EspagneEn prison pour avoir puisé de l’eau dans un parc naturel
Pour avoir puisé illégalement de l’eau du parc de Doñana, en Andalousie, et laissé la nappe phréatique en «mauvais état», quatre frères et une sœur agriculteurs ont été condamnés.
En Espagne, une famille d’agriculteurs a été condamnée à plus de trois ans de prison pour avoir illégalement puisé de l’eau dans le parc de Doñana, classé au Patrimoine mondial et devenu le symbole du manque d’eau dans le pays.
Selon le jugement, daté du 18 septembre, les condamnés – quatre hommes et une femme, membres d’une même fratrie – ont été déclarés coupables de délits contre l’environnement pour avoir fait peser «un sérieux risque sur l’écosystème» de cette zone protégée d’Andalousie.
Cette condamnation à de la prison ferme est la première pour pompage illégal d’eau à Doñana, parc naturel au cœur du débat politique depuis des mois, selon le quotidien «El País».
Déjà sanctionnés dix fois
Les condamnés ont puisé près de quarante millions de mètres cubes d’eau pour leurs champs entre 2008 et 2013, soit le double de ce qui leur était autorisé, laissant la nappe phréatique en «mauvais état». Ils avaient déjà été sanctionnés, par le passé, à une dizaine de reprises pour leur utilisation de l’eau.
Au-delà de la peine de prison, ils devront verser deux millions d’euros à l’entité publique chargée de gérer l’eau dans le bassin du fleuve Guadalquivir et n’ont en outre plus le droit de cultiver quoi que ce soit pendant deux ans.
Doñana, réserve qui abrite des milliers d’espèces d’animaux et de plantes sur ses 100’000 hectares de lagunes, de marais, de dunes et de forêts, est menacée à la fois par la sécheresse persistante qui touche l’Espagne, mais également par les ravages de l’agriculture intensive.
L’Unesco menace d’enlever une protection
Un projet de loi controversé du gouvernement régional de droite, visant à élargir la zone d’irrigation actuelle, en régularisant des centaines d’hectares de cultures illégales de fruits rouges aux abords du parc, pourrait être adopté dans les prochaines semaines.
Le gouvernement central espagnol, de gauche, a annoncé qu’il porterait l’affaire devant les tribunaux si cette loi régionale venait à être adoptée, tandis que l’Unesco a averti que le parc pourrait perdre son classement au Patrimoine mondial.
Le dossier Doñana avait occupé une place centrale dans la campagne des élections locales de mai et des législatives de juillet, dans un pays où 80% des ressources en eau douce sont consommées par l’agriculture.