Stromae au Paléo: c’était que du bonheur

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FestivalStromae au Paléo: c’était que du bonheur

L’artiste belge n’a pas déçu pour sa troisième venue à Nyon. Dimanche, il a offert le concert le plus impressionnant visuellement de la semaine.

Fabio Dell'Anna
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Fabio Dell'Anna

Il est loin le temps où Stromae jouait seul derrière son synthé et sa machine. Dimanche 24 juillet, les équipes du maestro de l’electro-pop se sont mises au travail dès 4 h du matin pour monter durant six heures l’impressionnante scène de son «Multitude Tour»: quatorze écrans qui bougent, un robot chien, quatre musiciens efficaces derrière des consoles qui ressemblent à des tapis de course, une tonne de lumières latérales et surtout des effets spéciaux à gogo.

Le ton est donné. Au Paléo, le Belge de 37 ans veut nous en mettre plein la vue. Dès son apparition, sa sobriété contraste avec la production qui l’entoure. Chemise blanche, nœud papillon long et pantalon rose poudré, Paul Van Haver, de son vrai nom, fait chavirer le public de la plaine de l’Asse avec les premiers mots d’«Invaincu». Il enchaîne avec «Fils de joie», cinq micros devant sa bouche. Pendant ce temps, des soldats animés défilent sur les écrans, rappelant le clip sorti plus tôt cette année.

«Vous ne vous faites pas trop chier?»

Il faudra attendre le troisième titre, «Tous les mêmes», pour entendre le public se lâcher. L’homme arpente la scène colorée, son grand corps gracile ondulant. On retrouve le Stromae que l’on aime: festif et souriant. Même énergie sur «Solassitude». Il arrête même la musique pour écouter la foule chanter en chœur: «Le célibat me fait souffrir de solitude.» Changement de décor pour «Quand c’est?» évoquant le cancer. Les éclairages se font plus sombres. S’ensuivent plusieurs morceaux qui font la signature de l’univers musical de la star: des textes aux sujets graves sur des beats electro prononcés.

«Vous ne vous faites pas trop chier? Vous ne déprimez pas trop?» demande-t-il en rigolant à la moitié du concert. Au même moment, un chien robot entre sur scène pour faire un petit saut et lui ramener le pull qu’il porte dans la vidéo de «Papaoutai». Peu importe la chaleur, le chanteur se donne corps et âme pour interpréter son tube et sa chorégraphie. Sans surprise, «Ta fête» et «Formidable» sont aussi portés en triomphe par la plaine de l’Asse. Avec sa voix grave, les chorégraphies étourdissantes et les nombreuses influences musicales qu’il n’y avait pas avant cette ère – chœurs africains, cumbia colombienne, charango, électro et rap –, Stromae nous propose son catalogue d’une nouvelle manière. Et on adhère.

Le meilleur pour la fin

Il faudra attendre la fin du spectacle pour voir l’un des plus beaux tableaux. Sur «L’enfer», Stromae est illuminé d’une simple lumière verte, couleur de l’espoir, alors qu’il parle du suicide. Les écrans diffusant des nuages orageux bougent derrière lui et forment petit à petit une demi-sphère l’entourant. Il est comme englouti par les ténèbres. Son interprétation est intense. La scénographie nous conquiert. Le maestro atteint réellement le sommet de son art scénique à ce moment précis.

Et quand il n’y en a plus, il y en a encore. Après avoir interprété «Santé», le premier single de son dernier album, Stromae revient pour un rappel. Il transpire sur «Alors on danse», puis propose un moment suspendu dans le temps avec «Mon amour». Il demande au public le silence le plus complet pour chanter a cappella avec ses quatre musiciens. La simplicité du moment prouve que la star n’a nullement besoin de tous ces artifices pour briller. Son talent suffit. «La Suisse. Nyon. Merci», dit-il avant de disparaître dans le noir. Paléo, merci d’avoir gardé le meilleur pour la fin.

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