Dernières joutes oratoires au procès Trump, le jury bientôt chargé du verdict

Actualisé

États-UnisDernières joutes oratoires au procès Trump

L’accusation et la défense ont livré leurs derniers arguments mardi au procès de Donald Trump dans l’affaire Stormy Daniels. Le jury sera bientôt chargé du verdict.

Donald Trump le 28 mai 2024 à New York.

Donald Trump le 28 mai 2024 à New York.

Getty Images via AFP

Défense et accusation se sont livré à une passe d’armes finale mardi au procès de Donald Trump à New York, dernier acte avant que les 12 jurés se retirent mercredi pour décider d’un verdict au premier procès pénal d’un ancien président des États-Unis.

Après six semaines de débats, dominés par des histoires de sexe, d’argent et de politique, le jury commencera à délibérer à huis clos dès mercredi.

Avec une question: l’ancien président des États-Unis, qui aspire à revenir à la Maison-Blanche, s’est-il rendu coupable de 34 falsifications de documents comptables, destinées à cacher un paiement de 130’000 dollars à l’actrice de films X Stormy Daniels pour éviter un scandale sexuel à la toute fin de sa campagne présidentielle de 2016? Une réponse positive provoquerait un séisme politique.

Le candidat républicain de 77 ans pourrait faire appel et, dans tous les cas, se présenter à l’élection du 5 novembre contre Joe Biden, 81 ans. Mais sous le poids considérable de la première condamnation pénale d’un ex-président.

Durant un réquisitoire de six heures, le procureur Joshua Steinglass a tenté une dernière fois de convaincre les jurés que derrière les falsifications comptables, «le cœur de cette affaire, c’est un complot et une dissimulation» pour gagner l’élection contre Hillary Clinton en 2016.

L’intention de tricher de Donald Trump «ne pourrait pas être plus évidente», a tonné le magistrat juste avant que l’ancien président quitte le prétoire vers 20 h 00. «Quel ennui!», avait-on pu lire dans l’après-midi sur son compte de son réseau Truth Social.

«Référendum»

L’argent avait servi à acheter le silence de l’actrice sur une relation sexuelle qu’elle affirme avoir eue en 2006 avec le milliardaire républicain, un épisode nié par Donald Trump et qu’elle a longuement évoqué pendant le procès, en parlant d’un acte «consenti» mais où le «rapport de force» était déséquilibré.

L’histoire de Stormy Daniels «est tortueuse, elle met les gens mal à l’aise. C’est ce déballage devant le peuple américain que l’accusé voulait éviter», a assuré Joshua Steinglass. «Stormy Daniels c’est le mobile», a-t-il insisté.

Mais pour l’avocat de Donald Trump, Todd Blanche, «il n’y avait pas d’intention de frauder et aucun complot pour influencer» le scrutin. Et le paiement à Stormy Daniels n’était que le résultat d’une «extorsion» contre le candidat républicain.

Au bout d’une plaidoirie de trois heures, l’avocat a mis en garde les jurés contre toute tentation de faire de leur verdict un «référendum» pour ou contre Donald Trump, dont une partie des Américains craignent le retour au pouvoir. «Si vous vous en tenez» aux preuves, «c’est un verdict de non-culpabilité, vite fait, bien fait», a conclu l’avocat.

«Jour dangereux»

En arrivant mardi au tribunal de Manhattan, Donald Trump a évoqué un «jour dangereux pour l’Amérique», se présentant une nouvelle fois comme une victime de poursuites politiques. Trois de ses enfants sont venus le soutenir.

Au pied du palais de justice, le célèbre acteur Robert De Niro, anti-Trump notoire, est venu, lui, mettre en garde contre un «clown» qui pourrait devenir un «tyran».

Durant sa plaidoirie, la défense a ciblé le témoin-clé de l’accusation, l’ancien homme de confiance devenu ennemi juré de Donald Trump, Michael Cohen. C’est lui qui a payé Stormy Daniels à la toute fin de la campagne de 2016. Une fois Donald Trump à la Maison-Blanche, en 2017, Michael Cohen s’était fait rembourser, à l’aide, selon l’accusation, de fausses factures et d’entrées maquillées en «frais juridiques» dans les comptes de la Trump Organization, d’où les poursuites pour falsifications comptables.

Michael Cohen, «c’est le plus grand menteur de tous les temps (…) un champion du mensonge», a assuré Todd Blanche en rappelant que le témoin a été condamné pour parjure devant le Congrès américain et qu’il fait maintenant commerce de son combat contre Donald Trump avec son podcast.

«Subversion»

Pour l’avocat, Donald Trump, alors «chef du monde libre», avait d’autres chats à fouetter quand il était à la Maison-Blanche que de superviser la moindre dépense. Faux, a rétorqué le procureur: Donald Trump «est économe, il se plonge dans les détails et il insiste pour signer ses propres chèques».

Le procureur Steinglass est aussi revenu sur ce plan, décidé en amont de la campagne lors d’une réunion à la Trump Tower de New York, entre Michael Cohen, Donald Trump et un ancien patron de tabloïd, ami du milliardaire, pour faire disparaître toute révélation embarrassante, quitte à sortir le carnet de chèques. «Cet accord c’était la subversion de la démocratie, qui repose sur le principe fondamental que les électeurs ont accès à des informations exactes sur les candidats», a-t-il exposé.

Mais il n’y avait là rien de répréhensible, a assuré au contraire l’avocat de Donald Trump: «Une campagne, c’est fait pour amplifier les aspects positifs d’un candidat. C’est une campagne, pas un crime».

La défense n’a besoin de convaincre qu’un seul juré de ne pas condamner Donald Trump car le jury doit prendre sa décision à l’unanimité.

(AFP)

Ton opinion

5 commentaires