Présidentielles françaisesRépublicains et socialistes en voie de disparition!
Avec quelque 5% des suffrages, la candidate des Républicains essuie un cuisant échec. Pour la maire de Paris, Anne Hidalgo pour le Parti socialiste, c’est pire encore avec 2%.
Les partis traditionnels de droite et de gauche étaient déjà à l’agonie depuis des années en France, le premier tour de la présidentielle, dimanche, a enfoncé un nouveau clou dans leur cercueil. Selon les premières estimations, les socialistes récoltent un humiliant résultat autour de 2%, voire moins, et la droite républicaine obtient 5,1%, ou moins, des voix.
L’échec de Benoît Hamon en 2017
La chute de la maison socialiste, minée par ses divisions idéologiques et ses batailles d’ego, s’est accélérée sous le mandat du président François Hollande (2012-2017), qui a dû renoncer à se représenter pour un second mandat en 2017. Dynamité par un candidat pourtant venu de ses rangs, Emmanuel Macron, le Parti socialiste (PS) avait enregistré au premier tour un échec historique, son candidat Benoît Hamon ne récoltant que 6,36% des voix.
Un «peuple d’élus et de fonctionnaires»
La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, enregistre une défaite encore plus cuisante, créditée de 1,9 à 2,1% des voix. Elle n’a jamais réussi à décoller et sa campagne a été marquée par des propositions qualifiées d’irréalistes ou démagogiques, comme le doublement du salaire des enseignants, et des tergiversations sur l’organisation d’une primaire pour rassembler la gauche.
Pour le politologue et ancien élu de droite Dominique Reynié, qui situe le début du déclin du PS au milieu des années 80, «la gauche n’a jamais pu retrouver ses classes populaires, parce que, au lieu de faire une espèce de révolution, ils sont restés un parti des élus et fonctionnaires. Ce n’est pas illégitime mais ce n’est pas suffisant», a-t-il estimé. 0
Valérie Pécresse vite dégonflée
À droite, le parti d’inspiration gaulliste LR (Les Républicains) n’a jamais vraiment remonté la pente après la défaite de son chef et président sortant Nicolas Sarkozy en 2012, et s’est longtemps déchiré pour trouver un leader. La présidente de la région Île-de-France (région parisienne), Valérie Pécresse, a un temps créé l’illusion en montant haut dans les sondages après sa désignation suite à une primaire militante. Mais elle finit dans le décor, avec entre 4,5% et 5,1% des voix selon les estimations, un score sans précédent pour sa formation.
La droite est dans «un casse-noix»
Mme Pécresse n’a pas réussi à imposer un discours clair entre la radicalisation d’une partie de LR, et l’affirmation d’une droite républicaine étanche aux idées d’extrême droite. «Le problème aujourd’hui de la droite est qu’elle est écartelée entre un électorat modéré passé chez Macron, qui ne se retrouve pas dans sa dérive autoritaire, voire xénophobe, et un électorat vieillissant très conservateur et tenté par le discours d’extrême droite», explique le politologue Rémy Lefebvre dans la revue Grand Continent datée du 7 avril. «Il arrive pour la droite ce qui s’est passé pour le PS» en 2017, coincé entre Macron et le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon. «Maintenant, la droite est dans un casse-noix entre Macron et l’extrême droite».
Eric Zemmour finit le travail
L’irruption sur la scène politique de l’ancien polémiste ultra-radical Eric Zemmour, et son ambition avouée d’effacer les frontières entre droite et extrême droite, ont porté leurs fruits. Dès l’automne, un des poids lourds de LR, Éric Ciotti, affirmait qu’il préférerait voter pour M. Zemmour que pour M. Macron, mettant à bas le déjà fragile «cordon immunitaire» prôné par les leaders historiques de la droite, dont l’ancien président Jacques Chirac, décédé en 2019.
Socialistes comme Républicains vont désormais avoir les yeux tournés vers les élections législatives de juin, qui s’annoncent comme un enjeu quasi-vital pour le PS.
AFP