Football fémininMalgré de gros progrès, Servette n’a pas réussi d’exploit
Les Genevoises quittent la Ligue des championnes avec un bilan en demi-teinte. Si les résultats n’ont pas été au rendez-vous, elles ont beaucoup appris.
- par
- Florian Paccaud
23 buts encaissés, 0 marqué: les chiffres font mal au moment de faire le bilan de l’épopée de Servette Chênois dans la phase de poules de la Ligue des championnes. Mais c’est la dure réalité du football de tout haut niveau. «Il n’y a pas photo entre les équipes professionnelles et semi-professionnelles», avait expliqué Caroline Abbé, ancienne Servettienne devenue «Team manager» de la Nati par intérim l’été dernier, avant le match de l’équipe de Suisse contre l’Italie. L’élimination de Chelsea, finaliste de la dernière édition et qui compte dans ses rangs cinq joueuses ayant terminé dans le top 11 du classement du Ballon d’or, illustre bien à quel point le niveau du groupe dans lequel les Genevoises ont dû batailler, était élevé.
Malgré un effectif trop réduit pour enchaîner les semaines anglaises, les championnes de Suisse ne se sont jamais découragées. Lors des trois premières rencontres, Eric Sévérac a dû composer avec des forfaits de dernière minute, l’obligeant à changer ses plans. Un manque d’automatisme qui s’est payé au prix fort, avec 15 buts concédés à l’issue des matches aller. Mais ensuite, et malgré les nombreuses blessures, l’entraîneur grenat a pu travailler dans la continuité. «Il leur a aussi fallu un temps d’acclimatation pour se mettre dans le rythme», estime Fanny Keizer, qui a commencé la saison avec le SFCCF avant d’être transférée dans le but de l’Hellas Vérone début septembre.
Une grosse progression
Les progrès, tant individuels que collectifs, se sont rapidement fait ressentir, avec une défaite sur le plus petit des scores sur la pelouse de Chelsea. À Genève contre Wolfsburg, après 20 premières minutes compliquées face à des Louves aux dents aiguisées, les Grenat, menées d’une longueur, ont réussi à faire déjouer le leader de Bundesliga jusqu’à la 83e. Se découvrant pour égaliser, elles ont alors pris deux contres en fin de match (0-3). Jeudi à Turin, deux erreurs en début de match ont prétérité leur chance de rivaliser avec la Juventus. Des détails qui ne pardonnent pas à ce niveau, pour un revers 4-0 ne reflétant pas la physionomie de la rencontre. «C’est un score sévère pour les Genevoises», a d’ailleurs affirmé le commentateur de DAZN durant la partie. Car, jusqu’au bout, elles ont essayé de jouer, de repartir depuis l’arrière, pour aller marquer. Une attitude d’ailleurs saluée en conférence de presse par l’entraîneur de Wolfsburg Tommy Stroot, lors des duels contre les Allemandes.
Si les résultats ont été en dessous des attentes, il faudra retenir de cette aventure européenne la progression des Grenat. «On a vu une grosse différence entre le Servette du début de campagne et celui de la fin», analyse Fanny Keizer. L’équipe est devenue plus solide défensivement et s’est montrée plus dangereuse offensivement», ajoute la Genevoise de 21 ans. C’est «un groupe jeune et qui apprend vite, rappelle Eric Sévérac. Il ne manque pas grand-chose pour rivaliser contre ces équipes Mais ce «pas grand-chose» est très dur à combler en seulement quelques matches européens. Il faudra réussir à se qualifier de nouveau pour cette compétition et continuer à professionnaliser notre structure».
Objectif: se requalifier
«Voilà la fin d’une aventure enrichissante, a confié Léonie Fleury sur les réseaux sociaux. Nous ressortons grandies et encore plus fortes de cette expérience». Un sentiment partagé par le coach servettien: «Cette campagne a fait progresser le club, le staff et les joueuses vers le professionnalisme et l’excellence que nous visons».
Après la trêve hivernale et des vacances bien méritées, les championnes de Suisse vont retrouver le championnat, loin des projecteurs de la Ligue des championnes, avec l’objectif de conserver leur couronne. Dès la reprise, le 6 février à domicile contre Zurich – actuel leader de Super League –, les Genevoises vont devoir mettre en pratique l’expérience emmagasinée ces derniers mois au contact du gratin mondial des footballeuses. Afin de goûter à nouveau à une compétition qui va prendre chaque année plus de saveur. Et où Servette Chênois entend bien continuer à venir y mettre son grain de sel.