CommentaireMéga panne: les CFF confrontés à une grave crise de confiance
La méga panne de mardi soir intervient dans un contexte déjà tendu pour les voyageurs par rapport à la fiabilité des trains. Le nouveau directeur avait pourtant promis de s’occuper des voyageurs en rade. L’honneur des CFF est en jeu.
- par
- Eric Felley
Lorsque des milliers de personnes, voire des dizaines de milliers de personnes, se retrouvent piégées durant trois heures le soir, en rentrant chez elles après une journée de travail, on peut appeler ça un problème majeur pour les CFF. Bien entendu, c’est beaucoup de malchance qu’une entreprise creuse un trou sous les voies, que cela tombe un mardi, le jour de la semaine le plus fréquenté, et en pleine heure de pointe. Mais d’une manière générale cette méga panne intervient à un moment où la confiance des voyageurs est déjà pas mal entamée en Suisse romande.
En septembre dernier, le nouveau patron des CFF, Vincent Ducrot, avait expliqué qu’une de ses priorités était d’améliorer la situation pour les voyageurs qui tombent en rade. Des équipes spécifiques disposeront d’une palette d’outils pour informer les gens: haut-parleur, écran dans les trains et les gares, smartphone et réseaux sociaux. Mardi soir, cela a très moyennement fonctionné. Les voyageurs ont pu voir sur leur smartphone le trou qui s’était formé à Tolochenaz. Pour le reste, les pendulaires en rade se sont sentis abandonnés. Vu leur nombre, c’était aussi mission impossible de ramener tout le monde à la maison dans un délai raisonnable.
Un mal plus profond
Mais le mal est plus profond. Depuis quelque temps, en tant que voyageur, on sent bien que la circulation des trains CFF est fébrile, voire fragile. Pénurie de pilotes, trains supprimés, composition réduite, dégâts à la voie, travaux, portes défectueuses, problème à la ligne, etc.… De nombreuses avaries affectent le trafic régional, mais aussi les grandes lignes comme hier soir. Le 18 octobre, un problème technique à la gare de Bex a interrompu la ligne Lausanne-Brigue pendant presque toute une journée. Mardi dernier les trains ne circulaient plus entre Berne et Lausanne via Fribourg dès 14 heures jusqu’au lendemain.
Sérénité perdue
Les CFF ont déjà connu par le passé ce phénomène de «série noire». Mais aujourd’hui, il semble que quelque chose s’est détérioré plus durablement. En allant prendre le train, on s’en remet à une certaine loterie. Lundi matin par exemple, un train régional était supprimé entre Vevey et Lausanne. Le mardi, il était là, mais il est tombé en panne et les voyageurs ont dû descendre à Cully. En tant que voyageurs, on a l’impression que les CFF et leur personnel sont débordés, constamment sous tension à cause de la densité toujours plus grande du trafic.
Afficher de grandes ambitions, c’est une chose. Mais l’entreprise semble avoir perdu en chemin la sérénité qu’on lui connaissait. Vincent Ducrot a encore du pain sur la planche pour rétablir l’honneur des CFF avant qu’il ne soit trop tard pour leur image.