Hockey sur glaceMunies d’un bracelet, les filles sont surveillées en permanence
Les hockeyeuses en lice aux Mondiaux à Calgary doivent porter un bracelet électronique qui permet de contrôler leurs mouvements. La raison: le covid, évidemment.
- par
- Cyrill Pasche
«Au début, on a juste envie de prendre une paire de ciseaux et de s’en débarrasser», explique l’internationale helvétique Sarah Forster. C’est que toutes les hockeyeuses – ainsi que les membres des staffs des différentes équipes nationales et les arbitres – doivent porter 24 heures sur 24 un bracelet permettant de contrôler leurs mouvements et différents déplacements. Et ce durant toute la durée de la compétition.
Des bracelets qui ont deux fonctions: localiser tout ce petit monde via une application et s’assurer que personne ne quitte la «bulle» et s’évapore dans la «nature». La «bulle»? L’hôtel (quarantaine de cinq jours à l’arrivée au Canada) et la patinoire. L’autre fonction de ces bracelets munis de capteurs est de vérifier que toutes les personnes impliquées dans ce championnat du monde respectent en permanence une distanciation de deux mètres.
Même pendant les matches
Alors qu’elle va entamer son quatrième et avant-dernier jour de quarantaine isolée dans une chambre d’hôtel à Calgary, la Jurassienne s’habitue gentiment à ce bracelet imposé par les organisateurs du tournoi (lire l’encadré). «Au bout d’un moment, on ne le remarque plus vraiment, on l’oublie un peu. C’est un peu comme si on portait une montre, en fait.»
Les participantes aux Mondiaux – qui sont d’ailleurs testées tous les deux jours – devront même porter leur bracelet durant les entraînements et les matches! Une information que confirme le président de l’IIHF, René Fasel. «Pour les matches, les filles seront équipées d’un autre bracelet muni d’un velcro, plus souple et plus confortable pour la pratique du hockey sur glace».
Pour organiser cette compétition mondiale qui a déjà été annulée à deux reprises (en 2020 après l’apparition du coronavirus à l’échelle planétaire, puis à la dernière minute en mai 2021), l’IIHF et les organisateurs canadiens ont imposé des règles bien plus strictes que lors du Mondial des hommes en Lettonie au printemps, qui eux ne devaient par exemple pas porter de bracelets… «Nous devons aussi prendre tous nos repas en étant divisées en deux groupes», fait remarquer Sarah Forster. Pas terrible pour la vie d’équipe.
Fasel: «C’est un sujet sensible, mais personne n’a râlé»
L’obligation de porter un bracelet permettant le traçage des contacts n’est pas une initiative de la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF), souligne son président René Fasel. Le Fribourgeois admet que le contrôle permanent des athlètes aux Mondiaux «est un sujet sensible, qui touche aux libertés et à la sphère privée». «Mais personne n’a râlé, et cela montre que le monde du hockey est toujours prêt à faire des efforts.» Cette mesure a été initiée par la fédération canadienne et le gouvernement pour permettre l’organisation des Mondiaux au Canada. «Nous avons trouvé une entente pour appliquer ces mesures. C’était la condition pour pouvoir organiser ce tournoi féminin.» Les garçons qui ont participé aux Mondiaux des moins de 20 ans à Edmonton (Canada) au printemps ont aussi dû porter des bracelets permettant le traçage durant la quarantaine d’avant tournoi. La différence avec les filles provient du fait qu’elles seront contrôlées en permanence durant l’intégralité de la compétition, soit aussi pendant leurs matches. Elles porteront toutefois un bracelet différent (plus souple et plus confortable) que celui porté dans le périmètre de l’hôtel et dans leurs chambres. «Nous avons investi beaucoup d’argent pour que le tournoi se déroule au mieux, fait remarquer René Fasel. C’est un effort supplémentaire à faire pour toutes les joueuses ainsi que les membres des délégations. Au Canada, les protocoles Covid sont très stricts. Tout le monde joue le jeu.»