Le livre prétendant révéler qui a trahi Anne Frank retiré de la vente

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Pays-BasLe livre prétendant révéler qui a trahi Anne Frank retiré de la vente

L’ouvrage accusait un dignitaire juif d’Amsterdam d’avoir révélé la cachette de la famille de la jeune fille. Mais cette thèse a été démontée par les experts et historiens.

Michel Pralong
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Michel Pralong
L’édition néerlandaise du livre «La trahison d’Anne Frank» a été retirée, des demandes sont faites pour que cela soit aussi le cas pour la version en anglais.

L’édition néerlandaise du livre «La trahison d’Anne Frank» a été retirée, des demandes sont faites pour que cela soit aussi le cas pour la version en anglais.

AFP

C’était le fruit d’une enquête de 5 ans, menée par une équipe dirigée par un agent à la retraite du FBI: le livre «La trahison d’Anne Franck» révélait qui avait dénoncé la famille de la jeune fille, entraînant l’arrestation de tous ses membres et leur déportation dans les camps de concentration dont seul le père revint. Selon la thèse de l’ouvrage, le coupable était Arnold van den Bergh, un notaire juif d’Amsterdam, forcé de collaborer avec l’occupant et qui aurait donné une liste de cachettes possibles de juifs, sans toutefois savoir si elles étaient encore occupées ou pas.

La thèse avait été présentée en janvier dans un documentaire et dans ce livre, signé par l’auteure canadienne Rosemary Sullivan. Mais cette théorie avait immédiatement été critiquée, notamment par le Fonds Anne Frank, basé à Bâle, qui estimait que l’enquête comportait de nombreuses erreurs. Face à ces réactions, l’éditeur néerlandais de l’ouvrage, Ambo Anthos a dans un premier temps présenté ses excuses au public pour avoir publié cet ouvrage, écrivant même à Rosemary Sullivan pour lui dire qu’il aurait dû être plus critique face à son texte. Une nouvelle équipe de chercheurs s’est alors penchée sur cette thèse: «Nous attendons les réponses des chercheurs aux questions qui ont émergé et retardons la décision d’imprimer une autre série» avait communiqué l’éditeur.

Un travail d’amateurs

Les conclusions de la nouvelle équipe d’historiens et d’experts sont tombées: «Il n’y a aucune preuve sérieuse de cette grave accusation» et, pour ces chercheurs, l’enquête est un travail d’amateurs, selon la BBC. Ambo Anthos a donc présenté de nouvelles excuses et a demandé aux libraires de lui restituer leurs stocks, l’ouvrage ne sera plus disponible.

La pression est maintenant sur HarperCollins, qui publie le livre en anglais. Le congrès juif européen lui a demandé d’également rappeler l’ouvrage qui «ternit la mémoire d’Anne Frank et la dignité des survivants de l’Holocauste». La petite-fille d’Arnold van den Bergh, celui que le livre accuse, a fait la même demande: «Avec cette thèse, vous exploitez l’histoire d’Anne Frank, vous falsifiez l’histoire et vous contribuez à une grande injustice», a-t-elle déclaré.

L’équipe d’enquêteurs à la base de ces soi-disant révélations avait tenu à préciser que cela n’était qu’une théorie, mais qu’il y avait 85% de chances qu’elle soit la bonne. «Vous devez être très prudent avant de faire entrer quelqu’un dans l’histoire en tant que traître à Anne Frank à moins d’être sûr à 100% ou même à 200%», avait fait remarquer Ronald Leopold, directeur de la Fondation Anne Frank d’Amsterdam.

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