ZurichÉlectrifier les véhicules de la Ville: un projet critiqué en temps de pénurie
La Ville de Zurich veut que l’ensemble de son parc de véhicules, dont les voitures de police et ambulances fonctionnent à l’électricité d’ici à 2035. Mais ce qui réjouit certains, donne des sueurs froides à d’autres.
Le 13 avril dernier, la Municipalité de Zurich annonçait l’ambitieux projet de faire fonctionner l’ensemble de la flotte de véhicules uniquement avec des énergies alternatives, dont les voitures de police, les ambulances, des véhicules des services de secours et de la voirie. Un projet qui s’inscrit dans les objectifs de neutralité climatique de la Ville d’ici à 2040 et de son administration municipale d’ici à 2035, rappelle la «NZZ am Sonntag».
Sueurs froides à l’État-major de crise
Ce qui réjouit les protecteurs du climat donne des «sueurs froides» au chef de l’État-major de crise de la ville, Markus Meile. Ce d’autant dans l’actuel contexte de menace de pénurie d’électricité. Il craint en effet que l’approvisionnement de base en cas de panne de courant prolongé ne soit plus assuré si on se cantonne à la seule propulsion électrique. Dès lors, des services vitaux – assurés par des véhicules de police, de protection civile et des urgences – ne pourraient plus être assurés.
La Verte Karin Rykart, cheffe du Département de l’économie et de la sécurité de la ville riposte à son subordonné que la pénurie d’électricité qu’on craint actuellement ne remet pas en cause la stratégie municipale. Selon elle, l’électrification n’est qu’une alternative parmi d’autres aux moteurs à essence. Les services de secours de la ville par exemple, disposent non seulement de véhicules électriques, mais aussi de véhicules hybrides et au gaz naturel.
Des solutions de secours
Néanmoins, elle reconnaît qu’au vu d’éventuelles pénuries d’électricité, il faut agir. Ce qui a déjà été fait selon elle, notamment sous forme de plans de secours pour les véhicules électriques de la police municipale à importance systémique. Elle ne donne toutefois pas plus de détails à ce propos.
Pour l’avenir, elle estime qu’il faudra des groupes électrogènes de secours à moteur diesel sur des sites décentralisés pour la recharge des véhicules de police, des services sanitaires et de nettoyage en cas de black-out. Markus Meile s’en réjouit mais objecte que l’acquisition de tels générateurs «n’est pas prévue dans un avenir prévisible».
Les polices cantonales «s’électrifient» plus ou moins
Diverses polices cantonales ont déjà pour objectif de remplacer leur parc de voitures de police par des véhicules électriques.
- À Berne, une porte-parole note que, si actuellement il n’est pas possible de se passer de moteurs à essence, à moyen terme le changement est incontournable. Le Canton veut un changement complet vers l’e-mobilité d’ici à 2035. Alors, le 70% de la mobilité de la police devra être basé sur des énergies renouvelables.
- À Bâle, la police cantonale a commencé à remplacer les moteurs à combustion et a aujourd’hui sept voitures de marque Tesla.
- Dans le canton de Vaud, la police cantonale a équipé il y a peu un premier poste d’un véhicule électrique. Elle veut y tester s’il peut faire ses preuves dans le quotidien exigeant de la police.
- À Genève, la police cantonale est sceptique encore et teste diverses solutions non fossiles. Mais, «pour l’heure, le marché ne propose pas encore de solution électrique satisfaisante pour les voitures de patrouille», écrit une porte-parole.
- En Valais, une voiture électrique de police est actuellement en circulation dans la région sédunoise, comme l’a indiqué la police valaisanne en juin dernier. Elle aura valeur de test afin de s’assurer qu’un tel véhicule soit compatible avec les missions des agents intervenants.