Professeur tué à Arras: un assaillant «froid» et «inconnu» des mosquées

Publié

Arras (F)Professeur tué: un assaillant «froid» et «inconnu» des mosquées

Mohammed Mogouchkov, qui a poignardé à mort Dominique Bernard vendredi, est décrit comme un jeune homme mutique, issu d’une famille repliée sur elle-même.

Hommage au professeur Dominique Bernard à Arras.

Hommage au professeur Dominique Bernard à Arras.

AFP

«Réservé», «froid», «distant»: Mohammed Mogouchkov, qui a revendiqué le meurtre d’un professeur en France au nom du groupe État islamique (EI), est décrit par ses voisins comme un jeune homme mutique, issu d’une famille repliée sur elle-même.

De nationalité russe, l’assaillant de 20 ans habitait un quartier populaire excentré à l’ouest d’Arras, la ville du nord de la France où il a poignardé à mort Dominique Bernard vendredi devant l’établissement scolaire qu’il avait fréquenté.

Dans cette cité HLM «Chateaubriand», il vivait avec sa mère, ses frères et ses sœurs depuis plusieurs années selon son voisinage, après avoir habité en Bretagne. «Une famille très spéciale», selon Jean-Philippe, 58 ans, un voisin de palier de cet immeuble défraîchi qui côtoie des pavillons en briques rouges.

«Ils ne parlaient pas»

«Ils ne parlaient pas, ne disaient même pas bonjour, ils ne voulaient pas prendre l’ascenseur avec vous», souffle le quinquagénaire en survêtement.

Mohammed Mogouchkov, qui est présenté mardi à un juge antiterroriste en vue de son inculpation pour assassinat, marchait «tête baissée» et «ne parlait pas», abonde Valérie, une autre voisine.

«Je le voyais juste accompagner sa petite sœur à l’école puis la ramener», témoigne-t-elle, s’inquiétant d’un possible retour dans le quartier de membres de la famille, les gardes à vue de la mère, de la sœur et d’un oncle ayant été levées.

L’agresseur, qui a prêté allégeance à l’EI dans un message mis en ligne avant de passer à l’acte, n’aurait fréquenté aucune des mosquées d’Arras, selon un responsable local. «Il y a deux mosquées et une salle de prière à Arras et personne ne le connaît, il n’est jamais venu», assure à l’AFP le président de la grande mosquée de la ville, Omar Chabani. «Ça n’a rien à voir avec l’islam ni avec les musulmans tout ça», tempête-t-il.

Mère inquiète

L’assaillant né en 2003 à Malgobek, dans la république russe à majorité musulmane d’Ingouchie, est arrivé en France à l’âge de 5 ans. Fiché pour radicalisation islamiste, il faisait depuis peu l’objet d’une surveillance rapprochée de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Dès samedi, une habitante rapportait que la mère de la famille Mogouchkov avait «peur pour son fils», peur «qu’il tourne comme son père».

Le père de l’assaillant, fiché pour radicalisation islamiste et expulsé en 2018, «était tenant d’un islam radical», selon le ministre de l’Intérieur. Le frère aîné, Movsar, est incarcéré pour sa participation à un projet d’attentat visant l’Élysée, le siège de la présidence de la République.

Inculpé pour complicité

Celui de 16 ans a été interpellé après l’attaque d’Arras et est soupçonné par le parquet antiterroriste d’avoir «apporté un certain soutien» au projet criminel de son frère, notamment «le maniement des couteaux». Il est lui aussi présenté mardi à un juge antiterroriste en vue d’une inculpation pour complicité.

Selon un jeune habitant du quartier, les deux frères s’entraînaient régulièrement dans le petit parc à côté de leur immeuble, «ils couraient, faisaient de la boxe». «Mais Mohammed ne parlait à personne, il ne disait jamais bonjour, il était très discret, très réservé», témoigne le jeune homme en sweat à capuche, au pied de l’immeuble.

Violences conjugales

Mohammed Mogouchkov, «c’est un gars qui jouait la terreur», souligne son voisin de palier, se souvenant aussi d’une scène de violences conjugales assez ancienne. «J’étais intervenu à 23 h parce que j’entendais la mère crier, le mari m’a ouvert, il a posé une barre en ferraille par terre», raconte-t-il.

«Je connaissais la mère, c’était bonjour, au revoir, très discrète, très gentille», témoigne un autre résident du rez-de-chaussée, qui ne souhaite pas donner son nom. «Mais les frères étaient distants, bizarres».

(AFP)

Ton opinion

9 commentaires