Formule 1Commentaire: la série Netflix devient aussi longuette que les GP
La nouvelle saison de la série de Netflix qui suit les coulisses de la Formule 1 a de la peine à se renouveler. Entre montages ratés, manque d’accès à la star principale et schémas convenus, elle va aussi finir par lasser.
- par
- Robin Carrel
La série qui a révolutionné le genre en mars 2019 commence gentiment à devenir comme les Grands Prix de Formule 1. Quand tu te mets devant, tu sais exactement ce qu’il va se passer et tu dois lutter contre une attaque de paupières dix minutes après le départ. La trame est toujours la même, les accroches ne changent pas année après année, les trucs les plus intéressants ne sont pas forcément montrés et, comme en course, Max Verstappen semble très, très loin des autres.
Pire, les montages sont certaines fois complètement à côté de la plaque. UN exemple parmi d’autres: alors que tu es censé suivre Yuki Tsunoda attaquer une Haas sur la piste et que tu as une image de ça. Puis un plan de coupe où une Haas dépasse une autre Haas va savoir pourquoi, puis de nouveau Tsunoda, pour en terminer avec de nouveau deux Haas. Certaines séquences n’ont ni queue ni tête, si vous avez à peu près suivi le dernier exercice de F1. Et là, on va aussi éviter de vous parler de la traduction française ou du sous-titrage, des fois aussi freestyle qu’une tentative de dépassement de Lance Stroll.
À cet alignement d’épisodes convenus, s’ajoutent deux gênances extrêmes à cette saison 6 qui vous divertira, mais sans plus. Ce n’est franchement pas de bol pour les producteurs de ce show et un peu de la faute au timing, c’est clair, mais c’est le risque. Les passages – dont un avec le Père Noël où il dit qu’il a été «gentil» l’année dernière… – avec Christian Horner et sa femme Geri Halliwell, quand on sait ce qu’il s’est passé ensuite, ça fait mal. Comme Lewis Hamilton qui assure que Mercedes est sa famille et qui prolonge son contrat «jusqu’en 2025» au terme d’un épisode centré là-dessus… Oui, c’est ballot.
Puisque la saison 2023 n’a pas eu grand intérêt sportif, il a bien fallu trouver de quoi bricoler huit épisodes malgré tout, sans jamais avoir l’occasion de suivre le large dominateur de l’exercice. Oui, c’est de nouveau ballot. Du coup, le spectateur se retrouve à devoir se taper une heure et demie de guéguerre intestine entre les deux Français de chez Alpine Pierre Gasly et Esteban Ocon. Youpie. Les deux patrons les plus filmés sont à peu près Otmar Szafnauer et Günther Steiner. Pas de bol, l’un a été viré en cours de route et l’autre à la fin de la saison.
Red Bull évoluant sur une autre planète, le dernier épisode, censé être le feu d’artifice de ce nouvel opus, se résume à une baston entre faire-valoir pour les 2e et 4e places au Championnat. On a le suspense qu’on mérite.
Heureusement, il reste quelques belles personnes à découvrir, bien loin des pilotes qu’on peut voir en conférence de presse, après être passés par le «briefing média». À ce petit jeu, Alex Albon et Lando Norris – ainsi que furtivement Liam Lawson – sont clairement les plus brillants du plateau. Dès que le filtre leur est retiré, ils sont franchement drôles et ça change de ceux qui se prennent bien trop au sérieux pour être vrais.
Et je suis aussi obligé aussi de souligner la fraîcheur qu’a amenée Frédéric Vasseur aussi bien à ce show qu’à la discipline. Il y prouve qu’on peut être Français, drôle, capable et surtout performant, en étant sérieux, mais sans forcément toujours se prendre au sérieux.