EspaceParis, Berlin et Rome veulent assurer le futur des fusées Ariane 6
La France, l’Allemagne et l’Italie se sont accordées mardi pour garantir l’exploitation future des fusées Ariane 6 et Vega-C, et permettre aux micro- et minilanceurs d’être envoyés.
Paris, Berlin et Rome, les trois principaux pays contributeurs à l’Agence spatiale européenne (ESA), se sont mis d'accord mardi pour réaffirmer le principe d’une préférence européenne pour les lancements dits institutionnels, c’est-à-dire ceux menés au profit des agences spatiales nationales et européennes. Cela doit garantir l'exploitation future des fusées Ariane 6 et Vega-C et permettre aux micro- et minilanceurs d’être envoyés pour le compte de l’ESA.
«Le financement public nécessaire à l’équilibre de l’exploitation institutionnelle et commerciale d’Ariane 6 et de Vega-C sera réexaminé afin de tenir compte de l’évolution des prix du marché, des prix institutionnels, de la conjoncture économique et de l’évolution de l’économie», affirment les ministres chargés de l’espace des trois pays, Bruno Le Maire, Robert Habeck et Adolfo Urso dans une déclaration conjointe.
Autonomie européenne
Cette déclaration est publiée alors que les 22 pays de l’ESA sont réunis mardi et mercredi à Paris pour décider du financement de l’agence pour les trois prochaines années, et espèrent notamment consacrer 3,2 milliards d’euros aux lanceurs spatiaux européens, condition d’un accès autonome de l’Europe à l’espace.
SpaceX à la rescousse
Privée depuis la guerre en Ukraine des lanceurs russes Soyouz et confrontée au report à fin 2023 du premier vol d’Ariane 6, l’ESA a été contrainte de se tourner vers l’américain SpaceX pour lancer deux missions scientifiques.
L’accord prévoit également un soutien public «proportionnel aux risques commerciaux» pour le lanceur lourd Ariane 6 et la fusée italienne Vega-C pour assurer leur compétitivité à terme.
Pour les trois pays, cette compétitivité passe également par une nécessaire «réflexion» sur une révision des règles de retour géographique. Celles-ci prévoient que l’investissement de chacun des 22 États membres de l’ESA doit se traduire par des retombées industrielles équivalentes pour ses entreprises.
L'enjeu des minilanceurs
Enfin, dans un contexte où l’Allemagne et la France cherchent chacun de leur côté à développer des micro- et minilanceurs spatiaux, les trois pays proposent de permettre à l’ESA de faire appel à ces petites fusées – encore en développement – pour répondre à certains de ses besoins. Paris, Berlin et Rome tablent sur une décision de tous les États membres de l’ESA d’ici à décembre 2023.
Interdépendance
«Nous sommes très heureux de cette déclaration conjointe car elle permet de créer les conditions» pour obtenir des financements satisfaisants sur les programmes de lanceurs à l’issue de la conférence ministérielle, a réagi auprès de l’AFP Daniel Neuenschwander, directeur du transport spatial à l’ESA.
Cette déclaration des trois pays permet selon lui de reconnaître leur «interdépendance dans les programmes où ils ont des intérêts conjoints», qu’il s’agisse d’Ariane 6, dont le chef de file est la France, Vega-C mené par l’Italie, ou l’arrivée de micro et minilanceurs promue par l’Allemagne.