Réforme de la justice en IsraëlBenyamin Netanyahou annonce une pause, fin de la grève
Le premier ministre israélien a annoncé, lundi, un arrêt temporaire dans le processus d’adoption de la réforme de la justice en cours d’examen au parlement.
Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé, lundi, une «pause» dans le projet de réforme de la justice qui divise le pays après une journée d’intensification de la contestation et l’apparition de tensions au sein de la majorité.
Deux des principaux chefs de l’opposition ont annoncé leur disposition à dialoguer avec le gouvernement, mais dans le cadre de la médiation proposée depuis plusieurs semaines par le président Isaac Herzog, tout en mettant en garde l’Exécutif contre toute tentative de duperie. Rapidement après le discours de Benyamin Netanyahou, la grande centrale syndicale Histadrout a annoncé la fin de la grève générale qu’elle avait décrétée le matin avec l’objectif affiché de stopper la réforme.
«Pas de ruse ou de bluff»
Dans la société civile, les organisateurs de la contestation qui s’impose depuis des semaines comme un des plus grands mouvements de mobilisation populaire de l’histoire d’Israël, se sont montrés beaucoup plus circonspects, appelant à continuer les manifestations tant que le projet n’est pas «totalement stoppé».
«Ce n’est pas du tout une victoire, la lutte doit continuer», résumait ainsi dans la soirée une manifestante à Tel-Aviv, Sharon Hefez, écrivaine de 59 ans, accusant Benyamin Netanyahou de «mensonges». Affirmant vouloir donner «une vraie chance à un vrai dialogue», Benyamin Netanyahou a annoncé avoir «décidé d’une pause» dans le processus législatif «afin de parvenir à un large accord» sur la réforme à la prochaine session parlementaire devant s’ouvrir après la Pâque juive (5 au 13 avril).
«Si la législation s’arrête réellement et totalement, nous sommes prêts à entamer un véritable dialogue à la résidence du président», a réagi le chef de l’opposition, Yaïr Lapid (centre), mais «nous [devons] d’abord nous assurer qu’il n’y a pas de ruse ou de bluff».
«Main tendue»
«Mieux vaut tard que jamais», a déclaré Benny Gantz (centre-droit), autre ténor de l’opposition. «Nous nous présenterons immédiatement à la résidence du président, la main tendue», a-t-il ajouté, en enjoignant Benyamin Netanyahou «à cesser les menaces» et à envoyer une équipe chez Isaac Herzog. Celui-ci a salué la décision du premier ministre et appelé les deux camps en présence à préserver l’unité du pays et à renoncer à toute violence.
Allié de poids d’Israël, Washington, qui avait fait part à plusieurs reprises de ses inquiétudes face au projet en cours, a salué une décision qui «donne plus de temps pour trouver un compromis». Depuis l’annonce du projet de réforme, début janvier, des dizaines de milliers d’Israéliens manifestent toutes les semaines pour dénoncer le projet et conspuer le gouvernement formé en décembre par Benyamin Netanyahou.
Le rythme des manifestations s’est intensifié depuis la mi-mars et la tension était encore montée dimanche après l’annonce du limogeage du ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui s’était prononcé publiquement la veille pour une «pause» dans la réforme, exprimant des craintes pour la sécurité d’Israël face à un important mouvement de réservistes refusant de s’acquitter de leurs obligations militaires.
Manifestations spontanées
Des milliers d’Israéliens étaient alors descendus spontanément dans la rue à Tel-Aviv, donnant lieu, dans la nuit, à des heurts avec les forces de l’ordre. Après ces incidents, Isaac Herzog, qui joue un rôle essentiellement protocolaire, a appelé lundi matin le gouvernement à «stopper immédiatement» l’examen de la réforme au parlement.
Lundi encore, une foule, estimée à 80’000 manifestants selon des médias israéliens, s’est rassemblée autour du parlement à Jérusalem pour protester contre la réforme. Dans la soirée, une contre-manifestation, la première du genre, s’est tenue non loin de là, devant la Cour suprême, rassemblant plusieurs milliers de personnes, selon un journaliste de l’AFP. À Tel-Aviv, des milliers de personnes défilaient encore contre la réforme dans la soirée.