, décide de «prendre du recul» et se met en congé de ses fonctions de président à la Métropole. Lundi, lors d’un conseil municipal houleux, il a clamé son innocence: «Cette histoire vise à me détruire», a-t-il dit en défendant sa légitimité au nom de «la présomption d’innocence».

(AFP)

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