DiplomatieLes relations entre la Chine et l’Australie se réchauffent
Après des années de tensions, le premier ministre australien Anthony Albanese rencontrera Xi Jinping à Pékin ce lundi. Une première depuis sept ans.
Le président chinois Xi Jinping va recevoir lundi à Pékin le premier ministre australien Anthony Albanese, une rencontre symbole du dégel des relations diplomatiques après des années de tensions qui ont freiné les échanges commerciaux. Le géant asiatique est le principal partenaire économique de Canberra. Mais les liens bilatéraux s’étaient fortement dégradés.
Le gouvernement australien de l’époque avait exclu en 2018 le groupe privé chinois Huawei du réseau 5G du pays et avait demandé en 2020 une enquête internationale sur les origines du Covid-19 – une initiative que Pékin avait jugée politiquement motivée car émanant d’un proche partenaire des États-Unis. Les relations s’étaient également tendues en raison de différends sur de supposées opérations d’influence chinoises en Australie.
«Signes prometteurs»
En réponse, la Chine avait imposé des droits de douane élevés sur des exportations australiennes clés telles que l’orge, le bœuf et le vin. Pékin avait également cessé d’acheter en Australie d’importantes quantités de matières premières, dont le charbon, privant le pays de milliards de dollars de revenus.
Nombre des restrictions au commerce ont toutefois été progressivement levées depuis le retour des travaillistes et d’Anthony Albanese au pouvoir en mai 2022. La rencontre entre Xi Jinping et Anthony Albanese sera la première entre un président chinois et un premier ministre australien depuis plus de sept ans.
S’exprimant auprès des télévisions australiennes, Anthony Albanese a salué lundi les «signes prometteurs» d’une amélioration des relations. Il a fait état d’une «discussion plus constructive» avec Pékin et d’une «augmentation» des échanges commerciaux.
«Relation importante»
«Nous avons déjà vu disparaître un certain nombre d’obstacles au commerce entre nos deux pays», s’est-il félicité. «La Chine est notre principal partenaire commercial», a-t-il ajouté. «Elle représente plus de 25% de nos exportations et un emploi sur quatre dépend de notre commerce. Il s’agit donc d’une relation importante.»
Malgré le dégel, le premier ministre australien avait précisé le mois dernier que les deux pays n’étaient pas alignés sur le plan stratégique et avaient une histoire et des valeurs différentes. «Nous devons coopérer avec la Chine quand nous le pouvons» et «être en désaccord quand c’est nécessaire», a-t-il souligné lundi.
La Chine critique par ailleurs vivement le pacte de sécurité «Aukus», signé par l’Australie avec les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ne cache pas sa volonté de contrer l’influence chinoise en Asie-Pacifique. Ce pacte comprend notamment la livraison à Canberra de sous-marins à propulsion nucléaire. Pékin y voit une menace pour sa sécurité mais aussi un accord qui contrevient aux règles de non-prolifération nucléaire.
Journaliste libérée
Les réunions de cette semaine entre Anthony Albanese et les responsables chinois permettront à Pékin de se présenter comme un «partenaire bienveillant» accueillant un ami revenant dans le droit chemin, estime Courtney Fung, analyste chez Asia Society Australia, un groupe de réflexion dédié à l’Asie.
«La Chine ne voudra pas s’attarder sur les critiques concernant sa coercition économique ou sa diplomatie des otages», affirme-t-elle à l’AFP. La Chine a libéré le mois dernier la journaliste australienne Cheng Lei, qui travaillait pour la télévision publique chinoise anglophone CGTN et était détenue depuis plus de trois ans car accusée de «divulgation de secrets d’État à l’étranger».
Sa libération a ravivé les espoirs des fils de l’écrivain australien Yang Jun, emprisonné en Chine depuis 2019, qui ont demandé mercredi au premier ministre australien d’évoquer le sort de leur père lors de son voyage à Pékin.